Too Late | Nekfeu / (Tome2)

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Je le regarde dans les yeux, prête à tout entendre et sûr de mon choix. Il a l'air hésitant, je le reconnais aux gestes qu'il n'arrête pas de faire, il se balance légèrement d'avant en arrière, joue avec ses mains et s'humecte les lèvres toutes les trente secondes.

- Je vais te dire honnêtement commence t-il. Au début j'avais vraiment rien pour toi.

J'avale difficilement ma salive et cligne plusieurs fois des yeux comme si ça pouvait changer quelque chose.

- Et vas y je sais pas comment souffle t-il, mais tu t'es démarquée des autres filles, enfin t'es spéciale. Je vais pas te dire que t'es différente parce que t'aime pas tout ce qui est cliché.

Je souris en pensant à notre première soirée sur le toit.

- Mais c'est un peu ça avoue t-il, j'ai vraiment déconné au début c'est vrai, mais j'en suis désolé et tu le sais déjà.

Silence.

- Mais même maintenant que je suis sincère tu te méfie, je sais vraiment plus quoi faire avec toi.

J'hausse les épaules puis détourne le regard.

- Je repars bientôt, tu vois j'aurai voulu passer ce temps libre avec toi, visiblement c'est une mauvaise idée dit-il sèchement, au calme c'est toi qui vois.

Je ne réplique pas, je sais que ce n'est pas tout venant de lui.

- Après commence pas à faire la fille sensible alors que tu sors après minuit le week-end.

Je lève la tête vers lui, j'en étais sûr.

- Une fois dans la semaine c'est rien comparé à toi, râlais-je.
- Ouais, ouais c'est vrai, tout les deux jours j'avais des soirées s'exclame t-il en se levant , c'est quoi le problème ?
- Le problème c'est que tu les séduits toutes putain, m'exclamais à mon tour.
- Mais putain Jenna t'es conne ou quoi?

Il se place face à moi, je me lève à mon tour histoire de me calmer.

- Je suis pas conne Ken dis-je pour me défendre, c'est juste que c'est la vérité et que t'assumes rien, rien du tout. Ça tourne pas rond chez toi, tu penses faire le bien alors que c'est tout le contraire, réveille toi un peu merde.

Il se mord la lèvre inférieur en soufflant un bon coup, il ne me laisse même pas le temps de continuer que le ton monte.

- Je t'ai dis quoi crie t-il Jenna putain y'a personne qui peut t'imiter, personne s'énerve t-il Tu vas comprendre quand que je vois tout par toi, que ce soit en concert ou quand t'es là tu me manque, c'est quoi ton problème en ce moment sérieux?

Je me mets dos au mur, les larmes coulent encore, pas de la même façon mais elles sont toujours présentes.

- J'en sais rien, chuchotais-je en fermant les yeux.

Il s'avance rapidement et me plaque contre le meuble derrière moi, sans m'y attendre, son poing frappe le mur à quelques centimètres de moi. Complètement choquée, ma respiration se bloque et mes pleurs aussi. Il se recule toujours énervé, regrettant son geste.

*** Ken ***

- Tu me casses la tête, dit-je.

Elle me lance un regard innocent comme si j'étais fautif dans cette histoire alors qu'il n'y a qu'elle qui me pousse à faire ce genre de choses.  Je respire doucement, en espérant avoir une réponse convenable mais rien ne sort de sa bouche. C'est trop pour moi, je sors de sa chambre en claquant la porte avant descendre les escaliers.

- Ken, cri t-elle en ouvrant la porte.

Je sors de l'appartement sans calculer les autres, je marche longtemps avant de m'arrêter près d'un café pour me poser et réfléchir, il vient de fermer. La chance n'est pas avec moi aujourd'hui. Je reste quand même devant, les mains dans les poches à cause du froid.

De Jenna: Ken répond moi.

J'ai quatre appels manqués depuis que je suis partie mais j'ai vraiment pas envie de lui répondre, si c'est pour que la discussion ne mène à rien j'ai pas envie de me prendre la tête. Je continue de marcher parce que je sais qu'elle ne viendra pas, puis retourne à l'appartement des gars malgré que ce soit loin.

- Allô ?
- Ouais, me dit Doum's.
- Y'a un problème ?
- Nan nan, t'es où là?
- Je suis trop loin pour qu'elle vienne me rejoindre.

Il rigole pendant que je cherche mes clés pour entrer à l'intérieur.

- Juste pour te dire qu'on annule pour ce soir, c'est trop tendu, m'informe t-il.
- Allez-y faites pas attention à ça.
- Non mais toute façon les gars ne sont pas motivés.

Je referme la porte et m'installe dans le canapé en attrapant un carnet et un stylo.

- Vas y bah on se voit après, dis-je.

Il raccroche, j'allume la télévision pour mettre un peu de musique, Jenna me rappelle.

- Quoi, soufflais-je.
- T'es où?
- Demande à Doum's, dis-je ironiquement.
- Je suis en voiture là.
- Bah rentre ça sert à rien.

Elle souffle, j'entends le moteur qui s'arrête.

- Pourquoi t'es parti ?

Je joue avec la télécommande sans répondre mais elle insiste.

- Tu m'as saoulé et tu me saoules encore.
- Je t'ai rien dis.
- Je sais c'est ça le problème.

Je casse le silence au bout d'un moment.

- Tu sais ce que je pense, alors tu sais ce qu'il te reste à faire. Sache qu'à partir de maintenant je considère qu'on est plus ensemble, et que c'est à toi de décider si on continue. Et si tu reviens pas, alors ce sera dommage pour toi.

Je coupe l'appel directement après puis lance mon portable à l'autre bout du canapé. Je dessine quelque trucs avec le seul stylo noir que j'ai trouvé puis ferme les yeux un instant. C'est peut-être trop tard, j'aurais peut-être dû réagir avant, mais c'est le destin et je peux pas faire autrement. Je me redresse et claque le carnet sur la table basse, je connecte mon iPhone à l'enceinte qui est posée sur un meuble du salon histoire de mettre un vieux son de rap français. Je tape sur la feuille avec la mine du crayon après avoir écris quelque phrase.

Le café vient de fermer mais je suis devant je reste, quelle idée d'aimer une femme à l'humeur vengeresse.