Alter Ego (Tome 3) - L'Âme Sœur

Chapitre 1

« Et le temps passe, et rien ne s'efface. Que la distance en nos cœur fasse place, pour qu'enfin d'une idée je trépasse. » - de Moi

-J'aimerais tant le rencontrer.

Ces mots sortirent d'eux-mêmes d'entre mes lèvres d'enfants.

Vivant en prisonnière dans ce corps de fillette de six ans, je regardais de mes yeux mauves vers ce qui me semblait être le vide. Ou plutôt non, j'étais dans une chambre à l'ancien style victorien, regardant dans le vide. Mes pensées pesaient dans ma tête. Qu'avais-je donc fait ?

Une main se posa sur mon épaule. Tournant le visage vers la fillette de mon âge aux cheveux platine, ma longue chevelure sombre vola au-dessus de mes épaules avant de retomber en cascade dans mon dos, les boucles parfaitement formées :

-De qui parles-tu ? me demanda la fillette.

La fillette, habillée des vêtements adorables semblables aux miens, s'appelait Alice. Nous nous ressemblions comme deux gouttes d'eau, excepté en ce qui concernait les pigmentations de nos yeux et cheveux. Mais la vérité était souvent bien déguisée :

-Je parlais de l'être qui mettra fin à mes jours.

Ma sœur m'observa sans émotion. On pouvait simplement lire de l'interrogation dans son regard. Elle ne comprenait pas.

Parfois, lorsque je la regardais, il m'arrivait de vouloir devenir un enfant. Cette innocence dans le regard, être candide et penser que tout allait bien. Parfois je ne désirais qu'une seule chose. Simplement poser les armes et sourire innocemment. Je voulais seulement vivre :

-Je ne comprends pas ce que tu dis, m'avoua ma sœur jumelle.

-Je sais. Et dire que tu es une adulte.... C'est à se demander si nous avons été véritablement maudites ou si nous sommes réellement des enfants.

Posant un doigt sur son menton et levant les yeux vers le plafond, comme pour réfléchir, elle sourit :

-Et bien ce n'est pas si mal d'être des enfants. C'est une période qui me manque.

Nous n'étions pas réellement des enfants, comme aurait pu le faire croire notre physique. En vérité nous étions âgée de plusieurs siècles, même bien plus.

La porte de notre chambre s'ouvrit et une femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus entra, tout sourire aux lèvres :

-Laura, que nous vaut cette visite ? demandais-je avec sarcasme.

-Carmilla vous attends, me répondit-elle toujours avec ce même sourire idiot.

Nous nous levions, approchant doucement la femme.

Laura était une femme vampire. Et tout comme Alice et moi, elle l'était devenue depuis que Carmilla avait planté ses jolis crocs dans sa gorge. Ou du moins le pensait-elle. La vérité était bien plus difficile.

Qui était Carmilla ? L'une des plus célèbres femmes vampires que le monde ait connu. Certes, elle n'était pas aussi connue que Dracula, mais elle avait aussi son public et ses fans parmi les humains, et en particulier les femmes. Oui, Carmilla avait un penchant pervers envers les femmes. Et ce penchant m'avait souvent fait regretter de ne pas être un homme. Mais fort heureusement pour moi et ma sœur, en plus d'être dans le corps de jeune fille, son hypnose ne fonctionnait pas sur nous. Ni même ses charmes.