Chapitre 1

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Il me reste trois jours. Trois putains de jours avant de partir loin des trahisons et des mensonges. Trois jours et je m'envole pour ma 1ère mission. En Éthiopie. Je ne rêve que de ça depuis que j'ai reçu ce coup de fil, il y a un mois.

Je n'y croyais plus. Mais il ne faut jamais perdre espoir. En fin de compte, une ou deux fées ont dû s'intéresser à mon sort à ma naissance.

Dès la fin de mon internat en chirurgie orthopédique et traumatologique, j'ai postulé pour un poste de chirurgien traumato avec Médecins Sans Frontières. Conforté par mes excellents résultats pendant tout mon cursus. Ouais, depuis le début de mes études en médecine, j'ai toujours été classé dans les trois premiers au niveau national. Je sais ce que je veux et je me suis donné les moyens d'y arriver. Alors, j'ai tenté le coup.

Ce n'était pas gagné car la concurrence était rude, mais ma performance devant le comité de sélection a porté ses fruits. Je leur ai sorti mon meilleur profil, le regard Jahmaë et surtout, j'ai bien mis en avant ma connaissance de plusieurs langues parlées en Éthiopie : l'Afar et l'Amharique, utilisées majoritairement dans le Nord du pays. Et...Bingo ! C'est justement là-bas qu'ils sont en train de monter un nouveau camp. Je dois remercier papa qui m'a appris ces langues. Je suis le digne fils de mes parents et je marche sur leurs traces. Ils sont tous les deux médecins. Ils se sont d'ailleurs connus à la fac de médecine. Maman, d'origine sénégalaise, avait gagné une bourse d'études en France pour ses excellents résultats au Bac. Elle n'est jamais repartie dans son pays. En tout cas, pas pour y vivre. Jeune étudiante perdue dans un pays qu'elle ne connaissait pas, elle a été éblouie par, d'après ce qu'elle dit, « le charisme et la carrure de ce produit 100% breton ». Oui, même à 62 ans, papa est toujours un bel homme. Grand, les épaules carrées, un regard vert perçant et les cheveux raides grisonnants, autrefois blonds, font que les femmes se retournent très souvent sur lui. Absa...maman est, elle aussi, grande et élancée. Je l'appelais chocolat quand j'étais petit car tout en elle me rappelait ma gourmandise favorite : Sa peau, la couleur de ses yeux, ses cheveux. Même sa voix...douce et tendre.

Elle est médecin urgentiste et papa chirurgien pédiatrique. Ils ont voué leur vie à l'humanitaire, voyageant pour la plupart du temps ensemble et c'est d'ailleurs lors d'un séjour en Éthiopie, que je suis né. À Mékélé pour être plus précis. J'y ai vécu un an avant que mes parents décident de revenir en France en raison de l'intensité des combats dans la région. Être parent ne les a pas vraiment arrêtés. Deux ans après leur retour, ils ont repris leurs voyages, me laissant chez ma grand-mère à Camaret, à l'extrême ouest de la presqu'île de Crozon. Je faisais un peu tâche dans le petit village Breton. Mon teint, chocolat au lait, mes yeux verts eau et mes cheveux crépus y étaient certainement pour beaucoup. Mais comme disait grand-mère, j'ai hérité du meilleur de mes parents. La taille, la carrure et les yeux de mon père. Ma mère m'a offert la couleur de sa peau, la texture de ses cheveux et la finesse des traits de sa tribu, les Peuls.

Maintenant, c'est à mon tour de découvrir le monde et d'offrir mes compétences à ceux qui en ont le plus besoin, à ceux qui n'ont rien. Je débute avec l'Éthiopie. Vingt-sept ans après l'avoir quittée, je vais pouvoir fouler son sol à nouveau. La boucle sera bouclée.

C'est dans la région de l'Afar, au nord-est de Mékélé, et à quelques kilomètres avec la frontière de l'Érythrée que je vais passer les prochains douze mois. Les affrontements ont repris entre l'Éthiopie et son frère ennemi. Des milliers de personnes sont forcées de fuir les zones de combat et plusieurs camps de réfugiés sont apparus. Sans nourriture ni eau pour la plupart, ils n'ont pas pu aller bien loin et se sont arrêtés malheureusement à l'orée du désert Danakil. C'est une des régions considérées comme la plus hostile et la plus chaude au monde.

Berceau de l'humanité car c'est là que l'on a retrouvé le squelette de Lucy, il s'avère que c'est aussi le berceau de mes origines.

Je tourne une dernière fois dans mon studio. J'ouvre les placards de la chambre pour vérifier que je n'ai rien oublié et je passe dans la salle de bain. Je m'asperge le visage pour me rafraîchir. Il fait 31° aujourd'hui à Paris, normal pour un 28 juillet et je ne devrais pas m'en plaindre, en sachant ce qui m'attend. Non, je préfère me concentrer en pensant à tous ceux qui m'attendent. Tous ceux qui ne demandent qu'une main tendue.


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Bonjour à toutes et à tous... Vous m'avez manqué!!! Nouvelle histoire, nouvelle aventure. Et sur ce coup là, j'ai besoin de vous. Oui, oui de vous. Je vais participer au concours Fyctia "Au masculin" à partir de lundi 17 octobre, 10:00 (heure française). Donc je compte sur vous pour venir m'apporter un petit cœur et partager l'histoire. J'espère que vous aimerez "la promesse de la lune" autant que les "Écoute...". N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. A très très très bientôt. Biz, Aidan.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 17, 2016 ⏰

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La promesse de la Lune -Sous contrat d'édition- Publication le 2 juin 2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant