Chapitre 14 : Adieux

61 3 4
                                    

Puis nos voix baissèrent peu à peu, pour finir sur cette phrase très significative « jusqu'à l'impossible ». Des applaudissements. c'est ce qui nous ramena à la réalité. Fini l'osmose, oubliée la chanson, plus de moment parfait. Camille avait les larmes aux yeux et un grand sourire posé sur ses lèvres, sans que je puisse me l'expliquer. Fabien et Yamin sifflaient avec leurs doigts et Flow avait passé un bras autour de la taille de Camille. Il avait également un sourire au coin des lèvres. Quant à moi, une fois sortie de ma « transe », je tremblais comme une frêle feuille. Mais quel était ce flot ininterrompu de sentiments que je venais de ressentir. Tout était mêlé et impossible pour moi de les distinguer les un des autres. Dans ma tête c'était un chaos sans nom. D'ailleurs, tout ce que je venais de vivre, était-ce la réalité ou encore une fois mon imagination débordante, un rêve chimérique que mon esprit aurait inventé. Quoi qu'il en soit j'étais complètement déboussolé... Tout ça c'était la faute de Charlie, assurément. Comment avait-il fait pour me faire ressentir tout ça, pour me perdre à ce point ? Ce n'était quand même pas... ? J'avais réagit comme si j'étais...

« -Ouh ouh ! Lou tu me reçois là ? » C'était Zaho à coté de moi, j'étais sur scène ce qui voulait dire que tout ça n'était certainement pas le fruit de mon imagination. Je tournais la tête, à coté de moi Charlie semblait lui aussi parti sur une autre planète. On lui parlait et il répondait simplement, tel un automate. Il ne connaisait visiblement plus que les monosyllabes et les onomatopées, dont il ponctuait ses réponses faîtes aux autres.

« -Ca va Cha' ?

-Oui.

-T'es sûr ?

-Oui.

-T'as l'air vraiment chamboulé...

-Possible.

Impossible donc d'avoir avec lui une véritable conversation. Moi je quittais peu à peu ma bulle de bonheur qui s'était reformée et je revenais à celle, bien moins cool, de la réalité. Personne ne semblait être de dire quelque chose de cohérent sur cette prestation si ce n'est « parfait », « incroyable », « magique », ce qui n'était somme toute pas très constructif. On la disait aussi troublante, et là j'étais tout à fait d'accord avec eux, il n'y avait pas que pour eux que cela avait été perturbant. Mathilda me sautait dessus, mais j'étais toujours dans mes pensées écoutant ce qui se disait autour de moi.

Peu à peu remis de nos émotions on retourna vers les loges et bientôt ce fût le moment des adieux. Mathilda et moi ne voulions vraiment pas partir mais ce n'est pas comme si l'on avait le choix, cela faisait plus de deux heures que l'on se trouvait avec la troupe du spectacle. Alors on se leva tous et Mathilda et moi nous fîmes le tour de la pièce afin de dire au revoir et de récuperer les derniers autographes que l'on n'avait pas eu pendant les dédicaces.

Je commençais par Camille qui me glissa à l'oreille : « Sois heureuse tu le mérites. Laisses toi porter par tes sentiments et tes passions. Je sens qu'au fond tu es une personne magnifique et joyeuse mais brisée, certainement par des moqueries. Je me trompe ? » Je hochais la tête pour lui signifier que non, elle ne se trompait pas, au contraire, elle m'avait cernée. Elle reprit alors : "Prends confiance en toi et fais confiance à celui qui fait briller tes yeux. Et non ne fait pas l'innocente, tu sais pertinemment de qui je veux parler"

J'avais les larmes aux yeux, et très paradoxalement un immense sourire plaqué sur le visage. Ce que Camille m'avait dit m'avait remplie de joie. On se prit alors l'une et l'autre dans les bras. Elle me chuchota un petit « à bientôt » puis me lâcha et me fit un clin d'œil. Alors, sourire aux lèvres, je me dirigeais vers Charlie. 

Jeux Dangereux, Quand l'amour chante à ta porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant