La Porte

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Mon nom importe peu, il ne changera pas grand-chose à ce que je vais vous dire. Le temps presse. Ils sont en train de défoncer la porte de la bibliothèque. Bon, voila je suis devant un dossier sur un certain Emile Baraize, archéologue et égyptologue français. A l'intérieur de ce dossier se trouve un rapport de la CIA de 1961 rédigé par un dénommé Jimmy Garry.

Il y est dit que le chercheur français a découvert, en 1926, une chambre sous le fameux Sphinx de Gizeh, en Egypte. Il est mentionné qu'il n'avait pas voulu en parler à ses supérieurs et qu'il aurait dit après ses travaux de recherche, qu'il n'y avait pas de cavité.

Cela le protégea des autorités égyptiennes qui ne voulaient en aucun cas être mêlées à une découverte qui remettrait en cause les origines du monde...

Le rapport s'arrête là. Je ne comprends pas. Tant pis ! Tiens, il y a un autre document, c'est aussi un rapport, il n'y a ni date ni lieu. Il faut que j'accélère vraiment, la porte ne va pas tenir longtemps. Ah, tiens le journal de bord d'Emile Baraize... Voyons ce document... Voilà quelque chose d'intéressant.

Il dit qu'il aurait rapporté de cette cavité placée sous le Sphinx plusieurs objets étranges par leur ancienneté et défiant les rêves les plus insensés et les cauchemars les plus infernaux. Il s'y trouvait aussi un drôle d'objet métallique, "une sorte de brassard ou de bracelet illuminé de lumières fortes et inexpliquées".

Il aurait trouvé aussi une sorte de manuscrit remplie d'étrange papyrus où « étaient dessinés des signes contradictoires et inquiétants, préhistoriques mais d'une étrangeté familière". Il aurait aussi rapporté un document datant de ... Quoi ? C'est impossible ! Je ne rêve pas pourtant ! Mais cela a l'air fallacieux selon les connaissances actuelles.

Mes doigts se crispent d'angoisse. Je délire. Vite il faut que j'accélère. Ce document, je cite, " était rempli de symboles, de signes mystérieux, d'histoires et de légendes, enfin c'est ce que me disait mon associé qui était [...], Il a essayé de m'aider à traduire cette langue, qui était d'une complexité surprenante dépassant le sumérien en qualité et en précision".

Un bruit retentit. Il faut que je me dépêche, vite ! Revenons sur le rapport de la CIA, il est dit qu'il existerait plusieurs copies traduites ou incomplètes de l'inexplicable ouvrage, cachées dans le monde, dont une dans une organisation secrète nommé SWLDS. La version anglaise a été écrite par Jewele Howard. Il est dit plus bas qu'Emile Baraize est mort le 15 avril 1952 au Caire. Et il est rapporté, qu'un des employés de sa maison l'aurait en fait retrouvé mort dans une étrange attitude, je cite : " ses yeux et sa bouche étaient grand ouvert, il semblait effrayé par quelque chose d'inimaginable". En effet il est dit dans le rapport que l'employé aurait remarqué le manuscrit ouvert devant Emile sur une page recouverte "d'un dessin effrayant par sa vérité voilée et bouleversante ...".

Mon cœur commence à s'accélérer. Plus je lis plus la tension me monte a la tête, mais une curiosité oppressante me force à continuer. La porte ! Non ! Vite !

Une dernière chose. Je vois dans le dossier, un livre d'Emile Baraize nommé " Atlantis Origins" écrit entre 1928 et 1943.

La couverture du livre est en carton, d'un rouge menaçant, me suppliant de l'ouvrir. Au milieu de la couverture un étrange signe est dessiné. Un Triangle dans un cercle et le titre est écrit en gros décoré d'enluminures dorées tel un manuscrit du moyen-âge. Quand j'ouvre le livre une sensation de peur m'envahit, un frisson si profond que je ne peux en déterminer le foyer. La calligraphie du livre est si étrange que la nausée m'envahit. La vérité me guette, elle est devant moi, si monstrueuse si immonde et menaçante qu'elle met ma vie en péril.

J'avance dans cette lecture terrifiante, je me méfie mais la curiosité insatiable m'envahit telle une essence effrénée. La porte ne va pas tenir longtemps. La sueur dégouline sur mon visage.

Les phrases se succèdent les unes derrière les autres dans un chaos insupportable. Ces phrase sont si insensées, si immondes si blasphématoires qu'elles en deviennent évidentes voire véridiques à ma vision devenue absurde. En voici un extrait: " Il y a 11 000 ans, avant la construction des pyramides, alors que les civilisations n'étaient encore qu'à leur âge de pierre, il y en avait une qui était, par contre, à son âge d'or ..."

Je n'y comprends rien, une émotion forte m'envahît, dominant ma raison. Je deviens fou, plutôt ce personnage était fou. En tout cas cette infection est si forte que ma lucidité me quitte progressivement.

Je deviens fou. Ce personnage est soit un génie, un aventurier avide de découvertes, soit un vieux fou racontant des contes merveilleux. Mais les descriptions rapportées sont si sensées si bien écrites qu'il est impossible qu'elles soient inventées. La ville décrite est si splendide qu'elle dépasse la Babylone en bien des points.

La singularité du texte m'envahit de joie, un désir impie m'emplit et me berce dans son histoire, mais je sens que cela ne va pas durer, l'illusion n'est que fossé du désespoir. Finissons-en.

Je pense que j'ai fait quelque chose de trop. Je sais trop de choses maintenant. Je suis trop informé, de plus le symbole de l'ouvrage m'effraye. Je me sens démuni car cette chose me fait remonter une étrange sensation de familiarité repoussante, indéterminée. Une sensation de crainte et d'effroi comme si j'étais lié par un pont indécis a cette chose éternelle et invisible.

Je... Vite !!! Tant pis sautons des pages, je n'ai plus beaucoup de temps, la porte ne va pas résister.

Mon fatigue, mes poumons étouffent mes yeux pleurent sans raison. La lecture me remplit d'effroi, transformant mon espoir en déception et ma crainte en sentiment de l'inéluctable. Plus je continue à lire plus le texte devient sombre. Tandis qu'il devient incompréhensible je le comprends de mieux en mieux. Et la conviction se dévoile peut a peu.

Les pages qui suivirent sont vides de texte, remplies de dessins païens impies et inexpliqués. Je continue à les tourner, pris d'une frénésie indicible.

Soudain ma main s'arrête à une page.

Je commence à trembler, une frayeur angoissante m'envahit. Je suis trop renseigné, Mon heure est venue, surtout que je suis arrivé trop tôt à un endroit, trop personnel, trop sensible, trop dur. Le supplice, le désarroi sont à leur comble. Des larmes coulent de mes yeux anéantis. C'est la plus grande terreur de ma vie, horrible, déchirante par sa violence frénétique. Cette prophétie et ce nouveau dessin qui réside pérennisé devant mes yeux morbides et terrifiés. Je sais !

C'est mon...

La porte ! Non ! Lâchez-moi !! Ah ! Oh ! Pitié ! Non...

Anthologie de nouvelles - [ En Cours ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant