La constatation.

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*Musique de Star Wars* 

C'était mon portable. J'étais un peu occupée, j'avais demandé ma matinée à mon boss, ce qu'il m'avait accordé, et là c'était lui qui m'appelait. Sauf que j'étais actuellement sur une table de tatouage, allongé sur le côté, à me faire tatouer la cuisse. J'entendais la sonnerie arriver au bout. Je me disais que j'étais peut être un peu inhumaine de ne pas lui répondre, mais ça faisait deux heures que je subissais les accoups incessants de la machine, et son bruit de mouche en vol. Et mon tatouage était loin d'être fini.. Je poussais un petit gémissement de douleur juste à cet instant, et je mordis mon poignet avec force pour étouffer à la fois mes larmes et mes gémissements de souffrance. Ma jambe était en feu ou presque et je me sentais moins bien d'un coup, ma conscience professionnelle était plus forte que la volonté de tenir en face de ma souffrance et de mon choix de tatouage. Je finis par murmurer, à mon tatoueur, comme une supplication : 


- J'ai besoin d'une petite pause s'il te plaît ... 


La machine s'arrêta presque tout de suite, et il me regarda. 


- Ne te lève pas trop vite, et je comprends, j'ai aussi des fourmis à cause de la vibration de la machine. 


Il se leva, enleva ses gants, puis il sortit de la salle en me proposant un café, que j'acceptais. Je me levais en faisant une étape assise sur la table, puis je descendis. Ma jambe tremblait sous l'effet de la brûlure, mais j'allais regarder mon téléphone. J'avais un appel en absence de mon "boss", qui était plus un client, mais que je préférais appeler "patron". Je vis que j'avais aussi plusieurs SMS de sa part, qui me demandaient à quelle heure je revenais, si j'allais bien, si j'étais en bonne santé, où j'étais. Je souris légèrement, c'était attentionné, mais je me posais des questions sur son état de santé. Je répondis assez brièvement avec un petit smiley, comme pour le rassurer. 

Text : Je vais bien, je reviens en début d'après midi, vers 14h. Vous serez à l'entraînement mais je vous attendrais chez vous, comme d'habitude. Je vous prendrais à manger. A tout à l'heure Boss ;) 


Je posais mon portable sur mon sac, sur la petite chaise, en le mettant en vibreur, puis je vis mon tatoueur revenir alors que j'avais posé les yeux sur le dessin des fleurs qu'il était en train de m'encrer dans la cuisse. ( http://tatouage-de-femme.fr/modele-photo/idee-tatouage-fleurs-noir-et-gris-femme-cuisse-1453634805.jpg ) Le dessin était magnifique, et j'étais très heureuse de mon choix. Nous avions bien avancé dans le travail, il était 11h et je serais à l'heure. J'entendis le vibreur de mon portable faire trembler la chaise sur laquelle il était posé alors que je venais de m'allonger de nouveau. 

Je finis par poser mon front contre mon bras et attendre la fin de la séance pour enfin pouvoir sortir et respirer un peu d'air. J'enfilais mon short très large et qui tombait sur mes genoux, et je payais avant de sortir, ma jambe enveloppée dans du papier transparent alimentaire. Je récupérais ma voiture et me rendait chez Mcdo, j'étais affamée. Je pris mon menu avant d'aller me poser sur le parking pour manger en vitesse, il était déjà 13h30. Je mangeais donc rapidement, puis je filais à la maison de mon boss. Sur place, c'était le bordel. J'étais partie hier soir, et en une matinée le bordel s'était installé : la vaisselle sale, les vêtements éparpillés dans la chambre, les t shirts de l'Equipe de France sur le lit ... Je poussais un long soupir, j'avais fais le tour pour évaluer la quantité de travail avant même de poser mon sac mais j'étais déjà débordée. En plus, le plastique sur ma cuisse me grattait beaucoup, mais j'essayais de faire abstraction. Je commençais par ranger la cuisine ouverte, puis le salon. Je passais l'aspirateur et lavais le sol en passant, puis j'en fis autant avec le couloir et la salle de bain. Une fois la machine à laver mise en route, je m'attaquais à la chambre. Les t shirts du numéro 7 de l'équipe de France étaient en boule sur le lit, certains par terre, des ballons étaient dans tous les coins de toutes les pièces. Je pris mon courage à deux mains, et en quatre heures, la maison avait retrouvé figure humaine. J'avais mérité une douche que je pris en vitesse avant le retour de mon patron. Une fois de nouveau habillée avec mes soins sur ma jambe, je remis mon short un peu lâche et je m'assis à mon bureau dans ma petite chambre au bout du couloir, allumais l'ordinateur pour feuilleter un peu les actualités sur ma célébrité. J'avais lu quelques articles quand j'entendis la voiture se garer dans l'allée. Je pris une longue inspiration pour prendre sur moi son moral qui me semblait au plus bas ces derniers jours, et ce depuis la finale de l'Euro. Puis je jetais un regard à mon reflet avant de sortir de la pièce, laissant mon portable et l'ordinateur sur le bureau. Je l'entendais traîner les pieds dans les cailloux, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules. Ces derniers matchs avec l'Athletico avaient pourtant été très bons, mais je n'avais pas l'impression qu'il supportait d'avoir perdu les deux coupes en l'espace de deux mois. Je me mordillais la lèvre en entendant la clef tourner dans la serrure, puis une nouvelle prise en charge de ma part, et quand il ouvrit la porte, sur mon visage était collé un grand sourire. 

- Bonjour ! J'espère que votre journée s'est bien passée ! 

Je ne lui avais pas laissé le temps de se morfondre, comme pour ne lui laisser aucun temps mort pour qu'il ressasse des idées noires. Un petit sourire naquit sur son visage en creusant ses fossettes et il posa son gros sac par terre près de la porte. 

- Gemma ! Je suis content de te voir ! En plus tu as tout rangé ... 


Son regard venait de faire le tour de la pièce et il avait sourit en voyant que c'était propre. Je lui fis un sourire plus large avant de dire. 

- Je ne pensais pas que vous rentreriez si tôt, vous voulez manger quoi et dans combien de temps ? 

Je restais professionnelle, c'était mon métier après tout. Enfin, jamais je n'en avais fait autant pour quelqu'un dont je m'étais occupé, mais je me rendais bien compte qu'il n'allait pas bien ces derniers temps, alors je m'investissais un peu plus dans mon travail, pour l'aider à garder le moral. 

- Attends j'ai besoin de me poser cinq minutes, on à beaucoup bossé les courses et les pointes de vitesse et j'ai super mal dans les mollets. 

Je ne répondis rien, mais je le laissais aller s'asseoir dans le canapé. Il avait retiré ses baskets à l'entrée, et laissé son sac là bas. Quand il fut assis, j'allais chercher son sac, puis j'en sortis les vêtements sales pour les mettre à la salle de bain. Mon boulot devenait de plus en plus envahissant ces derniers temps, mais au final pour ma part ce n'était pas si mal, je me sentais plutôt bien comme ça. Une fois dans la salle de bain, je me glissais dans ma chambre pour finir mes recherches. Finalement, j'entendis son portable sonner dans l'entrée puis j'écoutais discrètement la conversation. Gameiro voulait sortir manger avec lui, j'attendais donc qu'il m'en informe pour répondre à ma question de tout à l'heure. Mais il se ravisa et lui proposa de venir manger ici. Je me mordis la lèvre sans quitter mon écran, puis il s'approcha. 

- Gemma, y'a Kevin qui va venir manger, il prend les pizzas, donc ne te dérange pas. Est ce que tu en veux ? 

Je levais les yeux de l'écran de mon ordinateur pour le fixer de longues secondes. Son visage était fatigué, les cernes sous ses yeux s'étaient installées pour une durée indéterminée, il avait perdu un peu de poids. C'était la première fois que j'avais réellement le temps de l'observer pour de vrai et effectivement, il n'allait vraiment pas bien ... Je lui fis un sourire léger avant de répondre, assez aimablement. 

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, j'ai mangé chez nos amis américains à midi ... 

Il secoua la tête. 

- Fais pas la fine bouche, manges avec nous, allez... 

Je ne pouvais de toute manière pas lui dire non, c'était impossible. Je finis par hocher la tête et me remettre sur mon écran, tout en le voyant du coin de l'oeil marcher de manière un peu plus joyeuse. 

Alors je pouvais réellement l'aider ? Je souris, toute seule. La voilà ma nouvelle mission : lui rendre son sourire. Car Antoine Griezmann était définitivement en train de déprimer... 




_______ Bonjouuur ! 

J'ai volontairement omis la partie " Erika " pour avoir plus de cohérence dans l'histoire, j'attends vos avis ;)  

Des bisous!

Entre le Ballon Et La CageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant