Chapitre 5 « La reine de mes pensées »

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Il faisait beau sur le bateau qui l'amenait à la guerre. Il avait maintenant les cheveux coupés à ras... fini les longues boucles. Il ne savait pas ce qu'il cherchait, il ne savait ce qu'il voulait, tout ce qu'il savait c'était que, au lieu de gaspiller son temps à boire, il valait mieux l'utiliser à des fins plus nobles, plus nécessaires... La guerre n'était peut être pas l'idéal, mais... c'était tout de même mieux que de se noyer dans l'alcool...Il pensa à Susanna qu'il avait laissé en pleurs. C'était aussi pour elle qu'il le faisait, il devait chercher sa voie. Sa vie n'allait pas comme il le voulait, il y avait un vide, un très grand vide...À chaque fois qu'il remplissait son devoir conjugal, il était obligé d'imaginer une autre dans ses bras, c'était déloyal envers sa femme, mais c'était ça ou l'abstinence... Et sa femme l'aimait tellement qu'elle préférait avoir un mari dans son lit qui rêvait d'une autre que pas de mari du tout.

Il songeait souvent à elle, à son amour d'antan, son amour perdu... Souvent ? Non... Il ne s'était pas passé un jour sans qu'il n'ait pensé à elle... Elle était la reine de ses pensées... Vivre sans elle, c'était comme vivre sans son cœur, elle était son cœur, elle était son âme. Peut être que l'horreur de la guerre allait lui changer les idées.

Ils arrivèrent au camp militaire très tôt le matin, après une traversée d'une semaine et un long trajet en camion. Le camp militaires étaient surtout des grandes tentes et les nouveaux avaient celles laissées libres par les soldats tués lors des combats et ceux qui furent blessés ou amputés d'un membre quelconque. Les soldats qui étaient là avant, s'amusaient à faire passer certaines épreuves comme initiation aux nouveaux venus. Les épreuves consistaient à des exercices physiques mais avec de l'eau qui coulait sur eux, par exemple... Ou parfois plus amusant, chanter une chanson d'amour d'opéra... C'était surtout pour les détendre, car ils n'allaient pas tarder à se rendre compte que leur travail était loin d'être une partie de plaisir.

Terry fit la connaissance d'un jeune lieutenant qui était aussi un des docteurs du camp, et ils devinrent bons amis. Ils parlaient de tout et de rien, même de Shakespeare.

- Je suis acteur au théâtre, dit Terry.

- Grandchester.... dit le docteur... Oh mais oui ! Je ne t'ai pas reconnu sans tes cheveux !

Ils éclatèrent de rire. Terry avait lui-même de la difficulté à s'y habituer.

- Mais que viens-tu faire ici ? Tu n'as pas une femme, une carrière ? demanda le docteur

- Si, mais j'ai senti l'envie de venir ici me battre avec les autres, dit Terry

- Comme si c'était ton devoir... J'étais comme toi au début...

- Au début ? Et maintenant ?

- Je viens de me marier, et je ne suis plus très sûr que risquer ma vie en vaille la peine...

- Tu t'es marié en temps de guerre ?

- Mon père a de l'influence... Je ne voulais pas attendre la fin de la guerre... On ne sait jamais ce qui peut arriver... Je ne pouvais pas la laisser m'échapper encore... Melle Casse-cou...

- Melle Casse-cou ?

- Oui, c'est comme ça que je l'appelle, elle aime le risque...

- Elle est ici en France alors, que fait-elle ?

- Elle est infirmière et elle va souvent au front chercher les blessés...

- C'est dangereux en effet, dit Terry

- Elle frôle la mort chaque jour...

- Comme toi en fait...

- Oui...

C'EST FINI - completeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant