CHAPITRE 10

Depuis le début
                                    

Ils étaient des zombies vivants qui respiraient.

Qu'a-t-il fait ? pensa-t-il. Comment l'a-t-il fait ?

Il était hautement perturbé de voir d'autres humains se faire manipuler ainsi. Ce genre de chose se produisait régulièrement dans les films, et les téléspectateurs n'avaient pas l'empathie requise pour ressentir quoi que ce soit pour les victimes à l'écran. C'était feint de toute façon.

Maintenant qu'il en était témoin, il était secoué bien autrement. Ça semblait aussi intrusif. C'était comme si leur intimité était violée. Leur corps, leur esprit ; tout, violés. 

Un frisson glacé traversa Louis à cette pensée, mais Harry prit de nouveau sa main dans la sienne, et la sensation qu'il ressentit quant il le toucha n'était pas seulement scandaleusement sensuelle. Elle était aussi de mauvaise augure. Une partie de lui-même voulut s'éloigner de lui.

Harry baissa son regard vers lui, ses yeux rouges brûlant comme les feux de l'enfer. Son regard à faire frémir se plissa et son expression devint tout à fait sinistre. Sa poigne se resserra autour de ses doigts comme s'il avait lu ses pensées.

Mais, il m'a dit qu'il ne le faisait pas.

Il n'eut pas une seconde de plus pour réfléchir à cette notion renversante, car il se mit en marche, prenant de longues enjambées gracieuses en direction des portes de métal au bout du corridor. Ses paroles se répétèrent dans son esprit.

La morgue de la ville est vraiment le dernier endroit où j'ai rêvé de vous emmener.

Au-dessus des portes battantes se trouvaient les mots «Médecine légale».

Oh mon Dieu, pensa Louis. C'est vraiment là qu'il m'emmène. Avec les cadavres. Les mères, les pères, lees petites filles et les petits garçons qui ont tous perdu la vie avant leur temps. Oh non...

À ses côtés, Harry s'arrêta et baissa de nouveau les yeux vers lui. Il croisa son regard et observa que le rouge commençait à suinter de ses iris, passant d'une couleur semblable à celle de la lave en fusion à l'indigo avant de revenir au vert forêt, une fois de plus.

—Lou, est-ce que ça va ?

Mon Dieu, non, pensa Louis. Vous êtes un vampire et ces deux-là (il regarda les deux hommes qui les suivaient en direction des portes de la morgue) sont des vampires eux aussi et vous m'emmenez dans une morgue, pour l'amour de Dieu !

Il déglutit avec difficulté, remarquant pour la première fois qu'il avait tenté de libérer sa main de la sienne. Il ne l'avait cependant pas encore relâché. Il baissa son regard vers sa main, tentant désespérément d'obtenir une emprise sur la situation. Tout était vrai. Tout. Et tout se passait vraiment trop vite, merde.

Il secoua la tête.

—Non, dit-il.

—Laissez-moi entrer alors, exigea-t-il simplement.

La tête de Louis se releva en vitesse et il croisa son regard une fois de plus. Son expression était dure et inflexible. À l'aide de sa main libre, il lui tapota doucement le côté de la tête.

—Ici, précisa-t-il. Je peux rendre ceci plus facile pour vous.

Louis sentit ses yeux s'agrandir. Il jeta un coup d'oeil aux deux autres derrière Harry. Ils l'observaient en silence et leurs expression ne révélaient rien du tout.

Ressaisis-toi, Louis, se dit-il. Tu ne te sortiras pas de cette situation. Une peur bleue et sans équivoque traversa le centre de son corps comme une tige de métal, redressant sa colonne vertébrale et blessant presque son coeur. Il comprit subitement à qui il avait affaire, En fin de compte, il avait affaire avec des monstres.

Le Roi Vampire [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant