🌘||{10}||🌘

38.9K 3.4K 175
                                    

Ce soir, en prenant place pour la première fois depuis des mois dans son lit, son regard brille d'une étincelle intense. Il va la voir. Encore une fois, mais aussi la dernière par l'intermédiaire d'un pathétique rêve. Quand il la reverra, ce sera en chair et en os : de vive voix. Elle ne paraît pas avoir compris le lien qui les unit, le contraignant à ne pas la brusquer et donc, à se contrôler. Alors, tout en soupirant de lassitude face à ces futurs obstacles, il passe son avant-bras sur ses yeux et s'endort en un clin d'œil.

✶❍✶

Installé sur une branche de l'arbre mère, la plus énorme de la sylve*, il observe le ciel émeraude au travers des nombreux arbres de cette incroyable forêt. Pour le coup, Elveyn s'est surpassé. Il pensait qu'après la nuit sur le pont, il ne pourrait faire mieux, mais il s'avère qu'il a eu tort. Chaque lieu est créé par lui et lui appartient dans son ensemble. En temps normal, ces endroits sont faits pour leur symbiose, mais depuis elle, ils ne cessent de faire des exceptions.

Un craquement de brindilles l'alerte. Elle arrive enfin. Par le biais des yeux de son loup qui détient un total contrôle sur le lieu, il l'observe s'aventurer dans les bois. Il l'admire presque. Elle ne panique jamais ou en tout cas, elle ne le montre pas, elle avance, elle va même jusqu'à apprécier ce qui l'entoure.

Rapidement, elle se retrouve au bas de son arbre. Émerveillée, elle s'en approche et se place sous l'arc créé par ses racines divisées en deux et partant de sens opposé.

- Mía, souffle-t-il tout en continuant à la scruter.

Il adore l'effet que ce simple mot a sur elle. Une accélération de son pouls, un éclat de curiosité mélangé à de l'excitation dans ses yeux et il devine facilement ses poils qui se hérissent. Perdant patience, il se matérialise derrière elle.

- Mía, lui susurre-t-il à l'oreille.

Elle se retourne en sursaut vers lui et sa mine se renfrogne lorsqu'elle s'aperçoit que son visage est masqué.

- Verrai-je à quoi vous ressemblez un jour ? raille-t-elle en croisant ses bras sous sa poitrine.

- Bien sûr, plus tôt que ce à quoi tu penses.

Ses yeux saphir s'enflamment d'une curiosité plaisante.

- Quand ? insiste-t-elle.

- Bientôt... Très bientôt...

Son nez se fronce d'insatisfaction, lui arrachant un sourire en coin. Ses prunelles sang s'activent à enregistrer chaque détail de son visage et chacune de ses mimiques. Elle est magnifique. Cela, il se le répète incessamment.

- Comment vous appelez-vous ? enchaîne-t-elle interrompant ses pensées.

- Tu ne le sais pas ? s'étonne-t-il.

- Je ne poserai pas la question, déclare-t-elle de but en blanc en le regardant droit dans les yeux.

- Je pensais que cette curiosité dont tu fais preuve te pousserait à faire des recherches, avoue-t-il.

- Je pensais que perturber mes nuits serait une raison suffisante pour que l'on réponde à mes questions, réplique-t-elle. Vous ne croyez pas ?

- Sais-tu à qui tu t'adresses ? plaisante-t-il.

- Et vous ? Savez-vous à qui vous vous adressez pour vous permettre de me tutoyer depuis bientôt trois semaines ? rétorque-t-elle.

- Toi, tu ne le sais pas, moi, si.

- Que dois-je comprendre ? s'agace-t-elle.

Il ne tient plus face à cette moue des plus impatientes et passe son bras autour de sa taille avant de la coller contre son torse. Un adorable gémissement de surprise franchit ses lèvres.

- Que ressens-tu ?

- Quoi ? peste-t-elle, ne voyant aucunement le rapport.

- Que ressens-tu ? insiste-t-il en approchant dangereusement son visage du sien.

Son rythme cardiaque accélère instantanément contre lui tandis qu'il glisse son nez dans le creux de son cou. Elle sent divinement bon... Cette odeur fruitée est des plus plaisantes. Il remonte lentement sa jugulaire puis ancre son regard dans le sien.

- Alors ? attend-il avec un fin rictus.

La jeune femme ne répond rien. Elle semble occupée à fouiller au fin fond de ses prunelles. À chercher une chose qu'il ignore. Seulement, il est certain que si elle continue ainsi, elle serait déçue de n'y trouver qu'une noirceur infinie.

- Je veux voir votre visage, finit-elle par lâcher.

- Non.

- Très bien, déclare-t-elle. Y a-t-il une façon de quitter cet endroit ? Je n'ai pas de temps à perdre et j'ai cours demain.

- Tu n'iras nulle part. Tu restes ici.

- Vous vous foutez de moi ? s'impatiente-t-elle. Vous m'emmerdez durant mes nuits. Je ne peux pas voir qui est cet enfoiré et ce même connard, m'or...

Avec férocité, il prend possession de ses lèvres. Lui hurler dessus. Cette action si rare, presque inexistante, lui procure une sensation d'excitation nouvelle. Il ne lui faut que ça pour perdre le contrôle ; un contrôle qu'il a déjà du mal à garder.

Les mains de l'adolescente se posent avec hésitation sur sa nuque tandis que ses lèvres se mouvent timidement contre les siennes. Son premier baiser ? Oui ? Non ? Peut-être ? Sûrement ? Il n'arrive pas à pénétrer le fil de ses pensées trop peu concentré. Tous ses sens ne sont centrés que sur une seule et même chose. Une seule et même personne. L'animal en lui se fait omniprésent et ne souhaite que prendre le dessus.

Dans une pulsion sauvage, il la plaque sur un arbre qui vient tout juste d'apparaître. Un gémissement vibre contre ses lèvres et ses ongles s'ancrent dans sa nuque tandis qu'il se fait plus entreprenant, plus pressant. Ses doigts se faufilent sous le fin tissu de son haut en satin et se promènent sur son corps brûlant et couvert de frissons. Elle est à lui. Uniquement à lui. Et cela, pour l'éternité. Rien qu'à cette idée des plus possessives, ses doigts s'enfoncent sur ses hanches.

La jeune femme a beau essayer de résister, il sent les pulsations de son cœur qui ne cessent d'augmenter, ses jambes tremblantes qui manquent de lâcher et ses mains sur sa nuque qui ne demandent qu'à le rapprocher, encore et encore, alors que plus, relève d'un phénomène au-dessus du surnaturel.

L'Alpha se détache d'elle, un sourire suspendu aux lèvres. Il a fini juste à temps et il en est plus que ravi. Son visage retrouve sa place dans son cou et il respire son odeur dont il est maintenant complètement accro.

- Ce fut un plaisir, Mía, lâche-t-il en s'éloignant d'un pas

Ce qu'il voit d'elle le ravit. La respiration haletante, le regard luisant, et une bouche revendiquant ses lèvres. Oui, sa résistance ne sert à rien. Elle lui appartient déjà. Son corps est déjà à lui et le réclame. La jeune femme disparaît sans l'intervention d'un quelconque loup qui s'amuse à tester ses capacités cardiaques et lui, juste après.

✶❍✶

En croisant le plafond noir à son réveil, il s'imagine déjà cette journée qui risque d'être agitée, car ce jour est un grand jour. Il va récupérer celle qui lui a été donnée par la Lune. Celle qui sera désormais sienne. Phœbé Brown.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant