TROISIÈME PRÉSENTATION : Sarah

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- Comment t'appelles-tu ?

- Sarah Coven.

- Quel âge as-tu ?

- Quinze ans.

- Pourquoi as-tu accepter de te join-

- Tu ne me poses pas la question de la situation familiale ?

- Très bien. Quelle est ta situation familiale ?

- Je vis avec mon oncle.

- Pourquoi as-tu accepté de te joindre à moi pour créer le Club ?

- Parce que j'en avais envie.

- Et comment vas-tu mourir ?

- Ecrasée par une météorite.

***

Dans le ciel nocturne, la lune paraissait pleine, même si cela faisait trois jours qu'elle l'avait réellement été. Ce soir-là, elle brillait particulièrement fort, néanmoins, les lumières de la ville déchiraient l'obscurité et m'empêchaient de voir à quel point. Pourquoi les lampadaires étaient-ils si fort ? Qu'avaient les gens contre les lumières célestes des étoiles ? Des questions sans cesses ressassées dans mon cerveau mais qui ne trouvaient depuis des années qu'une seule réponse : la débilité de l'être humain, trop soucieux de ce qu'il se passe dans son monde pour voir qu'il y'en a un autre juste au-dessus, bien plus vaste et regorgeant de milliards de possibilités.

C'est dans ce monde que je voulais vivre.

- Vert.

Je décollai mon visage de la vitre et observai mon oncle qui conduisait avec l'assurance d'un pilote de course. Ce qu'il avait été, quatorze ans auparavant, avant que l'Accident avec un grand « A » n'écrase sa carrière pour lui en refiler une autre, bien moins sportive.

- Vert ? Répétai-je.

Nous passâmes devant le casino. Pendant une seconde, la lumière rouge des néons vint tâcher la barbe de trois jours de mon oncle et je réprimai une envie de vomir en même temps qu'une vision venue du passé.

- Tes cheveux, dit-il. La nuit, ils paraissent verts.

La voiture effectua un virage et roula devant les jardins. A l'intérieur, devant un carrousel, des centaines de bouquets et divers autres objets étaient entreposés depuis le 14 Juillet. Je n'y fis pas attention et attrapai une mèche que j'observai sous tous les angles.

- Ils sont bleus.

- Mais ils paraissent verts.

- Alors la coloration est en train de partir.

Tonton Chris, comme je l'appelais quand j'étais petite, émit un rire discret et appuya sur le frein. Le véhicule s'immobilisa en tête de queue devant le feu rouge, et je détournai le regard pour ne pas voir son visage tâché de cette couleur poisseuse. Je n'avais rien contre le rouge, je ne lui vouais une haine que lorsqu'il rencontrait les traits fins de mon oncle ; vieille réminiscence d'un traumatisme qui ne passerait probablement jamais, j'en étais pleinement consciente.

Sur la piste cyclable qui longeait la route, j'aperçus un gamin de sept ou huit ans avalant le bitume à grandes enjambées de rollers. J'eus d'abord envie d'ouvrir la fenêtre et de lui faire remarquer qu'il n'avait rien à faire sur la piste cyclable (les rollers étant considérés comme piétons d'après le code de la route), mais c'est une autre question me traversa l'esprit.

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