9 : La confrontation

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Karl et Tim sont restés collés l'un à l'autre durant plusieurs heures. Au début, ça ne dérangeait pas Stan de rester à leurs côtés, sur le toit mais plus les minutes passaient et plus il ressentait l'envie que les deux garçons avaient de se retrouver seuls, de s'embrasser.

Au début, les amants ont réussi à n'avoir aucun contact physique; ils se contentaient de se taquiner ou de se questionner quant à ce qu'il s'était passé pendant leur séparation. Mais après une grosse demi-heure, le garçon aux cheveux châtains s'est fortement rapproché de Karl et l'a embrassé à pleine bouche.

Ce genre de geste tendre n'a jamais dérangé Stan mais alors que ça faisait trois minutes qu'ils s'embrassaient, le garçon a commencé à vraiment se sentir de trop. Il s'est donc discrètement éclipsé et est retourné dans sa chambre, où l'ambiance était moins étrange. Ou personne n'avait envie de faire l'amour, ou du moins, personne n'était sur le point de le faire.

C'était une autre chanson pour Karl et Tim. S'ils n'avaient pas été sur le toit, qui était un lieu public, ils n'auraient pas hésité une minute de plus à se sauter dessus et se déshabiller sauvagement.

Cette pensée ne quittait pas l'esprit de Stan. Ce dernier avait toujours su que son meilleur ami était attiré par les filles et les garçons en même temps, mais de là à ce qu'il soit obnubilé par l'enfoiré de Tim, ça le dépassait.
Ce dernier avait longuement été, et était toujours d'ailleurs, d'après le grand fêtard, le pire connard de la planète. Un affranchi aux valeurs de nouveau riche, un fils à Papa mal élevé qui croit que tout lui est dû.

Karl détestait également les gens comme ça et ne se gênait pas à les critiquer dès qu'il en avait l'occasion. Timothy n'avait pas été épargné non plus mais depuis qu'ils couchaient ensemble, les choses semblaient avoir changé.

Elles avaient tant changé que durant une semaine complète, après les retrouvailles des deux amants, ces derniers ne s'étaient plus quittés. Ils passaient chaque nuit ensemble ainsi que des journées entières, sans jamais se lasser. Karl ne voyait plus personne, ne s'intéressait qu'au merveilleux Tim et n'avait même plus une vingtaine de minutes par jour à consacrer à Stan.

Ce dernier ne comprenait pas. Le mois de juillet avait commencé, et son meilleur ami aurait très bien pu être capable de prendre un peu de son temps uniquement pour fumer une cigarette en sa présence, pour parler un peu de la pluie et du beau temps sur le toit. Mais rien de cela ne s'est passé; Karl ne semblait plus s'intéresser à son ami.

Stan a alors décidé de prendre son courage à deux mains et d'aller jusqu'à chez Karl, pour avoir une petite discussion avec lui.
Il a dû prendre deux bus mais une fois devant la maison, il n'a pas hésité à presser la sonnette.
Il a attendu deux minutes comme un con avant que la porte en bois ne s'ouvre. Cela lui a fait un choc.

    -Tim!, s'est-il exclamé.

Ce dernier se trouvait de l'autre côté de la porte d'entrée et portait un long peignoir blanc. Il n'a pas fallu longtemps à Stan pour deviner qu'il l'avait enfilé avec hâte alors qu'il était à deux doigts de faire l'amour à son meilleur ami, mais il s'est empressé d'ôter cette pensée ignoble de son esprit.
A la place, il a préféré jouer au faux-jeton en souriant bêtement.

   -Puis-je entrer?, a demandé le blond dans l'espoir de passer le pas de la porte.

Il a remarqué de l'hésitation à travers les yeux de l'amant de Karl et cela n'annonçait rien de bon alors il n'a pas attendu de réponse et l'a bousculé pour rentrer à l'intérieur de la grande maison de Tess et Karl.
Le visage de Tim est devenu cramoisi, et cela inquiétait vraiment Stan. Ce dernier a donc crié après son ami, dans l'espoir qu'il lui réponde. Il n'a reçu aucune réponse, même après trois fois, et plus le temps avançait, plus une sombre colère montait en lui.

   -Où est-il?, s'est-il écrié.

Tim a haussé les épaules, comme pour faire croire qu'il n'en savait rien. Pourtant, Stan était persuadé, vu le temps que ça a pris pour que l'on vienne lui ouvrir, que Tim était occupé.

Stan a suivi son instinct et est monté à toute vitesse vers la chambre de son meilleur ami, dans l'espoir de le trouver endormi dans son lit.

Là-bas, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il a remarqué que ce n'était pas Karl qui était endormi dans le lit, mais plutôt Lena. Cette dernière est une amie de Tim depuis pas mal de temps déjà et était complètement nue.
En temps normal, Stan n'aurait pas été indifférent face aux formes délicates de la jeune fille ou à sa petite poitrine, mais cette fois, il était trop fou de rage que pour s'arrête sur ce genre de détails. Il ne comprenait rien: la situation semblait lui échapper et cela ne lui plaisait pas.
Stan avait besoin d'explications quant à la présence de la jolie métisse dans le lit de son ami sans que ce dernier s'y trouve et bizarrement, il souhaitait que ces explications viennent de Karl, et non de Tim en qui il n'avait aucune confiance.

    -Je te jure, Timothy, fais bien attention à toi, l'a menacé Stan. Je te laisse continuer ton affaire avec Lena, mais vais demander que Karl m'explique ce qu'il se passe ici.

Stan s'est dirigé vers la porte d'entrée, au rez-de-chaussée mais le châtain l'a devancé et l'a attrapé par le tee-shirt avant qu'il ne quitte la maison.

    -Tu n'as pas intérêt à lui dire ce que tu viens de voir, s'est-il exclamé.

    -Ha parce que tu crois que je vais garder le fait que son amant couche avec une amie dans son propre lit pour moi sans rien lui dire?, a crié Stan. Tu te mets le doigts dans l'oeil, mon ami.

Après avoir lancé ces quelques mots avec une rage infinie, Stan s'est éloigné de la maison de son ami en pianotant en même temps le numéro de ce dernier, afin d'avoir une conversation avec lui.

Karl lui a répondu à la première sonnerie, comme s'il attendait son coup de fil et a directement dit qu'il se trouvait sur le toit, et qu'il souhaitait lui parler de quelque chose.
Stan n'a pas hésité longtemps pour rentrer chez lui et monter sur le toit, où son meilleur ami l'attendait fermement.

    -Ça te dirait de venir à la mer avec moi?, a demandé Karl au second garçon de but en blanc.

Ce dernier a hésité durant plusieurs instants, ne sachant pas trop comment et où trouver l'argent nécessaire.

    -Oui, sauf si tu fais venir Tim, a répondu Stan avec sincérité.

    -Non, juste un week-end entre meilleurs amis.

Ensuite, ils se sont arrangés avec leur parent chacun de leur côté et une semaine plus tard, alors que la tante de Karl lui avait donné les clés de son petit appartement qu'elle avait acheté à la mer deux ans plus tôt, leurs valises étaient prêtes.
Le jour même, ils ont fait le trajet en train, durant lequel Karl s'est directement endormi.

Stan le regardait respirer paisiblement et mourait d'envie de le réveiller pour lui parler de ce qu'il avait vu en allant chez lui. Mais il n'a rien fait de cela, car il devinait que si son ami lui avait demandé de le suivre jusqu'à la mer, c'était pour une raison.

Et on souriaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant