Laissez Moi Aimer - Tome 2

12.

Amélie referma la porte derrière elle et m'invita à m'asseoir sur le lit. Je m'exécutai, je n'osais pas la regarder: elle avait compris. Mes yeux se posèrent alors sur le drapeau à mes côtés. Je me sentis vraiment stupide, pourquoi ne l'avais-je pas caché ? Oh, et puis merde !

" Je t'écoute, m'exclamai-je. "

J'osai enfin croiser nos regards. Je ne voyais pas de colère dans ses yeux, ni de tristesse et encore moins de dégoût. Elle se pinçait la lèvre, ne sachant pas par quoi commencer. J'hésitais à dire quelque chose, à faire le premier pas, je savais de quoi elle allait me parler. Elle se retourna légèrement, jetant un coup d'œil à l'ordinateur derrière elle, puis vers moi à nouveau.

"Tu as sûrement vu ma recherche, dit-elle enfin.

- Hum, oui.. Désolé, je ne voulais pas t'espionner, tu avais laissé la page allumée, répondis-je en baissant les yeux, un peu gênée.".

Elle vint aussitôt s'asseoir à mes côtes. Je sentis son bras autour de moi, et sa main caresser mon dos.

" Hé, ne t'excuse pas.. écoute, c'est à moi d'être désolé... Désolé de m'être mêlée de ta vie privée mais c'était pour avoir des réponses à plusieurs questions qui me hantaient.

- Quelles questions ? demandai-je alors que je connaissais très bien la réponse.

- Heu..T-tu... Tu es lesbienne ? elle me posa cette question avec, comme une gêne dans la voix, sûrement par peur de me blesser.

- Oui."

Exactement, je dis bien exactement comme Axelle, elle me prit dans ses bras et me serra. Elle poussait des petits cris de joie, elle semblait toute contente. Elle me rassura beaucoup, me mit à l'aise juste avec sa réaction, c'était adorable.

" Je suis tellement forte ! s'écria t-elle, entreprenant une petite danse qu'on pourrait qualifier de danse de la victoire.

- Ça se voit tant que ça ? demandai-je.

- Disons que j'ai un peu regardé tes messages sur Skype avec Ella, tu devrais apprendre à te déconnecter, elle se mit à rire puis continua plus sérieusement, tu sais Sacha, je m'en fiche, tu fais ce que tu veux ! Si tu préfères les doigts c'est pas ma faute !

- Oh Amélie tu n'étais pas obligé de dire ça."

On se mit à rire toutes les deux et elle me reprit dans ses bras, ne cessant jamais de me rassurer. Elle me demanda si elle pouvait le dire à Morgane, mais je préférais attendre un peu. Nous discutâmes un peu, je lui expliquais l'histoire avec Dimitri et ma mère. Elle se sentait tellement mal pour moi.

*

" Je te l'ai déjà envoyé par sms Gauthier, tu effaces tous mes messages ou quoi ? Bon.. je te le redis une dernière fois: étage n°4, appartement 36, tu as noté ? D'accord, à tout de suite ".

J'appuyai sur le bouton rouge de l'écran du téléphone pour mettre fin à l'appel avec mon frère. Je passai devant le miroir du salon et me regardai une énième fois, aucun défaut sur ma tenue et mes cheveux parfaitement attachés. Je semblais bien, assez bien pour la visite de mon frère. Gauthier a fait tout ce chemin pour me voir, enfin je pensais que ce n'était rien que pour moi avant qu'il me dise qu'il rendait également visite à un ami qui n'habitait pas très loin. C'était évident. J'avais vraiment hâte de le revoir, c'était bizarre, non ? On toqua à la porte, ce qui me fit sortir de mes pensées. Marlène se leva la première, me devançant. Elle ouvrit la porte, et n'eut même pas le temps de saluer mon frère que je courus pour lui sauter dans les bras.

" Mon dieu, tu m'écrases.. J'ai beau être musclé, je sens que je vais tomber Sacha, dit Gauthier, se moquant de moi. "

Il me lâcha et je posai les pieds à terre. Il se tourna vers notre tante et lui fit la bise.

" Tu as bien grandi dis donc. Quand je t'ai vu la dernière fois, tu étais tout petit, s'exclama Marlène, entre mon grand je vais te faire un café si tu veux.

- Je veux bien, merci, répondit-il. "

On prit le goûter tous les trois, puisque Amélie était partie chez une amie. Après quelques minutes passées autour de la table, Marlène se leva et débarrassa la table. 

Je décidai de sortir avec mon frère pour qu'on puisse se retrouver. On s'assit sur un banc à côté de l'immeuble, il n'y avait pas grand monde, c'était agréable. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire. Je serrais les mains, un peu angoissée. Aucun de nous deux ne prononça un mot durant les premières minutes, mais il s'engagea enfin:

"Tu manques beaucoup tu sais ?

- C'est vrai ? Je manque à maman ?

- Maman je sais pas, mais moi oui."

Je souris, lui aussi et il me prit dans ses bras. Mon frère avait dépassé la vingtaine et habitait toujours chez nos parents. Je savais qu'il voulait partir, mais il devait finir ses études avant.

" Et papa ? repris-je après cette étreinte.

- Je n'en sais rien, je ne le vois plus... il marqua une pause, il est parti le lendemain de ton départ. Je crois il est allé chez Richard, tu sais son ami d'enfance. Il a eu une grosse dispute le soir où tu es partie, je n'avais jamais vu nos parents dans un tel état.

- Je suis désolée, vraiment, m'exclamai-je en baissant la tête, coupable.

- Ce n'est pas de ta faute, c'est plutôt celle de maman."

Son téléphone vibra, il le sortit de la poche de son jean et soupira quand il l'alluma. Il se leva et me dit qu'il devait partir. Je fis comme lui et il m'enlaça en me disant quelques mots comme je t'aime, je pense fort à toi ou encore bon courage. J'attendais qu'il disparaisse de mon champ de vision pour fondre en larmes.