Vous me sortez par les yeux

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Le son des aiguilles de son horloge murale raisonne dans mes oreilles, ainsi que celui des gens dans la rue. Je soupire, commençant sérieusement à m'impatienter. Une touche d'ambre et une autre senteur que je ne saurais définir vient envahir mes narines.

Dia, ça sent bon. Oui, presque autant que chez moi.

— Alors ?

Je n'ai aucune idée de ce que ce « alors » signifie mais comme je le vois reculer, je me lève de ma chaise. Dans un silence pesant, nous nous dirigeons vers le comptoir.

— Très bien. Préparez-moi un Zombie, lance-t-il soudainement.

Bah voyons ! Ce n'est pas parce que je consomme de l'alcool que je connais toutes les combinaisons de cocktails moi. Il m'a prise pour une encyclopédie de breuvages ou quoi ? Bon, heureusement, je connais celui-ci puisque c'est un de mes préférés.

— Rhum, liqueur, jus, sirop, énumère-t-il un brin irrité, pensant certainement que je ne sais pas où aller.

Si j'étais ma sœur, je perdrais probablement les moyens et j'enverrai la vaisselle par terre d'un coup de coude maladroit. Sauf que je ne suis pas elle et pas le moins du monde stressée, je me dirige vers le rhum ambré (que j'ai tout de même eu du mal à repérer étant donné qu'il ne m'a pas fait faire le tour des lieux).

— Il faut du blanc aussi, lance l'autre derrière moi.

Je fais ma petite tournée : liqueur d'abricot, jus de citron vert. Je vais poser les deux bouteilles sur le comptoir et repars chercher le jus d'ananas et le sirop de grenadine.

— Le shaker, où est-il ?

— Vous comptez vraiment déplacer les bouteilles à chaque fois ? Le travail en binômes, vous connaissez ? Chaque pas de trop que vous faites est du temps perdu. Un temps que votre collègue devra rattraper à votre place. Chaque pas de trop que vous faites présente un risque, celui que vous renversiez quelque chose ou rentriez en collision avec le personnel. Je préfère ramasser la monnaie que les consommations figurez-vous.

Wow, il se calme un peu là ? Tout de suite, il monte sur ses grands chevaux.

— Vu que vous regardez tous mes faits et gestes mais que vous n'avanciez pas, je me suis dit qu'il valait mieux que je fasse le déplacement, répliqué-je.

— C'est normal que je supervise puisque je suis le patron, rétorque-t-il.

Dia dia dia dia dia, c'est bon j'ai compris là je crois !

— Pff, patron... patron du bar seulement, ce n'est pas une raison pour se prendre pour Dieu, grincé-je.

— J'ai racheté la discothèque à monsieur Vasquez. Parce que vous ne trouviez pas bizarre que ce soit moi qui m'occupe de l'entretien si je n'étais qu'un chef de service ? se moque-t-il.

Je n'aime pas du tout la tournure que prend la conversation. J'ai l'impression qu'il descend chacune de mes remarques. Que c'est lui le maître et moi l'élève. Or, c'est moi qui excelle dans l'art de remettre les gens à leur place. Et je refuse qu'un petit nouveau vienne me détrôner.

— Le shaker, vous ne m'avez pas dit où il se trouve, lui fais-je remarquer, feignant l'indifférence face à son discours.

— Le sirop de sucre de canne ne va pas venir tout seul, critique-t-il en retour tout en posant une main sur le comptoir.

Mes yeux se baladent sur les bouteilles. Oh merde, j'ai eu un petit oubli. Je me retiens de jargonner car premièrement je suis à côté de mon peut-être futur patron et deuxièmement parce que de tels propos sortant de la bouche d'une jolie femme, ça ne fait pas très classe.

Le syndrome des Dumas 2 - Maëlys et le miroir (Terminée)Where stories live. Discover now