♀ CHAPITRE 30 ♀

19.2K 2K 178
                                    

D'une petite secousse sur l'épaule, Sacha me réveilla. J'étais un peu perdue au début, ne sachant pas réellement où j'étais. Puis, tout me revînt, un peu trop vite à mon goût. Je jetais un coup d'œil au réveil digital, il indiquait dix-neuf heure vingt. J'avais dormi toute la journée ! Sacha m'indiqua que le repas serait bientôt prêt.

Lentement, j'émergeai et me dirigeai vers la cuisine. Sacha avait baissé la luminosité de la lumière, ce qui avait pour effet de créer une ambiance calme et relaxante. Sur la petite table de la cuisine, il avait disposé très joliment les couverts, avec une bougie au centre. J'étais très surprise et la fois mal à l'aise de tant d'attention. Il se retourna et remarqua probablement que j'avais bloqué sur les bougies, puisqu'il souffla de rire.

— J'ai pas vraiment l'habitude d'avoir des invités comme toi... Je voulais faire ça bien...

— Non mais c'est très bien ! M'empressai-je d'ajouter. Qu'est-ce que tu prépares ?

Sacha plongea la cuillère en bois qu'il tenait, dans la marmite derrière lui, puis me la tendis, remplie d'une sauce orangée. Je posai mes lèvres sur le bois humide et aspirais doucement la sauce chaude. Ce fut le carnaval dans ma bouche. Je n'avais rien goûté d'aussi bon depuis un très long moment. J'écarquillais les yeux en le regardant.

— J'espère que cette tête veut dire ce c'est mangeable !

— C'est délicieux, qu'est-ce que c'est ?

— Rien d'extraordinaire, ricana-t-il. Juste une viande en sauce, tout ce qu'il y a de plus banal.

Je lui souris et ne me fit pas prier pour passer à table. Il attendit encore quelques minutes que le repas soit bien cuit et posa la marmite sur la table, accompagnée d'une casserole de riz. Le repas était très silencieux, et j'avalais la nourriture comme si c'était le dernier repas de ma vie. Sacha ne parlait pas, il se contentais de me jeter des regards curieux de temps en temps.

— Tu as l'air de bien connaitre Maxime... Lançai-je tout à coup.

Il hocha la tête en retroussant ses lèvres. Il continua de manger comme si je n'avais jamais posé la question. Il y avait quelque chose qu'il ne me disait pas.

— Comment tu l'as rencontré ? Continué-je, toujours plus curieuse que jamais.

Il soupira.

— Tu vas bien connaitre l'histoire à un moment ou un autre de toute façon, autant tout te raconter. Quand j'étais plus jeune, je faisais partit d'une famille plutôt aisée, on va pas se le cacher. Et puis un jour, mes parents et moi avons eu un accident de voiture. Un homme ivre au volant d'un camion nous a percuté de plein fouet à l'avant. J'étais derrière et je m'en suis tiré avec quelques fractures et commotions. Mes parents à l'avant n'ont pas survécu. Comme je n'avais personne qui puisse ou veuille s'occuper de moi, j'ai été envoyé dans une famille d'accueil, où j'ai rencontré Adam. A cette époque j'étais un enfant surdoué, j'avais sauté une classe, et je maîtrisais pas mal le hack. J'ai appris tout ce que je savais à Adam qui avait des problèmes avec son père. J'ai pris soin de lui comme de mon propre petit frère. Tout allait plutôt bien pour nous, enfin on a fait des conneries comme les gosses de notre âge, mais sans plus. Et puis Maxime est arrivé. Il dealait pas mal, et ça lui rapportait de l'argent même si c'était des petites quantités. Adam de son côté voulait toujours plus de matériel, plus de logiciels, enfin tu vois. Maxime avait l'argent, Adam le cerveau. Ils ont réussi à faire arrêter le père d'Adam tous les deux. A partir de là, je lui ai demandé d'arrêter tout ça, on avait plus besoin de vendre de la drogue, on avait suffisamment de matériel. Je hackais seulement les gens malhonnêtes, mais Adam... Adam voulait toujours plus.

— Et Maxime ? Pourquoi n'a-t-il pas arrêté de dealer ?

— Noa, quand tu peux te faire de l'argent, tu réfléchis pas. J'avoue que j'en ai profité, je me suis amélioré, je me suis perfectionné. Et les rumeurs ça va vite tu sais. Notre petit trio à commencer à avoir une réputation. Adam faisait des sortes de contrats, il hackait des gens sur demande contre de l'argent. Et puis il a continué comme ça devenant de plus en plus puissant si je puis dire. Et puis un jour, ceux qui fournissaient Maxime, ses supérieurs, sont venus voir Adam. Ils voulaient qu'il l'aide à attaquer une banque. Rien qu'ça. Adam devait se charger des caméras, des systèmes de sécurités. Contre toute attente ils ont réussi. Mais Maxime c'est fait prendre par la police, et il nous a balancé Adam et moi, au lieu de ses supérieurs. Tu parles, il avait peur de mourir !

— Quoi ? M'exclamai-je. Mais enfin, on est pas aux États-Unis.

— Pas besoin d'être aux states pour se faire tuer d'une balle en pleine tête ! On habitait dans les quartiers chauds vers Marseille !

J'étais choquée de ses révélation. Il existait un monde totalement opposé au miens, mais pourtant si proche. J'étais vraiment naïve.

— Et comment vous vous en êtes sorti ? Le questionnai-je ensuite.

— Adam a fait un coup de maître. Il a toujours un plan B. Il a fait un accord avec la police : il dénonçait un gros bras de la drogue, ses associés, et tout un tas d'infos sur eux, contre notre liberté. Les flics ont accepté, Adam avait accumulé tout un tas d'info sur les dealers. Sauf que, les flics croyaient que c'était les supérieurs de Maxime qui avaient l'argent de la banque, mais ils l'avaient pas. Les flics ont cherché pendant un bon moment.

Il ricana.

— C'était Adam ? C'est lui qui avait l'argent ?

— Oui ! Ensuite il a hacké une vielle dame assez riche, et avec l'argent qu'il a obtenu, on a fait un petit voyage aux Bahamas. On a ouvert des comptes là-bas, et on a partagé l'argent de la banque entre nous deux, un peu comme dans les films. Ensuite il a mis de l'argent sur ces comptes pendant deux ans. Il voulait mettre de côté pour qu'on ait la belle vie. Tout allait pour le mieux, jusqu'au virus.

— Je vois. Et cet endroit ?

— Il l'a construit peu après, il appelle ça La Boite. C'est ce que ça à l'air en surface. Il a acheté ce vieux chantier en ruine, et il a fait disposer les conteneurs de sorte à créer un bâtiment immense. C'est vraiment très grand, un vrai labyrinthe. Il en a fait une boite principalement, c'est sur quoi on tombe quand on entre par devant. Mais lorsqu'on entre par derrière, on tombe dans une sale qui ressemble aussi à une boite, mais où on peut boire à flot, se droguer... Mais l'entrée est très sécurisée, (C'était sûrement par la que Maxime et moi étions entrés.) Et derrière encore, se trouvent certaines filles qui veulent se faire un peu d'argent. Adam veille à ce qu'elles soient bien traitées, elles ont un toit, sont cachés des traqueurs, ont à manger. Alors elles n'ont pas rechigné.

— C'est horrible. Comment tu peux vivre ici ? Pourquoi tu ne pars pas ? M'offusqué-je.

— Et où j'irais ? Je n'ai nul part. Et même si Adam parait un mauvais garçon, il n'a pas eu une enfance facile...

— Ça n'excuse rien ! Crié-je.

— Et puis, il est comme un frère. Sans lui je n'ai plus personne.

— Je vois, soupirai-je.

Je me levai, cette histoire m'avait coupé l'appétit. Je me dirigeai vers la chambre lorsque quelqu'un toqua à la porte. Sacha se leva pour aller voir. Il parla tout bas à quelqu'un, puis se tourna vers moi.

— Noa c'est pour toi.

Maxime s'avança dans l'entrée.

— On m'a dit que je te trouverais ici. 

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant