Chapitre 3 : Jeu dangereux

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— Tu es... bien insolente, dit-il enfin. Sais-tu seulement la punition que j'inflige aux vilaines filles comme toi ? interroge-t-il avec un laconique humour. Non, ne dis rien. Je pourrais tout aussi bien te faire passer l'envie t'ouvrir ta petite bouche.

Zack s'approche lentement de mon visage et saisit mon menton. Je ne peux plus bouger. Sans oublier que le seul vêtement que je porte remonte un peu trop au-dessus de mes genoux. Heureusement il n'y fait pas attention. Soudain, je ne sens plus le couteau sous ma gorge mais j'entends un cliquetis et le métal froid d'une arme qui se colle contre ma tempe tout en me glaçant d'horreur. Zack caresse ma joue, me faisant frissonner de dégoût et pourtant... il y a bien un « pourtant ». Un « pourtant » qui provoque en moi une sensation inconnue et étrange.

— Tu n'imagines pas... à quel point je pourrais me montrer cruel, susurre-t-il, au creux d'une de mes oreilles.

— Je n'ai pas peur.

— N'essaies pas de t'en convaincre. Encore moins de m'en convaincre. La peur danse tes yeux.

Par provocation, je lève les yeux pour fixer les deux pupilles noires de Zack. Bien sûr, il a raison, car je suis tétanisée. Malgré cela, il ne doit pas déceler la peur en moi. Je suis bien déterminée à lui prouver le contraire. Soutenant son regard impassible, j'essaye de déchiffrer son âme mais je ne distingue rien, excepté l'obscurité qui voile son regard. Notre petit jeu n'en finit pas.

— Tu devrais cesser de jouer à ça Rose, tu vas finir par perdre, dit Zack en rompant le silence.

— Si tu penses que je vais baisser les yeux, tu te trompes complètement.

Un sourire subtil se dessine alors sur son visage. Sans que je ne m'y attente il approche dangereusement ses lèvres, réduisant jusqu'au plus infime millimètre la proximité qui les sépare des miennes. Il n'en faut pas plus pour que mes yeux se détournent finalement des siens.

— Arrête, qu'est-ce que tu fais ?!

Il s'écarte de moi puis rit d'un rire moqueur.

— PER-DU, dit-il en détachant les syllabes. Considère ça comme une punition et fais attention la prochaine fois car je sais jouer à beaucoup de jeux, lâche-t-il plus sévèrement.

Zack me lâche et quitte la pièce. Je suis décontenancée et complètement humilié. Il m'a bien fait comprendre qu'il peut jouer avec mon cœur autant qu'avec ma vie. Je tente de retenir mes larmes. Je dois être forte, c'est le seul moyen de m'en sortir. Alors, je mords ma lèvre inférieure jusqu'à saigner un peu puis je serre mes poings.

Une fois calmée, j'entreprends d'ouvrir la valise laissée par Zack. À l'intérieur, il y a divers vêtements éparpillés en vrac et aussi quelques sous-vêtements. Mes joues s'enflamment de honte rien qu'en sachant qu'il a mis le nez dedans. D'un autre côté, je me rassure un peu en pensant qu'il n'a fait qu'exécuter ma volonté de ramener mes affaires. Il a simplement dû les prendre au hasard dans mon placard. Chassant ses pensées, j'ôte son t-shirt puis passe un pantalon noir en stretch. Par-dessus, j'enfile un long sweat-shirt blanc. Chanceuse, j'aperçois un chouchou rouge dépassant de l'une des poches d'un de mes jeans. Je l'ai probablement laissé dedans par inattention lorsque j'étais encore chez moi. Je peux enfin attacher mes longs cheveux en une haute queue de cheval. Je n'ai pas de miroir pour me contempler mais j'estime être vêtue suffisamment à l'aise pour affronter ma situation. Maintenant, j'éprouve le besoin de sortir de cette pièce. Soupirant, je vais donner de petits coups contre la porte.

— Zack, appelé-je avec une voix de repentir. S'il-te-plaît... je veux sortir de là ! Je n'en peux plus d'être renfermé... Zack...

Inutile d'insister, il ne me répondra pas. J'abdique. Mes genoux flanchent, je tombe faiblement le dos contre la porte. Sans énergie, je rampe vers mon lit et m'installe dessus. J'ai tellement dormi que je n'ai pas sommeil alors je me contente d'attendre et d'implorer Morphée de me prendre encore une fois dans ses bras.

Une voix lointaine m'appelle.

— Rose, Rose... tu es à moi.

Soudain, une silhouette fantomatique fait apparition dans le coin droit de la pièce. Cette « chose » m'est inconnue. Elle est enveloppée d'un nuage grisâtre et n'a pas de visage. J'ai juste l'impression que l'aura qu'elle dégage est néfaste et maléfique. La silhouette s'approche de moi. Je la vois plus nettement, elle ressemble à la Faucheuse telle qu'on représente cette allégorie de la mort. Mon cœur bat à tout rompre, j'ai terriblement peur et mes yeux commencent à s'humidifier.

— Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous me voulez ?

La chose ne répond pas. C'est avec le corps lourd que je saute hors du lit pour tenter d'atteindre la porte mais elle se déplace rapidement en lévitant et me barre le passage. Horrifiée, j'hurle de terreur et appelle à l'aide. Toutefois, aucun son ne sort de ma bouche. Désespérée, je tente une dernière tentative. Un seul nom me vient à l'esprit.

— Zack... aide-moi, je t'en supplie ! ZACK !

La chose m'empoigne la gorge et me soulève. Une vision effroyable m'apparaît et me pétrifie : le néant noir. Il m'aspire. L'extérieur de mon corps frissonne mais à l'intérieur, tout est bouillonnant. J'ai l'impression d'étouffer, l'apparition diabolique serre ma gorge. Mes forces m'abandonnent. Finalement, la chose répond à ma deuxième question avec une voix d'outre-tombe.

— Ce que je veux c'est... ta mort.

Crédits : Matsuri Hino, Vampire Knight

Prisonnière de son cœur [Première partie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant