8. Hymne à la vie

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« La lumière aura beau foncer le plus vite possible, elle verra toujours que les ténèbres sont arrivées les premières. » – Terry Pratchett

Le lendemain, je me réveille un peu assommée, l'esprit flou après cette discussion avec Sergey.

Ces expériences me pompent toute mon énergie, aussi bien qu'après je dors de longues heures durant.
En visualisant de nouveau notre discussion mentalement, je souris au souvenir de ce baiser que je lui ai volé. Aucune raison à ce geste, j'en avais juste besoin.

Je me lève de mon lit pour affronter cette journée qui sera plus difficile que la veille.
Aujourd'hui a lieu l'enterrement de Nithaël...
Mon cœur est tout comprimé à l'idée de le voir dans sa boite en bois et surtout d'affronter le visage de ses proches.

Alors que je déjeune tranquillement seule sur la table de mon père, ce dernier arrive.
Il dépose affectueusement un baiser sur le haut de ma tête avant de s'asseoir à mes côtés.
Mon père s'assure que tout va bien, puis nous discutons de ma mère. Ce sujet revient régulièrement entre nous, peut-être est-ce dû au fait que c'est la seule chose que nous avons en commun.

J'avale lentement mes aliments, je n'ai pas beaucoup d'appétit. Le stress de ce que je vais devoir affronter me tord l'estomac.

- Tu vas bien Aëlys ?, demande mon père remarquant que je suis dans mes pensées.
- Oui... C'est juste que l'enterrement de Nithaël a lieu ce matin.
- Oh, c'est vrai, j'avais oublié... Veux-tu que j'annule mes rendez-vous pour être avec toi ?
- Non, ne te fais pas de bile ça va aller. Rána sera probablement avec moi, je lui réponds.
- Tout à fait, il t'aidera à y assister.

Nous continuons notre petit-déjeuner et régulièrement des personnes viennent nous saluer à notre table. Alors que Cylian arrive avec son père, je me lève de mon siège et pars prendre l'air, histoire de me détendre. J'ai deux heures à tuées avant la cérémonie.

Pendant que je passe près d'eux, Cylian m'interroge du regard à mon brusque départ. Je détourne alors rapidement les yeux et continue mon chemin.

J'inspire à pleins poumons l'air extérieur.
Le vent comme souvent me salue délicatement avec une légère brise fraîche.
Je le remercie mentalement avant de commencer ma ballade.

Je suis alors un chemin tracé entre les hautes herbes et peu de temps après je pénètre sous les branches des arbres.
Le temps s'est nettement rafraîchi et je resserre mon manteau en pénétrant dans la forêt.
L'air y est plus humide et je ressens encore plus le froid qui s'infiltre sous mes vêtements.

Quand je prête l'oreille, je m'aperçois que les oiseaux chantonnent en chœur. J'aime avoir la sensation que la vie m'entoure et c'est le cas dans cette forêt.
Je marche sans vraiment regarder où je vais, ni l'heure qu'il est.

Au bout d'un moment, j'arrive à une clairière. Les arbres forment une ronde d'ombre autour de ce puits de lumière. L'herbe sur laquelle je marche me semble épaisse et moelleuse. Il ne ferait pas aussi froid j'aurais probablement enlevé mes chaussures.
Aujourd'hui, je me contente de m'agenouiller et de tâter l'herbe si verte avec mes mains.
Je suis surprise que ma main s'y enfonce comme dans un oreiller.

Le bruit d'une branche qui casse me fait relever la tête, et devant moi se tient droit un majestueux daim.
La bête me regarde, ne semble pas avoir peur. Elle renifle l'air dans ma direction puis quand elle estime que je ne représente pas un danger pour elle, l'animal mange l'herbe à ses pieds.

Les yeux grands ouverts, je l'observe sous toutes ses coutures. Son pelage tire sur un magnifique brun tirant sur le roux tacheté et duveteux, ses bois se dressent haut.
Il est magnifique et semble paisible.

Je m'approche à pas de loup vers lui en m'arrêtant lorsqu'il relève la tête pour me surveiller.

Je me trouve à quelques centimètres de lui quand il tourne brusquement sa tête en l'air et la tourne à l'affût. Ses narines remuent rapidement et je remarque que ses muscles sont contractés.

Je tends moi aussi l'oreille et je détecte une respiration. Aussi immobile que l'animal, je guette le moindre changement.
Soudain, d'autre bruit se font entendre. J'essaie de les identifier, mais je prends peur à cause de l'animal qui s'enfuit en bondissant d'un coup.
C'est un mauvais signe...

J'identifie une corde qui se tend et je me mets à plat ventre.
Une flèche en bois me rate de peu...
Ce n'est pas possible !!
La respiration saccadée, je tente de reprendre mes esprits et de trouver un moyen de ne pas me faire transpercer. Le bois derrière moi est bien trop loin pour que je tente de m'enfuir.
Je remarque un rocher sur ma droite, mais malheureusement, je ne sais pas d'où vient la menace.

Ma super-ouïe activée, je décèle les pas de mon agresseur, il est devant moi.
Sans réfléchir, je me lance à toute vitesse derrière le rocher et me mets à genou.
Il n'y a pas eu de nouveaux bruits. Soit la personne essayait de chasser l'animal où j'étais visée mais ça ne peut pas être une coïncidence.

L'ordre des éléments. Tome 1 ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant