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Une délicieuse odeur sucrée flotte dans l'air et vient agréablement titiller son odorat. Des parfums typiquement exotiques qui mettent Phœbé de bonne humeur dès son réveil. Seulement des poils viennent chatouiller son cou et son menton, la faisant grogner. Alors, elle ouvre les yeux et croise une touffe frisée de couleur chocolat appartenant à Chad. Ce dernier est endormi à même le sol, la tête renversée sur le canapé et légèrement tournée vers elle. Il porte un costume noir, sûrement celui de la veille, démontrant qu'il a dû s'endormir accidentellement là. Ou peut-être pas du tout.

Les prunelles encore fatiguées, elle le détaille. Ses traits sont durs et fatigués, ses sourcils se froncent de temps à autre et régulièrement, il expire silencieusement. À quelle heure est-il rentré au juste ? Et si sa mémoire est bonne, aucun appel n'a été émis afin de la prévenir qu'il rentrerait tard. Un grognement s'échappe de ses lèvres et d'un mouvement possessif, il saisit sa taille et la tire jusqu'à ce son corps se retrouve au bord afin de pouvoir nicher son visage sous sa poitrine.

Dans cette position, son expression est parfaitement visible pour Phœbé qui, incapable de résister, pose sa main sur sa joue. Les repousses d'une barbe se font aisément sentir sous ses doigts sans pour autant être visible. Il est beau. Terriblement séduisant. Terriblement sexy. Elle cesse ses caresses sous une plainte dissimulée derrière un grondement et s'apprête à se lever sauf qu'il raffermit son étreinte.

Le regard accusateur, elle le toise. Quelle audace. Il se comporte comme une personne innocente qui n'a rien à se reprocher alors que la veille, il a disparu sans un mot. Brusquement, elle secoue son corps, réveillant Chad. Le premier réflexe de ce dernier est de jeter un coup d'œil à sa montre. Il se met vivement debout, ses prunelles dorées s'attardant sur elle, puis il fait volte-face pour aller à l'étage. Un quart d'heure plus tard, il est vêtu d'un costume bleu nuit, prêt à partir.

- Vous repartez ? demande Phœbé, en l'observant depuis le canapé sur un ton de reproche.

- Oui, je dois gérer une affaire importante aujourd'hui.

Il s'approche vers elle avec l'intention de lui voler un baiser, mais elle se recule en se rendant compte de ce qu'il se passe. Le quotidien s'installe et deviendra à coups sûrs un cycle perpétuel. Elle se transforme en une vulgaire femme d'appartement auprès de qui l'homme vient chercher son baiser du matin avant de disparaître pour la journée.

Le soir, il viendra solliciter du réconfort à ses côtés et le lendemain se sera reparti pour un tour. Ensuite, il exigera des descendants de sa part, et bien que la perspective de coucher avec lui ne lui est pas désagréable, la suite lui paraît beaucoup plus pénible. Évidemment, après la venue au monde de ses bébés, il disparaîtra encore, chaque jour un peu plus longtemps, chaque jour un peu plus loin, lui donnant la complète charge des enfants. Et puis, un beau jour, une jeune femme sonnera à sa porte, lui annonçant qu'elle attend son enfant, parce que, oui, ces réunions d'affaires se sont modifiées en rendez-vous dans une chambre d'hôtel.

Peut-être est-elle partie trop loin ? Ce genre d'actions semble plus propre à l'Homme qu'aux lycaons que l'on qualifie souvent comme étant des individus d'une étonnante loyauté. Pourtant, cette vision des choses, cette possibilité, lui paraît insupportable et son cœur se serre douloureusement dans sa poitrine. S'arrachent à ces réflexions horriblement exagérées, Phœbé relève la tête vers l'objet de son mal de tête qui la considère les sourcils froncés.

Finalement, sa mâchoire se crispe et le regard toujours braqué sur elle, il finit de boutonner ses manches avant de quitter le chalet dans le plus grand des silences. C'en est presque effrayant un tel calme de sa part. Peu de temps suivant son départ, deux personnes font leur entrée : Kanelle et Kelyanne.

- On a une surprise pour toi, ce soir ! jubile la violette en tapant des mains pareilles à une hystérique.

- Aujourd'hui, c'est journée détente, sourit son amie, la main sur la hanche.

Que racontent-elles encore ? Elles veulent déjà retenter le diable en retournant en ville alors que la veille, elles ont paniqué rien qu'à l'idée que Chad le découvre ? Sans lui donner le temps de réagir, elles la tirent du canapé et l'entraînent à l'extérieur.

- Les filles, je suis en pyjama ! se plaint-elle tandis qu'elle croise déjà plusieurs membres de la meute.

Ils n'ont pas l'air choqués par sa tenue au contraire, leurs regards sont complices comme si un mauvais coup se prépare.

- Qu'est-ce que vous trafiquez ? questionne-t-elle soudainement méfiante.

Aucune du duo ne répond à sa question et la laisse dans le mystère le plus complet. Dix minutes plus tard, elle est dans une espèce de spa à subir le plus délicieux des massages.

- Je ne sais pas ce que vous complotez, mais...

Un gémissement de plaisir lui échappe lorsque les mains de la masseuse se posent sur le bas de son dos. Une zone des plus sensibles, des plus douloureuse par la position avancée de sa colonne vertébrale. Les yeux papillonnants, elle en oublie ses questions et se laisse totalement faire par ces mains de fée, un sourire idiot collé aux lèvres. Ce projet détente n'est pas une si mauvaise idée notamment après avoir vécu autant d'événements : la découverte d'une âme-sœur, un déménagement non voulu, la découverte de sentiments déplacés à l'égard de ce loup et une impression partagée entre le positive et le négative de ce dernier.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant