Une nuit parmi les étoiles [Roman]

Chapitre 23 - L'arbre

       

Le temps d'un battement de cil, Amandine voyage aux confins des mers et des cieux. Elle plonge en ce qui reflète et retient le bleu, elle s'y fond, elle ne s'y perd pas. Elle s'y retrouve. Elle, entière, en secret, en pleine lumière, de l'autre côté des paupières ; protégée, belle, intelligente, importante.

Elle est là, au pied d'un arbre, cet arbre, il a toujours été avec elle, toujours. Elle met la main sur son écorce. Elle lit son histoire, une histoire que, petite, elle avait entendue, elle avait parcourue. Elle n'avait pas compris, elle n'avait pas su lire, elle n'avait pas écouté ce que le Cèdre bleu avait à dire. Elle se souvient de ce que tous ont oublié :

/ Avant

un Tout et des Riens

sans espace et sans temps,

ni encore de nid

pour la rencontre ici et maintenant.

Avant,

les Riens se ratent, sans frottements, sans caresses

passent devant tout

comme faisant partie d'un rien.

Après,

une chance,

au sorti d'un rien

se réunissent les conditions d'un Tout réunissant :

le nid, au commencement,

pour éclore ensuite que soit pondu l'œuf en fruit.

Les Riens s'en vont d'où ils viennent

vers Tout qui n'est plus un rien,

en Un

espace,

en Un

temps,

au creux du nid

ponte de l'union du Tout et des Riens

et éclosent

en Multitudes

à partir de l'œuf au centre pondu

en un instant infini,

et partout où il y a.

Des coquilles répondues

dans l'espace et le temps

naissent les mondes

d'autres nids,

d'autres Tout réunissant

en pleins

pour chaque venant en leurs centres.

Union par collision

fusion et perturbation et rotation

en d'autres nids, d'autres œufs, d'autres éclosions,

de plus en plus grandes de plus en plus belles.

Le noyau se forme au cœur du fruit.

Suivant,

en cet espace et ce temps

en ce nid singulier qui prend et donne forme,

se refroidit et s'échauffe

du cœur aux bords,