Folie douce

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ALEX

Un bruit sourd me fit bondir du fauteuil dans lequel je m'étais ratatiné pour attendre.

Des heures qu'on faisait le pied de grue avec Camille dans une des deux suites communicantes réservées par les filles.
Alice et Sophie étaient parties se coucher dans la première peu après notre arrivée, tandis que Zoé et Marie avaient attendu avec nous autant que possible, avant de tomber comme des mouches vers 3 heures du matin, rejoignant laborieusement les deux autres. Les ronflements qui me parvenaient malgré la distance me confirmaient une fois de plus que l'abus d'alcool et/ou des substances illicites avait toujours des conséquences fâcheuses, même chez les plus bandantes des nanas.
Mais au moins ces 4 machines à vapeur là étaient bien au chaud et en sécurité à l'hôtel, contrairement aux 2 fugueuses qui brillaient toujours par leur absence.
Camille et moi étions remontés comme des coucous, prêts à charger comme des taureaux de compet, privés de liberté depuis trop longtemps et conditionnés pour faire un vrai massacre.
Car une chose était sure : Charlie et Lise allaient passer un sale quart d'heure à leur retour.
Je repoussai un à un tous les scénarios glauques qui s'enchaînaient au fil des heures dans ma tête, me concentrant sur le savon que j'allais passer à ma nouvelle  « associée » . Enfin ça, c'était ce que je croyais en ronchonnant dans mon coin, seul depuis que mon acolyte avait rejoint Morphée contre toute attente, très loin de me douter de l'issue de toute cette folle soirée.

Enfin folle ...

... Complètement dingue plutôt ...

... Très très inattendue je devrais dire ...

... Et totalement inespérée.

Quand le bruit se reproduisit, je ne mis pas deux secondes pour sauter du fauteuil et atteindre la porte d'entrée.
Le son venait de l'autre côté.

Quelque chose venait de cogner contre le panneau de bois, faisant vibrer un cadre accroché tout près, et des chuchotements se firent entendre depuis le couloir qui desservait l'aile ouest de l'étage.
Des chuchotements féminins.
En même temps, même bourrés ou en train de faire une connerie, nous les mecs ne savions jamais chuchoter. Ce qui causait souvent notre perte d'ailleurs, bien plus que les boulettes elles-mêmes.
Un coup d'œil à travers le judas ne m'aida cependant pas à savoir qui se trouvait de l'autre côté. Car à part une tignasse noir corbeau qui avait l'air de tenir Que chose ou quelqu'un à bout de bras, je ne distinguais rien du tout. Quand j'ouvris la porte, une masse me tomba littéralement dessus et aurait fini étalée comme une crêpe sur l'épaisse moquette de l'entrée si je n'avais été bien campé sur mes deux jambes pour la réceptionner.

Charlie ...

Visiblement en un seul morceau, toujours habillée, relativement gelée mais bien vivante. Et à l'ouest complet

Par contre, impossible de voir quoi que ce soit d'autre pour l'instant. Ou qui que ce soit. Il fallait que je débarrasse de mon colis en rameutant son destinataire fissa.

- Camille, Charlie est là ....

Pas de réponse.

Et elle commençait à peser son poids la bougresse

- Camille !!

Toujours rien.

Aux grands maux les grands remèdes !

- Putain Camille, viens chercher ta meuf, ou je la saute dans l'entrée !

Un ours affamé après des mois d'hibernation n'aurait pas réagi plus violemment. Ni aussi rapidement. A peine avais-je fini ma phrase qu'un coup d'épaule m'envoyait valdinguer 2 mètres plus loin et que son propriétaire récupérait au vol sa dulcinée. Avant de l'emmener tout au fond de sa grotte, lovée au creux de ses bras en mode princesse des temps modernes : mi-hilare mi-amorphe, tenant des propos incompréhensibles mais au regard dégoulinant d'amour. Regard partagé par l'ursidé mal léché qui la couvait des yeux en grognant.

Puissance 1 000 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant