Ma grand-mère se lève. Je décèle sa présence qu'au moment où elle pose sa main sur mon épaule, alors que je suis toujours assise sur le canapé, mon café intact entre les doigts. Aussi délicate soit-elle, je sursaute à son contact.
– Ce n'est que moi, mon ange.
– Oh, bonjour mamie.
Elle s'installe sur ma gauche et me détaille profondément. Son regard m'apparaît si intense que je la soupçonne d'essayer de lire en moi.
– Je vais bien, mamie, râlé-je.
– Il faut que tu dormes un peu, trésor.
Je n'ai jamais été distante avec elle, mais là, tout de suite, j'aimerais bien qu'elle me laisse tranquille. Certes, elle m'empêche de me ressasser l'incident en étant constamment près de moi, mais ça m'épuise de la voir se poser des questions sur ma santé. Je devine son désarroi sans même utiliser le moindre de don.
– Quand est-ce que je retourne à l'académie ?
Ses yeux s'écarquillent sous le choc de ma demande, elle s'imaginait sûrement que je ne désirerais plus y mettre un pied. Mais la vérité c'est que j'ai besoin de le revoir, de savoir s'il va bien.
Après l'incident, ma grand-mère a immédiatement voulu que je rentre, et bien qu'elle m'apporte tout le soutien nécessaire, je lui reproche un peu de ne pas m'avoir laissée avec Hugo. Tout s'est passé si vite après qu'il se soit réveillé. Je suis tombée dans les pommes et lorsque j'ai repris connaissance, une voiture m'attendait déjà pour rejoindre ma Normandie. Voilà deux jours que je suis ici et je n'ai toujours pas eu le droit d'avoir des nouvelles de lui, ou des autres.
– Je ne peux pas te laisser y retourner, pas tant que la sécurité de l'école...
– Tu ne peux pas me faire ça, la coupé-je. Maintenant que je mesure le danger, je te jure d'être sur mes gardes.
Elle s'efforce de camoufler sa contrariété, en vain.
– C'est hors de question... je suis désolée que tu sois obligée de subir tout ça, Pecas, mais comment peux-tu penser une seule seconde que je vais t'autoriser à remettre un pied là-bas ?
Je pose lentement ma tasse sur la table basse et me lève d'un bond. Sans un regard pour elle, de peur de lui dire des choses que je pourrais regretter, je retourne dans ma chambre. J'ai l'impression qu'elle ne me comprend pas, qu'elle ne m'écoute pas. Elle ne fait que répéter la même chose alors que j'en ai pleinement conscience. Oui, la situation est périlleuse. Oui, le danger rôde. Mais ça ne changera rien si je reste ici les bras croisés !
En milieu d'après-midi, alors que je tente pour la énième fois de faire une sieste, des voix inconnues me parviennent. Je me redresse vivement lorsque j'étends ma grand-mère crier, et regagne activement le salon. J'écarquille les yeux lorsque je découvre le visage de nos deux invités. Debout dans l'entrée, ils se tiennent face à ma grand-mère qui leur reproche leur arrivée surprise.
– Hélène, calmez-vous... nous ne sommes pas ici pour vous nuire.
Je reconnais d'emblée celle qui prend la parole. Petite de taille, les cheveux blonds, elle n'est autre que Magalie Tillier, la présidente du conseil des suprêmes. J'ai cru l'avoir rencontrée une fois, mais il ne s'agissait pas vraiment d'elle.
Cependant, l'homme qui l'accompagne m'est inconnu. Il est assez grand, intimidant, et tient une grosse mallette dans sa main.
– Mamie, tout va bien ? interrogé-je en m'approchant.
À l'unisson, ils posent tous les trois leurs regards sur moi et m'offrent un sourire. Crispé pour l'homme, avenant pour la présidente et presque inexistant pour ma grand-mère.

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Les supremes, confrontation.
FantasySuivez la suite des aventures d'Anaïs Lanero dans ce second Tome de ma saga "Les suprêmes".