Prologue

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Le volant entre ses mains, l'homme appuyait sur la pédale en essayant de garder un maximum de contrôle sur le véhicule. Les gémissements de sa femme à l'arrière le torturait et ils se mélangeaient avec le bruit des puissants moteurs qui les poursuivaient. Il était paniqué et, pour la première fois de sa vie, se sentait vraiment impuissant.

Dans le rétroviseur, l'image de sa femme, allongée sur la banquette arrière, couverte de sueur et prête à donner la vie, lui apparut et la panique s'amplifia dans tout son corps. Une balle percuta la carrosserie et fit sursauter le conducteur. Tout l'entraînement que le couple avait reçu ne leur servait à rien à cet instant.

Il cherchait désespérément un moyen de s'en sortir mais, à chaque fois, il se heurtait à un mur. La situation semblait perdue. D'un coup d'œil, il contempla à nouveau sa femme qui semblait tellement faible et son cœur se serra. Il devait le faire, c'était sa seule chance de les sauver, elle et l'enfant.

Elle se réveilla comme si elle avait senti ce qu'il allait faire et voulut l'en empêcher mais il n'entendait pas ses plaintes et ses supplications. Il devait la sauver.

D'un coup, il appuya sur la pédale pour freiner et la ceinture retint difficilement leur deux corps. Chacun suffoqua sous l'effet du choc tandis que de nombreuses voitures sombres avec des gyrophares les encerclèrent.

L'homme à l'avant parvint à retrouver ses esprits et ouvrit la portière en ordonnant à sa femme de ne rien faire. Évidemment, elle lui hurla d'arrêter, que c'était du suicide, mais il n'entendait plus rien. Il voulait les sauver, c'était son devoir.

- Les mains en l'air et à genoux ! hurla un homme en pointant son revolver sur le futur père.

Contre toute attente, il s'exécuta en prenant son temps. Il en avait marre de fuir, il en avait marre de cette vie et encore plus de l'imposer à sa femme. Ce n'était pas non plus la vie qu'il souhaitait pour son enfant.

- Faites sortir la femme, ordonna un homme en costard avant de s'avancer vers le conducteur.

Ce dernier le fusilla du regard et lâcha d'un ton glacial en détachant chaque mot :

- Ne. Touchez. Pas. À. Ma. Femme.

Tous les hommes ricanèrent.

- Qui va nous en empêcher ? Toi ? Regardes toi, tu es pathétique, dit le cinquantenaire qui menait la troupe.

L'homme ricana, d'un rire sans joie que sa femme ne lui connaissait pas. Toujours dans la voiture à essayer désespérément d'ouvrir la porte, elle contemplait la scène, les larmes ruisselant sur ses joues. Elle savait ce qui allait se passer, elle l'avait vu. Il allait le faire, malgré sa promesse. Malgré la douleur intense de son ventre, elle se concentra sur la scène, impuissante.

Son mari se releva malgré les menaces de tous les agents présents et serra les poings. Personne ne pensait qu'il était capable de ça, sauf elle. Tous l'incitait à se remettre à genoux, à lever les bras en l'air, bien en évidence, mais il n'écouta personne cette fois. Il se contenta d'affronter du regard le sergent qui avait déposé le canon de son pistolet sur son front tout en gardant le silence.

- À genoux, Brandon. C'est fini.

Un silence s'installa dans la vallée, à l'écart de la ville, où s'était fini la course poursuite. La tension était palpable et se fut un léger grondement qui brisa le silence. L'instant d'après, le ciel s'assombrit jusqu'à devenir une surface noire qui les survolèrent. Aucun ne comprenait ce qui se passait, comme cloués au sol. Le chef voulut agir mais d'une main, le fameux Brandon l'empêcha de dire un mot tandis que son autre poing était toujours serré.

Le vent se leva, la pluie se mit à tomber drue et des nuages sombres les entourèrent. La température perdit au moins dix degrés et pourtant Brandon ne lâchait pas. Il devait le faire, pour sa famille. Le sang coulait de son nez, puis de ses oreilles ainsi que de sa bouche et de ses yeux. La magie, bien plus forte que sa simple enveloppe charnelle, était en train de le consumer tandis qu'il continuait de la créer.

Le premier éclair jaillit et frappa un des agents. Cela les fit tous sortir de leur torpeur et ils essayèrent de tirer, puis de lancer des sorts à l'homme. Cependant, plus rien ne l'atteignait. Son corps prenait les coups mais il restait debout. Un par un, les hommes se firent foudroyer avant de s'échouer sur le sol, mort. Le seul qui restait était le chef de cette équipe.

- Tu vas mourrir Phil.

- Toi aussi Brandon.

- On aura combattu jusqu'au bout ensemble.

- On se retrouvera en enfer, répondit le meneur du nom de Phil.

Sur ce, le dernier éclair sortit de la tempête et foudroya l'homme dans une lumière intense qui était une belle dernière image pour Brandon. Épuisé, il s'effondra sur le sol à son tour avec le goût du sang dans sa bouche. Plus aucun membre de son corps ne lui répondait et il mourrait à petit feux.

Son agonie dura longtemps, le regard rivé sur la voiture qui a été épargnée par la foudre. Après un certain temps d'atroce souffrance et de gémissements, un cri se fit entendre, un cri d'enfant. En entendant cette douce mélodie, il lâcha son dernier souffle sans avoir la chance de voir son enfant. Néanmoins sa mission était accomplie : sa fille était née.

Nightfall SchoolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant