Chapitre 20 ✔️

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Par tous les moyens, j'avais essayé de faire cracher le morceau à Peter sur son changement soudain de comportement. Mais il ne voulut rien me dire. J'étais rongée à la fois par l'inquiétude et la frustration. Je voulais absolument savoir ce qu'il le rendait si perplexe. Après maintes efforts, il me stoppa d'un geste de la main et partit seul dans la Jungle Noire. J'ai essayé de le retenir mais il se défit violemment. Bouche bée, je me contentai de l'observer partir, impuissante.

C'est ainsi que je me retrouvai à marcher dans la forêt, trompant ce qui me préoccupait. Tous les recoins de cette forêt se ressemblaient. De temps à autres, une grande anxiété refaisait surface et j'avais dès lors l'horrible impression que je pouvais me perdre à tout moment.

Soudain, j'arrivai au bout d'une falaise. Je m'approchai et restai debout fixant l'horizon. J'étais plutôt près du bord mais cela m'importait peu puisque une immense étendue d'eau résidait en bas. J'aurais bien eu la curiosité de savoir si l'eau en dessous était profonde mais voyant le dénivelé entre la falaise et l'eau, je me dis que ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça. En effet, il devait bien y avoir une vingtaine de mètre entre ces deux points. Généralement, je n'ai pas le vertige mais ici, je dois dire que c'est plutôt compliqué de ne pas ressentir la peur du vide.

J'allais m'éloigner quand je sentis deux bras m'agripper par la taille et me surélever dans les airs. Lucas... Avant que je ne me rende compte, je sentis qu'il se mettait à courir avant de sauter de la falaise. Un cri de frayeur s'échappa de mes lèvre. Lui aussi criait, mais cela ressemblait plus à un cri de joie.

Pendant notre chute aussi rapide soit-elle, une multitude de chose défilèrent devant mes yeux. La peur fut une des premières émotions qui vinrent qualifier ce moment. Malgré que Lucas serre ma taille d'une force que je ne lui connaissais pas, j'étais morte de peur. Et le qualificatif ''morte'' allait peut-être se vérifier dans quelques instants.

La chute et le contact avec l'eau furent brutaux. Tellement que je crus pendant un instant que mon cœur n'allait pas tenir le coup. La seule chose qui me rassura, ce fut de constater que l'eau était plus profonde que j'aurais pu l'imaginer mais j'aurais préféré ne pas en faire l'expérience.

Je remontai difficilement à la surface. Et quand enfin, je me retrouvai à l'air libre, j'inspirai à plein poumons. Je ne suis pas morte !

Je me stabilisai battant des jambes pour trouver Lucas. Mais je ne voyais personne. Je me tournai et me retournai mais je n'apercevais pas sa touffe brune. Je commençai à l'appeler, morte de peur cette fois-ci par le fait d'avoir peut-être perdue mon ami.

Soudain, je sentis mes jambes être tirées vers le fond de l'eau. Je bus la tasse à plusieurs reprises avant de me dégager.

C'est là que je vis Lucas écroulé de rire, à ne presque plus pouvoir nager.

Furieuse, je me jetai sur lui pour le faire couler, ce qui fonctionna dans un premier temps. Mais étant d'une constitution musculaire plus équilibrée, Lucas reprit très vite le dessus. Il maintenait fermement mes deux poignets avec une main et de l'autre il ne lâchait pas ma taille pour que je ne puisse plus le couler, au risque qu'il m'entraîne avec lui. Il ne pouvait pas s'empêcher de rire. Au début, cela ne me faisait pas rire du tout et encore moins en voyant que me maintenir immobile n'était en rien une tâche fastidieuse. Puis petits à petits, je retrouvai mon sourire.

Les grands yeux marrons de Lucas vinrent se plonger dans les miens. Il ne riait plus, il me regardait dans les yeux alors qu'il rapprochait son visage du mien. Son regard ne quittait plus mes lèvres. Et comme je le pensais, il m'embrassa avec force.

Ce que je ressentis à ce moment, c'est...Rien. Je n'avais strictement rien senti. C'était bien mais je ne sais pas, il y avait quelque chose qui n'allait pas. C'était un simple contact physique...Mais sans aucune émotion. Je me décollai de lui, troublée. Je ne pensais pas que Lucas éprouvait ce genre de sentiment à mon égard. C'est vrai que je le trouvais proche ces temps-ci mais je pensais que c'était surtout parce que cette île nous avait rapproché. J'aurais voulu me reculer mais je ne voulais pas que Lucas le prenne mal. Je ne ressens pas la même sensation qu'avec...

Non rien... Je n'ai rien dit.

Je sentis Lucas poser ses yeux sur moi mais je baissai la tête, ne voulant pas croiser son regard. Je l'ai laissé m'embrasser. Je n'aurais pas dû le laisser faire, je suis donc aussi responsable que lui.

Lucas releva mon menton et je croisai enfin ses prunelles tristes. La sensation de le voir si triste était insoutenable. J'avais l'impression de l'avoir trahi. Je déteste faire du mal aux gens. Je me sens tellement coupable.

- Je suis désolée, Lucas mais... je murmurai.

- Ce n'est rien, me coupa-t-il. Je comprends, je n'aurais pas dû t'embrasser. Excuse-moi, c'était déplacé. C'est juste que cela faisait un moment que j'avais envie de le faire. En fait, depuis que tu es revenue. Je crois que j'ai un peu confondu l'amitié que j'éprouvais pour toi. Nous sommes amis depuis peu après tout.

Je levai la tête vers lui. Son regard triste était remplacé par des yeux compréhensifs. Et je me sentis soulagée qu'il comprenne qu'une relation amoureuse n'était pas envisageable.

Il me fit rapidement sortir de l'eau et frictionna mes épaules pour m'empêcher d'avoir froid. Il avait ces gestes que Gabin avait toujours eu pour moi et c'est sûrement pour cela que je ne vois Lucas que comme un ami.

Pendant le trajet pour rentrer au campement nous n'avons pas beaucoup parlé : nous n'avions rien à nous dire. Il n'y avait pas de réel malaise mais je ne voulais pas vraiment parler et essayer de voir où j'en étais.

Une fois arrivée au campement, Lucas me serra une dernière fois dans ses bras et partit sans rien dire vers un autre groupe d'adolescents. Je le regardai pensive, me demandant pourquoi je n'avais rien ressenti quand il m'a embrassé.

Et puis j'ai très vite compris...

Neverland ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant