ExtraHeroes : Kill The Night

Episode 16 : Pomme d'amour & Pomme de pin

Journal de Dan Riverside. 30 Avril. 19:30.

Jusqu'à aujourd'hui, je croyais connaître mon pire cauchemar. Enfant, j'avais fait un rêve horrible. Je ne sais pas si on peut appeler ça un rêve. Cela paraissait tellement réel, que j'ai l'impression que c'est juste un souvenir. Pourtant, ces brides d'images qu'ils me restent ne sont qu'une souffrance de plus pour mon esprit, gravée à jamais dans ma mémoire.

Je me trouvais dans une salle blanche. Tellement blanche que je ne voyais plus les contours. Ce n'était même plus du blanc que je voyais, mais une autre couleur, une sorte de gris brillant, qui donnait l'impression que je me tenais au-dessus de rien, comme si je volais. Un mot me vient à l'esprit pour décrire cet endroit : le néant. Alors que j'essayais de me sortir de ce vide, ce dernier se remplit d'une étrange substance. Quelque chose qui avait l'odeur du sang, d'un noir intense,  semblait vouloir me capturer, afin de m'attirer dans les abysses inexistantes de ce monde. J'étouffais, je criais, jusqu'à ce que ma vision devienne totalement floue, puis le monde s'éteignit. Je me réveillais, paniqué, et je courus vers la salle de bain, vérifiant que toutes les parties de mon corps étaient en place. En fait, j'avais fréquemment des saignements de nez nocturnes, dans j'étais enfant, donc je voulais vérifier si c'était le cas. Bien sûr, je réveillais tout le monde en galopant dans les couloirs, allumant les lumières. Je faisais exprès, je voulais que mes parents viennent me rassurer. Dans le miroir, mon reflet était normal. Pas de sang, rien.

Jusqu'à ce que la main de ce reflet sorte de la paroi de verre et m'attrape. 

Je me débattais, mais c'était trop tard. Il me capturait dans son monde, avec une force que mon faible corps d'enfant ne pouvait lutter contre. Derrière la paroi qui me retenait de mon véritable monde, mes parents arrivaient dans la salle de main, me cherchant. Je les appelais, criais de nouveau. Mais j'étais dans une prison. Et les reflets de mes parents arrivèrent. Toutefois ils n'étaient pas comme eux. Leur chaire fondait, leurs orbites étaient vides, ils étaient couverts de sang, ce dernier sortant de tous les pores de leur peau. Le même sang noir qui m'avait noyé quelques minutes plus tôt.

Et ça recommençait. Encore et encore. Jusqu'à ce que mon père me réveille, pour de bon, alerté par mes cris. Mon vrai père. Cette nuit-là, j'avais eu un pic de fièvre, m'entraînant dans un monde de démons. J'avais cru ne jamais en sortir, comme si mon corps s'était bloqué sur le mode « cauchemar ».

À chaque fois que j'entends le mot monstre, je pense à eux, ces reflets de mes parents. L'Ombre Masquée peut-il vraiment être comme eux ?

De toute façon, ce n'est pas un véritable cauchemar. Ce n'est qu'un fruit de mon imagination, qui ne se réalisera jamais. Non, le véritable cauchemar, c'est cette peur qui vous suit partout, qui vous colle à la peau, sans vraiment que vous vous en rendiez compte. Et quand elle apparaît sous vos yeux, vous êtes complètement démuni.

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que Claire vienne me parler ce matin. Claire Simons. La fameuse, celle qui m'a brisé mon cœur, à coup de marteau. Je vous ai déjà dit à quel point je l'aimais, je tenais à elle ? Que c'était la première personne qui m'avait donné confiance en moi, et qui avait cru en moi. Mes parents trouvait que mon choix d'études, cependant, ils m'avaient laissé faire, puisque c'était mon choix. Toutefois, je n'avais pas intérêt à pleurnicher si je ne trouvais pas de travail par la suite. Claire, elle, m'avait encouragé, elle m'avait motivé. Avec elle, mon rêve allait devenir réel.

Qu'est-ce qui avait cloché ? Qu'est-ce qu'avait de plus cette Natalia que moi ? Je n'ai pas cherché à le savoir. Je crois que j'étais trop choqué, il y a trois mois, pour fourrer mon nez dans ses histoires. Elle avait changé d'avis, c'était tout.