La ronde des temps ou Comment naquirent les temps de la conjugaison française.

La fuite de Chronos.

Tout le monde connaît la terrible vengeance de Zeus envers son père Chronos, non ? Petit rappel : une prophétie ayant annoncé que Chronos, roi et dieu de l'univers et du Temps, serait détrôné par l'un de ses enfants, Chronos décida, par prudence, de tuer tous ses enfants en les dévorant. Heureusement pour eux et malheureusement pour Chronos, Zeus parvint à s'échapper, à délivrer ses frères et sœurs et à tuer leur ogre de père. Comme prédit par la prophétie. Si cette histoire est de notoriété publique, il est toutefois un épisode que les grecs, dans leur grande suffisance, ne se sont pas soucié de conserver dans leurs annales : la naissance des temps de la conjugaison française. C'est ce secret que mon ordre a fait serment de protéger et perpétuer. C'est ce secret que je vous livre aujourd'hui, mon digne successeur.

Après avoir avalé tous ses enfants, Chronos fut donc attaqué par son fils Zeus, qui l'ouvrit de part en part pour en délivrer ses frères et sœurs. Malgré la violence de cette attaque, Chronos parvint à s'échapper et à trouver refuge en France, ou du moins dans cette région qui ne portait pas encore ce nom à l'époque. Affaibli, blessé, isolé, Chronos se cacha dans une caverne. Soigné par sa mère, Gaïa, qui était la terre et donc aussi la grotte, il souffrit moins mais se mourrait néanmoins. Entouré des soins de sa mère, il perdit peu à peu l'esprit et, comme beaucoup de dieux grecs, commit un acte odieux que les grecs ont préféré passer sous silence : il viola sa mère. Quelques temps plus tard, Chronos mourut. Gaïa, sa mère – et désormais celle des enfants de Chronos à venir –, se terra dans cette grotte jusqu'à leur naissance. Un beau matin d'hiver frais et ensoleillé naquirent donc les six derniers fils de Chronos : Indicatif, Subjonctif, Conditionnel, Impératif, Infinitif et Participe. Ils furent élevés dans le plus grand secret par leur mère et grand-mère jusqu'à leur âge d'homme. Alors seulement, Gaïa consentit à revenir parmi les dieux mais, honteuse de ce secret inavouable, elle se cacha dans son palais et ne reparut plus.