Chapitre 6 Bienvenue chez toi mon ange

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-A vrai dire, je n'y connais pas grand-chose. Mais c'est sûr qu'elle en jette !

-Tu sais conduire ?

-Je n'ai que seize ans, je te rappelle.

-Je sais, mais, pas de conduite accompagnée ? interroge-t-il.

Je secoue la tête, sans commentaire supplémentaire. La question ne s'est jamais posée avec mon père. Sébastien et Sabine en ont parlé avec Leslie, mais ils ne sont pas là assez souvent pour assurer le suivi de sa conduite. On a donc pour l'instant renoncé à ce projet. Mais, pour être totalement honnête, j'aurais bien imaginé faire vrombir ce moteur. Yann semble lire dans mes pensées, car il me promet qu'on trouvera une solution pour me faire essayer ce bolide ou un autre.

-Bien, jeune fille, à nous. Que veux-tu faire aujourd'hui ?

Je secoue la tête. Conformément à mon tempérament, je vais me laisser guider. Le seul truc qui m'importe, c'est de passer du temps avec lui. A quelle heure est prévu son prochain rendez-vous ?

-Aucun aujourd'hui. Je les ai tous annulés. Si tu me laisses prendre les choses en main, ... j'aimerais te montrer mon cabinet, t'emmener manger. Et ensuite, je ne sais pas, peut-être un peu de tourisme. On part là-dessus ?

Je hoche la tête avec l'énergie d'un personnage de cartoons, mais je balbutie rapidement. Pouvait-elle lui poser une question ? C'était bête, mais comment devait-elle l'appeler ? Yann ? Parrain ? Tonton ? Mon oncle ?

-Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu préfèrerais ? Personnellement, tu me parais un peu vieille pour tonton ; et puis c'est un titre auquel d'autres peuvent prétendre. Mon oncle, ça fait un peu trop cérémonial et distancié ; ça convient à la génération de maman, pas à la nôtre. J'aime bien parrain, parce que ça me rappelle le choix de ta mère et le lien unique qu'elle avait prévu pour nous. Mais tu es presque une adulte, alors si tu préfères mon prénom, ...

-Je crois que j'aime bien « parrain » aussi, surtout vu ton raisonnement. C'est juste, ... il me faudra peut-être un petit temps d'adaptation.

-Aucun problème ma belle. On passe par la route touristique ?

De nouveau, je hoche la tête avec frénésie. Il faut que je me calme, je vais me faire une entorse à force. Je me tais pendant le trajet, profitant du paysage que je prends largement en photo depuis mon téléphone et me réfugiant dans mon attitude préférée, l'écoute. Mon parrain a une voix envoûtante et il commente tout, meublant agréablement le silence. Yann s'enquiert de ma manie de photographier et rit de me voir envoyer des tonnes de SMS au fur et à mesure de mes découvertes.

-Un amoureux ? demande-t-il d'un ton léger.

-Quoi ? Non ! Je m'exclame en riant. J'écris à Leslie, ma meilleure amie. Celle chez qui je devais passer mes vacances, avant que papa ne change d'avis et ne m'envoie ici.

-Ah ? C'est une idée de ton père ? interroge l'avocat l'air de rien. Mais son ton me dresse sur le qui-vive. Visiblement, il mène son enquête, ce qui signifie sans doute aussi qu'il n'a pas l'intention de respecter les injonctions de sa mère. Je n'en attendais pas moins de sa part !

Je lui réponds honnêtement, convaincue d'être en terrain de confiance.

-Ca fait des années que je formule cette demande ; cinq ou six ans, de façon récurrente. Mais jusque là, papa et Magali ne voulaient pas en entendre parler. Mais ils ont changé d'avis aux vacances de Pâques. En tous cas, c'est là qu'ils m'en ont parlé. Pas de bol, juste quand je venais de leur transmettre l'invitation de Sabine et Sébastien, les parents de Leslie, pour qu'on passe les deux mois à Biarritz. Alors sur le coup, je l'ai mal pris. Pas de voir ma grand-mère (puisque je ne pensais qu'il ne restait qu'elle ou qu'elle était la seule intéressée par ma petite personne) mais de rater ces vacances... Surtout que je savais les raisons profondes de leur choix.

Un été pour une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant