The Madely

Elena chapitre 8 - 3

∼ Becca - Hayden, mon petit frère. Hayden - Becca, ma collègue cinglée. ∼

Après avoir pris un air faussement outré, elle répond d'un air entendu et compatissant :
∼ Bon ok, peut-être un peu... Alors qu'est-ce que je peux vous servir ? ∼
∼ Deux Jack sans glace, s'te plaît. La soirée ne fait que commencer et je pense qu'Elena va en avoir besoin... ∼

Sans perdre de temps, ma collègue part nous chercher nos boissons et revient les déposer à table avant de repartir slalomer de table en table. Le bruit de verre qui claque sur la table me fait sursauter et me ramène parmi eux.

∼ Tu sais, commence mon frère, il a l'air d'être passé à autre chose... Tu devrais en faire de même... ∼
∼ Je n'ai vraiment aucune envie de parler de ça ce soir... j'ai été distraite, je ne m'attendais pas à le voir ici avec quelqu'un mais ça va passer, puis c'est ta première soirée à Paris, il faut que tu t'amuses ! ∼

Je m'efforce comme je peux de faire bonne figure, d'avoir l'air enjoué mais mon esprit reste concentré sur la table où se trouve Adriel ce qui n'échappe pas à mon frère. Malgré tout, il a le mérite de me faire rire lorsque je réponds à côté de la plaque. J'en suis à faire semblant que c'est à cause de l'alcool pour être certaine de ne pas passer pour la dernière des imbéciles ou encore revenir sur le sujet épineux.

Quand le bar commence à désemplir, Becca vient se joindre à nous l'air de rien mais je sais qu'elle est à la fois intriguée par mon frère et soucieuse pour moi. Le ton de la conversation devient de plus en plus léger à mesure que l'alcool fait réellement effet. Avec Rebecca à notre table, je peux enfin me permettre de laisser un peu Hayden et feindre un besoin urgent pour m'éclipser, mes deux pipelettes préférées ensemble me garantissent quelques minutes de solitude tant espérée.
Je me dirige vers les wc mais quand mes yeux rencontrent ceux de la blonde, je suis prise d'un haut le coeur et j'opte pour sortir prendre un bol d'air frais avant de me ridiculiser davantage.
L'air chaud et humide de l'extérieur ne m'aide en rien mais au moins je suis seule, tout le monde à déserter la rue et je peux laisser déborder mes émotions qui ruissellent sur mes joues. Les secondes puis les minutes passent avant que quelqu'un s'avance vers moi. Les yeux plein de larmes et l'obscurité m'empêchent de bien voir mais la silhouette ne m'est pas inconnue. De toutes les personnes que je connais, cet espèce de mannequin à la chevelure blonde est vraiment la dernière que j'ai envie qui me voit dans cet état ! Je jure intérieurement toutes les insultes possibles et imaginables. Après la colère, c'est à nouveau la honte qui s'empare de moi lorsque Barbie me tend un mouchoir. Son geste n'est ni moqueur ni spécialement gentil non plus, elle est plantée là devant moi, perplexe.
Je saisis le bout de papier en marmonnant un merci aussi faux qu'ironique puis comme si nous étions des amies depuis toujours elle s'assied sur la marche près de moi et pose sa main dans mon dos avant de se lancer :

∼ Je m'appelles Anya... Et tu sais, il n'y a jamais rien eu entre Adriel et moi et il ne se passera jamais rien. Tu n'as pas le droit de te comporter de la sorte alors que c'est toi qui te pointes avec un autre mec à ton bras ! ∼
∼ Hayden ?! Mais c'est mon frère ! ∼ je m'étrangle alors que son visage s'adoucit.
∼ En vérité, je m'en suis doutée, surtout quand je t'ai trouvée ici mais Adriel... Tu es la première personne à qui il s'attache, il ne sait pas comment gérer ses émotions ni comment se comporter avec toi. Tu n'imagines pas dans quel état je l'ai trouvé tout à l'heure... Et s'il apprend que je t'ai raconté ça, il va m'arracher la tête mais vu ce que vous vous infligez l'un à l'autre, je suppose que ça vaut la peine de prendre le risque... ∼ elle me sourit avant de se relever.

D'un air entendu, je me relève péniblement tandis qu'elle s'éloigne me faisant un bref signe de la main. Un pas après l'autre, j'avance vers l'entrée du pub, ma tête tourne d'autant plus sous l'impact de notre échange et mes nausées ne m'ont toujours pas quittées, rythmées par mes interrogations.

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