Chapitre I - Partie 1

Depuis le début
                                    

« Alors Gritta, toujours vivante ?

- Oui, et plus que tu ne peux le croire jeune homme. Répondit l'ancienne. » Gaerald éclata de rire puis, reprenant son souffle, poursuivit :

« Je t'apporte ce que tu m'as demandé : les trois-cent grammes de myrrhe, le demi kilo de menthe et quatre cents grammes de tungstène poli. » La vielle femme saisit la marchandise avant de remettre au jeune homme une bourse lourde de cent florins. Sur ce, ils se séparèrent. Gaerald revint sans encombre sur la route principale avec son loup. 

Il avançait tranquillement au milieu des hauts bâtiments de pierre décorés de bannières à l'image de l'ordre : Le fond d'argent mantelé d'azur aux cercles d'or, surmonté de deux lys pourpre. Il parvint ensuite sur une place ronde pavée abritant plusieurs commerces prestigieux ombragés par deux beaux chênes centenaires. Au nord-est de celle-ci s'élevait une grande bâtisse de pierre et de verre composée de nombreuses flèches et arcs. Chaque élément de l'édifice semblait vouloir s'échapper vers les cieux, et ce sentiment était renforcé par les formes abstraites de vitraux chatoyants.

Gaerald s'avança dans le bâtiment alors qu'un évêque s'avançait vers l'autel sous les regards d'une trentaine de citadins fortunés. Son rang était indiqué par le médaillon qu'il portait. L'homme était chauve et portait une longue barbe tressée. Son ample robe blanche ornée de rouge et d'or remontait sur son cou pour s'ouvrir telle une fleur sous le menton du clerc. Soulevant un grand sceptre orné de lys, il entama son prêche :

"Mes frères, priez le Créateur, agenouillez-vous devant lui ! Purifiez-vous de vos vices grâce à la parole du Divin ! Il y a plus de mille milliers d'années, Ô Vär-Gul à crée le monde et l'a libéré de son mal. Depuis, l'Homme Pieux s'efforce de préserver l'équilibre, face aux Impurs médisants ! Avouez vos péchés et laissez-vous libérer de l'influence du mal ! Que le Créateur veille sur vous !" L'évêque continua son discours mais Gaerald n'écoutait qu'à moitié. A la fin de la messe, il s'avança lentement vers l'autel et mit une genou à terre. Il saisit quelques poils de Lyn et sortit un paquet d'herbes alchimiques de sa bourse. Il prit la lame rituelle ornée d'or et se coupa une mèche de cheveux. Il jeta le tout dans les flammes brûlant face à lui et laissa le prêtre lui apposer ses mains sur le front.

Gaerald ressortit solennellement de l'église et vit le soleil décliant se refléter dans le blason d'argent de l'église : la croix pourpre sur fond d'argent ornée d'un lys fleuri et mantelée de feuilles. Calmement, il enfourcha Lyn et se mit à avancer vers le citadelle de l'Ordre.

L'entrée principale de la bâtisse se composait d'une arche formée de deux loups de pierre luttant. S'ouvrait ensuite une grande place dallée de marbre sur laquelle les membres de l'ordre des loups, surnommés les meutiers, prodiguaient soins et conseils aux citoyens de Kaher-Logias. Le reste du château était uniquement autorisé aux meutiers. Gaerald pénétra dans la place blanche puis franchit en trombe les deux lourds vantaux de bois sculpté qui séparait la place du reste du bâtiment. Gaerald freina en arrivant sur une deuxième place, plus petite, au milieu de laquelle un loup de pierre dormait enroulé sur lui-même autour d'un immense mélèze.

Cette cour était la place centrale de la citadelle. A l'ouest comme à l'est de celle-ci de nombreux bâtiments bas serpentaient dans l'enceinte du château. Ils accueillent les écuries, les dortoirs des serviteurs, l'école des futur meutiers et leurs chambres... Face au jeune homme, deux immenses portes d'argent sculpté donnaient sur un immense bâtiment carré de cinq étages au milieu duquel pointait une énorme tour ronde de marbre couronnée d'un resplendissant dôme d'or, d'airain et de verre. Le bâtiment rectangulaire contenait l'immense salle de banquet, les cuisines, les quartiers personnels des meutiers et la bibliothèque principale du lieu.

Le donjon blanc, quant à lui, accueillait dans ses bas étages les salles d'entraînement des meutiers. Dans les étages centraux étaient installées les forges spéciales du lieu et les salles alchimiques. Dans les étages supérieurs habitait maître Tristan, le maître absolu des meutiers, le seul homme encore en vie à avoir connu Theobran, le fondateur de l'ordre.

Gaerald franchit les portes d'argent et entra dans la bâtisse carrée. Il se retrouva dans un immense hall de tuffeau vierge. Il prit l'escalier de gauche et monta, accompagné de Lyn, jusqu'au dernier étage. Là s'ouvrait un grand couloir au sol tapissé de moquettes chatoyantes et aux murs couverts des portraits de tous les meutiers ayant un jour ou l'autre vécu ici. Le jeune meutier allait franchir la troisième porte à gauche du couloir quand Thomas, son meilleur ami et frère de cœur, arriva. Thomas était grand mais plutôt trapu. Il portait une armure en tout point semblable à celle de Gaerald à cela près qu'elle était en airain. Le jeune homme avait de suintants cheveux auburn qui se plaquaient sur son crâne. Celui-ci, essoufflé, lui dit haletant:

« Ga...e...rald... le grand maître... veut te... voir...

- LE grand maître ! s'étonna le jeune meutier.

- Ouais, grouille !!! » Les deux jeunes gens se mirent à dévaler l'escalier.

Chroniques de la Mâ - Partie 1/Les paladins de BhaldërusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant