[ PARTIE II ] Chapitre 3

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III.

L'acte d'Anna nous avait été tout à fait déroutant. Elle était celle qui était la plus déterminée à faire rentrer en cellule le véritable meurtrier. Et d'une minute à l'autre, elle changeait ses plans. Nous avions du avertir le bureau du tribunal que nous n'assisterons pas à l'audience, expliquer les raisons de notre absence et pourquoi Anna s'était décommandée, enfin le pourquoi du comment, on l’ignorait, alors, on a fait des suppositions.

Nous étions dans le bureau de Liam. Je m'étais assise sur son sofa en cuir noir, fixant le Burberry que Miles m'avait offert sur la table en verre rectangulaire. Il avait repris son Cubik cube, le regard anxieux.

― Écoute, on a qu'à l'appeler et savoir pourquoi... elle...

Liam m'a regardé dans le blanc des yeux, un regard à me faire peur et trembler. Il était bien trop sérieux. Il me stressait. A mort.

― Elle ne répondra pas.

Pourquoi il se montrait si négatif ? Évidemment qu'elle répondra. Pourquoi elle ne le ferait pas ?

― Elle a sans doute été menacée. Elle est dénoncée de meurtre, Brit.

Ah, ouais. Peut-être bien. Tout était clair maintenant... Anna est sans doute effrayée à l'heure qu'il est.

― On devrait la chercher, alors, ai-je proposé dans un soudain désir d’aller à la rencontre de notre cliente.

Je devrais arrêter avec mon angélisme, mais non. J’ignorais pourquoi, mais je détectais à plein nez le foutoir dans lequel Anna se trouvait. Et c’est ce que Liam ne comprenait pas. Que la situation était sans doute très grave. C’était louche qu’Anna abandonne subitement. Quelque chose se tramait et fallait qu’on se bouge pour trouver quoi, seulement, monsieur, adorait la posture de son fessier dans son parfait fauteuil et refusait de bouger le petit doigt. 

J’ai haussé des épaules.

—Et si elle était en train de cabaler, hein ?

Je sais, ça n’a aucun sens ce que je dis. Mais c’était probable.

—Anna ? a-t-il persiflé soudainement amusé par mes propos. Anna, en train de comploter ? 

 En prenant la posture d’un basketteur, il a jeté un document froissé dans la corbeille. Puis il a secoué de la tête en ma direction pour me faire comprendre que non, non, non et que ça resterait toujours non. 

J’ai roulé des yeux et me suis levée, mains sur les hanches.

—C’est possible, tout à fait possible ! ai-je lancé. Je suis donc la seule à prendre cette affaire au sérieux ?

Il a levé son mauvais regard sur moi. C’est parti, à moi les sermons. Avant même qu’il ait pu commencer sa phrase que j’ai levé le petit doigt, lui signifiant qu’il pouvait se garder toutes éventuelles réflexions nuisibles à mon ego.

—Ne me dis pas que je ne prends ce dossier au sérieux parce que je n’ai pas été fichue d’être à l’heure pour notre rendez-vous au tribunal, Liam.

Il a soupiré, contre son gré.

—Ok, très bien, m’a-t-il soufflé, dépité.

Mais je ne lâcherais pas prise. Je ne le fais jamais, d’ailleurs.

—Tu sais, elle est p’t’être même déjà en danger. 

Liam s’est levée vers son armoire à dossiers de justice et a tiré un tiroir vers lui avant de chercher une affaire avec appliqué. Ah, donc il baissait les bras et ne cherchait même pas à savoir comment Anna allait, c’est ça ?

BREF, j'ai une touche !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant