Chapitre 40

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Point de vue de Lauren

Deux semaines. Ça fait deux semaines que Camila est inconsciente. Que je suis partie de la maison des Cabello, que je n'ai parlé ni à Ally, ni à Normani, ni même à Dinah. Je ne mange plus correctement, je ne dors plus de peur de recommencer à la voir comme je l'ai vue, défigurée, tellement pâle qu'elle aurait pu rendre jaloux un fantôme, toute trace de vie quittant progressivement son corps. Je ne veux pas m'endormir non plus, quand je suis dans le noir et le silence, avant de sombrer dans le sommeil, je me rends compte que je suis seule et que je l'ai toujours été. Je n'ai rendu visite à Camz qu'une fois depuis qu'elle est à l'hôpital ; je n'ai pas réussi à y retourner quand je l'ai vue, elle avait l'air si fragile dans sa grande chambre blanche, reliée à tant de fils... j'ai tellement peur pour elle.

J'avais besoin d'être seule un moment, je ne sais toujours pas ce qu'il lui est arrivé d'ailleurs. Après un énième appel entrant sur mon téléphone, je décide finalement de répondre à Ally :

« Oui ?

-Lauren, tu réponds enfin...

-Qu'est-ce qui a ?

-Rejoints-moi chez Sinhue dans une heure il faut qu'on parle de Mila. Y aura Dinah aussi. »

Après une courte pose, elle ajoute d'un ton autoritaire :

« Tu n'as pas le droit de refuser. Si dans une heure t'es pas là, je te trouve et je te ramène par la peau du cul. »

Je ne réponds pas et elle raccroche. J'irai, je sais qu'elle est capable de mettre à exécution sa menace et puis, je veux savoir ce qui est arrivé à Camz. Ally en sait peut-être plus que moi étant donné que c'est elle qui a retrouvé Camila ce soir là.

Je suis dans une toute petite chambre d'hôtel que je me paye avec mes différents petits boulots, je n'arrivais pas à vivre dans sa maison sans elle. Voir cette maison vide de sa présence, mais avec tant de souvenirs d'elle. Je me lève et me dirige vers la salle de bain. J'enlève tous mes vêtements et entre dans la douche en faisant couler de l'eau bien chaude sur ma peau nue. Mes larmes se mélangent à l'eau qui coule sur mon visage. Camila me manque. Je suis seule, je l'ai toujours été au fond. Même si j'ai toujours été très entourée -trop même peut-être-, j'ai toujours été seule au fond de moi, je n'avais que Dinah dans ma vie. Puis je l'avais rencontrée Elle, et puis je l'ai perdue et j'ai changé. Je suis devenue une fille forte, enfin c'est l'image que je voulais renvoyer aux autres et je n'ai pas trouvé mieux que de ne m'attacher à personne pour me protéger moi-même et surtout pour protéger les autres. Puis Camila est arrivée et a bouleversé mes plan de solitude, au début j'ai détesté ça. Elle est tout ce que je ne suis pas, gentille, intelligente, adorable, généreuse, belle, parfaite... elle me manque, elle me manque tellement.

Je sors de ma douche et enroule une serviette autour de mon corps. Je regarde mon téléphone pour voir l'heure, il me reste une demi heure pour aller chez Sinuhe. J'enfile un vieux jean troué et un sweat noir à capuche, je ne prends pas la peine de me coiffer ou de me maquiller, je ne suis pas d'humeur pour toutes ces conneries.

J'avais récupéré ma voiture quand je suis partie de la maison des Cabello sans trop me préoccuper de mes parents et maintenant que j'y réfléchi, j'ai eu de la chance qu'ils ne m'aient pas vue. Je m'assieds dans le siège du côté conducteur, mets ma ceinture. Je reste là un moment sans bouger et me mets soudain à rire. Je ris tellement que je ressens une forte douleur dans les joues mais je continue à rire, je pense à ma mère qui m'a payé la conduite accompagnée -même si je ne respectais pas toujours le terme ''accompagnée''- pour me faire plaisir et me remonter le moral après ce que me faisait mon père, je pense aussi à mon père qui m'a offert cette voiture pour se faire ''pardonner'' après l'une de ses colères, parfois je me demande comment il l'a payé mais finalement je m'en moque. Il pense toujours pouvoir acheter mon amour, qu'il peut me frapper et m'insulter quand il veut, parfois même faire comme si je n'existais pas pendant plusieurs mois et qu'il n'avait qu'à revenir avec un cadeau pour que je l'aime comme je l'ai aimé étant enfant. Je ris encore et encore, j'ai mal aux côtes tellement je ris, maintenant je suis majeure, j'ai une voiture, assez d'argent pour pouvoir survivre un moment toute seule, je travaille. Je continue à rire, des larmes coulent sur mes joues et les rires se transforment progressivement en pleurs, puis de nouveau en rires. Je suis ridicule à rire et pleurer toute seule dans ma voiture. Je me calme, sèche mes larmes et prends une cigarette que je place entre mes lèvres avant de l'allumer. Je laisse la fumée pénétrer dans mes poumons et expire pendant un moment puis je recommence jusqu'à la finir. Enfin je me mets en route pour la maison de Sinhue. La route me semble longue, très longue mais je n'ai mis que vingt minutes à arriver à destination. Je me gare et sors de la voiture. Je suis pile à l'heure.

Oublie-moi [Camren]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant