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- Oscar ne veut pas rester ici. Il a peur que les méchants avions reviennent.

- Alors nous allons grimper dans la voiture que Monsieur Capelant a trouvé pour nous et nous allons partir très loin d'ici.

- Papa a dit que si nous étions sages nous irions à la mer, c'est vrai ?

- Oui c'est vrai.

Marius prit alors fermement la main de sa sœur et il se dirigea vers la cour de la ferme après avoir dit au revoir au fermier et à son épouse.

Leandru les regarda avec un énorme pincement au cœur puis, il les rejoignit après avoir remercié les Capelant pour leur hospitalité.

Le jeune homme proposa à Robert de conduire et ce dernier accepta. Quand il le pouvait, Leandru accélérait un peu tant il ressentait le besoin de s'éloigner au plus vite de cette région maudite.

Son regard était fixé sur la route et il prenait toutes les précautions pour ne pas heurter les civils qui marchaient de chaque côté de la chaussée.

Son cœur se serra lorsqu'il aperçut une petite fille qui poussait un imposant landau à côté d'une femme qui portait une lourde valise. Leandru dépassa ensuite une voiture en panne : son propriétaire, un vieil homme, contemplait le capot le regard vide tandis qu'une dame âgée sanglotait près de lui.

Un peu plus loin, une carriole était renversée dans le fossé et ses occupants, trois femmes et cinq enfants en descendaient péniblement pendant qu'un homme essayait de calmer son cheval.

Plus loin encore, des valises avaient été abandonnées par leurs propriétaires et certains les fouillaient frénétiquement à la recherche d'argent ou de nourriture.

Leandru, exténué et psychologiquement très éprouvé, s'arrêta à la tombée de la nuit près d'une bâtisse à moitié effondrée. Ils allaient manquer d'essence et il ne pouvait plus tenir le volant tant ses mains tremblaient.

Ils passèrent la nuit dans la voiture : Robert et Leandru montèrent à tour de rôle la garde autour du véhicule et, au petit matin, le père de Juliette et Marius insista auprès du corse pour conduire à nouveau.

Ils ne firent que quelques kilomètres et s'arrêtèrent devant les grilles d'un imposant manoir : Leandru sortit de la voiture et il fit un signe de la main à un homme qui se trouvait devant l'imposante demeure. Ce dernier approcha avec méfiance mais quand il aperçut les enfants à l'arrière de la voiture son visage s'adoucit.

- Vous vous rendez dans le Sud n'est-ce pas ?

- Oui. Et nous allons manquer d'essence pour la voiture.

- Je vais voir ce que je peux faire. J'ai un ami qui tient un garage au village, il doit passer dans l'après-midi. Vous pouvez attendre un peu ?

- Je crois que oui. Et les enfants ont besoin de sortir un peu.

- Où est leur mère ?

- Elle...elle est morte pendant une attaqué aérienne des Boches.

- Saleté de guerre...

- Les enfants sont courageux. Ils n'en parlent pas mais c'est difficile pour eux.

- Vous êtes leur frère ?

- Non, je...j'étais à Dunkerque, j'ai été capturé par les allemands pendant les combats mais je me suis enfuit avant d'être enfermé dans un camp pour les soldats français.

- Ah, vous êtes soldat.

- Je l'étais. Je ne veux plus combattre. J'ai...j'ai vu des choses...horribles.

Cum' un cantu di libertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant