Chapitre 30:

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Je refermai la porte précipitamment, en la claquant. Les deux mains sur la tête, j'essayais d'empêcher les images qui m'assaillaient. Je n'avais pas vu le pire, mais je pouvais parfaitement me l'imaginer. Tous ceux avec qui j'avais déjà parlé, s'étaient retrouvés là, allongés, morts.

Les corps avaient été enlevé, mais pas les souvenirs que j'avais d'eux. Ils avaient été là, pendant des années, sans que personne ne le sache.
Moi, je le savais. Et pourtant, je les avais laissé. Je les avais abandonné. Ces gens, ces enfants qui n'avaient rien demandé. Ces enfants qui ne connaissaient rien à la vie et ne voulaient qu'apprendre. Je savais où ils étaient, je savais qu'ils étaient ici, sans vie, jusqu'à ce qu'ils soient découverts, des années plus tard, meconnaissables, à cause de leur corps dans un état de décomposition avancé.

Des bruits de pas me rappelérent que mes frères étaient là avec moi, inquiets.
Owen s'approcha, mais les larmes aux yeux, je l'arrêtai de la main. Je ne voulais pas entendre les mots réconfortant qu'il voulait me dire pour me soulager de ma peine.

Je lui tournai le dos et me dirigeai d'un pas vif vers la porte de la cave. Je commençais à descendre, lorsque la sensation de tomber me submergea comme quand le maître m'avait jeté dans la cave. Je manquai de peu de dévaler les marches en bois, en me rattrapant à la rampe. Un élan de colère me poussa à frapper dans le mur plusieurs fois, puis une immense tristesse le remplaça et mes forces me quittèrent. D'un pas chancelant, je descendis les dernières marches et je m'assis la tête entre les mains.

***
- Arrête de me frapper! J'ai rien fait!

- Tu lui as donner ta part à manger. Je te punis juste.

- Arrête! Arrête! Ça fait mal... j'ai mal...

- Je ne te frappes pas avec ma ceinture aujourd'hui! Contente toi au moins de ça, petite égoïste!

- Aïe.... aaïe....

***

- La ceinture ou le poing, ça fait tout aussi mal! hurlai-je brusquement en jetant un regard furieux à la cheminée.

Elle était toujours là, lorsque je me faisais frapper. Elle était là quand le maître avait gravé mon nom sur mon épaule. Je la fixais toujours, regardant les braises rougeoyantes pour essayer d'oublier la douleur que j'éprouvais lorsqu'il me torturait.
J'attrapai le premier objet qui me tomba sous la main et le balança dans la cheminée poussiéreuse. J'allais recommencer en jetant quelque chose d'autres quand mon regard fut attiré pars une trace circulaire dans la poussière. Elle allait d'un côté de la cheminée jusqu'à un poteau. La trace était semblable à celle qu'une porte ferait.

J'essuyai les larmes sur mes joies et m'approchai de la cheminée, intriguée. Je touchai du bout des doigts la trace dans la poussière. Quelque chose a été traîné ici. Je frappais sur le fond de la cheminée et lorsqu'un bruit sourd résona, je m'exclamai :

- Le mur est creux!

Colère, tristesse et frustration disparurent d'un coup, remplacés par l'excitation de ma découverte.

- Et s'il y avait un passage secret? hasardai-je tout bas.

J'examinai alors sous toutes les coutures la cheminée afin de trouver un mécanisme qui ouvrirait une porte cachée. Je tatai les bords, je poussai les objets posés dessus mais rien n'y fit. Finalement, je reculai de deux pas pour avoir une vue d'ensemble.
Sur le côté de la cheminée, je remarquai des traces de mains dans la poussière. Je superposai mes mains dessus et appuyai, mais la cheminée ne bougea pas. Je décidai alors de tirer le coin de la cheminée à partir des traces de mains, et un sinistre grincement retentit.

L'Ange RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant