Chapitre 3

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Tout le monde essayait vainement de rejoindre les bâtiments les plus proches pour s'y abriter, ou bien tenter de monter dans les tours en verre, bien plus solides que tout le reste des immeubles environnants, grâce à des amortisseurs judicieusement placés, et qui avaient par le passé montré leur résistance. On pouvait tout de même voir les gratte-ciels bouger comme des métronomes gigantesques, mais c'est ce qui leur permettaient de ne pas s'effondrer.
Tout le monde se hâtait d'aller en direction de ces immeubles, mais Saël savait très bien que personne ne pourrait rentrer, puisque les surveillants du rez-de-chaussée avaient pour ordre de bloquer l'entrée durant un séisme. Il courait donc dans la direction opposée, tenant toujours fermement la main de la jeune fille qu'il avait secourue.
- On va où là ?! lui dit-elle, toujours sonnée.
- Loin des bâtiments !
- Ok ...

Le séisme s'éternisait, et la panique était toujours palpable. Saël et celle qu'il tenait marchaient à contre-courant, par rapport aux autres personnes affolées.
Les immeubles autour d'eux tanguaient, les deux adolescents en entendirent certains s'affaisser ou tomber en morceaux. De la poussière sortait des bâtiments autour d'eux et tout le monde toussait. Les gens devenaient fous et se poussaient les uns les autres, se tiraient pour se dépasser, et les quelques personnes blessées par les rochers, assommées, se trouvaient sur le sol et étaient laissées à l'écart pour les plus chanceux, et piétinées pour les autres. Saël ne pouvait pas faire grand chose pour ces derniers, mais il allait voir les gens blessés à la tête et leur demandait s'ils étaient en état de se lever. Si oui, il les soulevait et les faisait se tenir à l'épaule d'une personne qui passait, qui ne pouvait à présent plus refuser de l'aider. Tout en faisant ceci, le jeune homme réfléchissait très rapidement pour trouver un terrain suffisamment dégagé, pour ne plus être en danger à proximité d'un immeuble. Il trouva dans sa mémoire le souvenir d'un terrain vague assez grand pour y être en sécurité. Résolu, il marcha dans cette direction, ne lâchant toujours pas la jeune femme.
Ils parcoururent plusieurs rues dans la bonne direction, mais de gros blocs de béton bloquaient le passage et ils durent faire un détour. Dans une ruelle sombre où des petits débris se trouvaient au sol, un vieillard était en sang, portant un enfant dans ses bras. Saël constata avec tristesse que le liquide rouge ne provenait pas du vieil homme, mais de son fils qu'il portait toujours ...

Ils arrivèrent devant le terrain vague, mais la foule était si dense par ce chemin que Saël choisit d'attendre que le flot de passants se calme. Il fit asseoir celle à qui il tenait la main depuis tout à l'heure, néanmoins sans la lâcher.
C'est à ce moment-là qu'il vit une femme se reposer, à l'écart de la marée humaine, accoudée à un mur. Mais l'immeuble contre lequel elle reposait menaçait à tout instant de l'engloutir sous plusieurs tonnes de gravats. Saël, sans attendre, lâcha la main de sa protégée et courut vers l'autre jeune femme. Un craquement se fit entendre au-dessus de cette dernière et elle leva les yeux pour voir deux blocs se détacher. Médusée, elle regarda les masses s'approcher, mais Saël l'écarta in extremis, et le béton passa à quelques centimètres de ses cheveux, avant de s'écraser devant elle. La femme hocha doucement la tête pour le remercier, et désormais pressée par la mort qui venait de la frôler, elle se mélangea à la foule qui n'avait pas diminué, et disparut.
Saël retourna chercher la jeune fille et l'emmena, en jouant des coudes pour passer de l'autre côté.

Ils débouchèrent sur le terrain, un ancien immeuble tombé depuis longtemps, où persistait seulement le contenu du bâtiment, et des gravats épars. Il fit asseoir la fille sur une vieille télévision, et regarda à quels endroits elle était blessée.
Du sang perlait de sa tête sur les longues boucles de ses cheveux rouges vifs, une couleur bien rare. Il avait également coulé sur son visage, passant à côté de ses yeux verts, de son nez fin et formait un ruisseau sur ses joues. Elle avait le teint halé. Elle était très belle, et ses vêtements montraient qu'elle n'était pas du tout dans le besoin. Le regard de Saël s'arrêta furtivement quelques secondes sur sa poitrine rebondie, mais il détourna bien vite les yeux pour fouiller dans son sac. Il en sortit des mouchoirs avec lesquels il épongea le sang de ses blessures.

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