Chapitre 1

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J'ai marché dans ces couloirs durant quatre ans. Quatre longues et ennuyeuses années durant lesquelles j'ai du apprendre des choses qui ne me serviront probablement jamais dans ma vie d'adulte. Car c'est y est, nous sommes des adultes, nous sommes censés nous jeter dans la gueule du loup et partir en toute confiance dans cette grande aventure qu'est la vie. Si j'avais du faire un discours, voilà ce que j'aurais probablement dit. Je ne peux pas dire que j'ai tout détesté de l'université de ma ville natale, mais je ne suis pas non plus triste de la quitter. Je suis ici pour encore officiellement une semaine. Remise de diplômes, discussions et adieux avec nos chers professeurs et enfin bal de fin d'année. Je ne vois pas l'intérêt, mais ils y tiennent, et lorsque je dis "ils" je parle autant des profs que de certains élèves qui voient là la dernière soirée de leur vie... Tout un programme.

Je retrouve mon amie Charlotte pour aller déjeuner et nous discutons de notre avenir. Elle, c'est dans une carrière de psychologue qu'elle se lance. Elle devra encore se former il me semble, pour ce que j'en ai compris, car j'ai le don d'oublier tout ce que l'on me dit au fur et à mesure. Pour ma part, après trois années de stages dans une prestigieuse boîte pour un magazine féminin, me voilà embauchée pour être rédactrice de l'une des rubrique destinée aux femmes de vingt à trente ans. Ma mère est tellement fière de moi qu'elle me fait déjà de la publicité auprès de toutes ses amies, et je réalise que la seule chose qu'il me manque en ce moment pour faire que notre bonheur soit à son apogée est la présence de mon père. J'aime à me dire qu'il est fier de moi de là où il se trouve.

Ce jour-là, ma journée est on-ne-peux-plus platonique malgré toute cette agitation et je rentre chez moi après avoir récupéré ma robe dans une boutique du centre ville. Je fais un signe de la main à ma mère qui est au téléphone et je vais dans ma chambre poser mes affaires. À mon âge, j'aurais certes adoré avoir mon indépendance mais ça n'a pas était possible. Ma mère s'acharne dans le travaille, et j'avais décidé d'utiliser l'argent que mon père m'avait laissé pour mes études afin de l'aider. Il lui en avait laissé aussi, mais payer une de ces universités prestigieuses avec logement aurait été impossible et je m'en serait voulu toute ma vie de l'abandonner de cette manière. J'avais donc choisi d'aller dans l'université de ma ville qui je pense n'a rien n'a envier à d'autres et mon amie de toujours n'avait eu d'autre choix que de me suivre. Vivre dans la maison familiale où j'avais grandis, où j'avais eu tant de souvenirs avec mon père, voilà ce qui me comblait vraiment. Ma mère ne l'avait pas accepté au départ, mais elle avait du se résoudre à accepter mon choix.

- Hanna ! Tu peux descendre s'il-te-plait ?

La voix de ma mère atteint ma chambre et je referme mon placard avant de répondre "j'arrive". Généralement, elle m'appelle de cette manière lorsqu'elle découvre une nouvelle application sur son iphone. Je jette un dernier coup d'œil à ma robe de soirée devant laquelle je suis en admiration totale, les sequins dorés reflétant de mille et une façon le soleil couchant qui passe à travers ma vitre. Je descend les escaliers et j'arrive rapidement dans le petit couloir attenant au salon. Ma mère semble parler à quelqu'un mais je n'entend personne d'autre. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je réalise qu'un jeune homme est assis en face d'elle à la table du salon. Deux bières prônent sur la table mais je m'attarde plus longtemps que nécessaire sur son invité. Il doit avoir mon âge, peut-être deux ou trois ans de plus, il n'est pas différent de n'importe quel brun sur cette planète pourtant je retrouve dans son visage un détail troublant.

- Hanna, je te présente James. Je vais lui laisser le petit cabanon et en échange il s'occupera de quelques tâches, qui soyons honnêtes ni toi ni moi ne sommes capables de faire !

Elle se met à rire et le fameux James émet ce que je crois être un sourire. Serait-il anglais pour avoir si peu d'humour ? J'ouvre la bouche pour parler mais il me prend de cours en se relevant.

- Enchanté Hanna.

Il tend sa main et je la sers robotiquement. A son accent, je peux bel et bien confirmer qu'il est anglais.

- Enchantée, vous êtes ici depuis longtemps ?

Il sourit sincèrement cette fois avant de répondre en regardant ma mère même si c'est moi qui lui ai posé la question.

- Je suis ici depuis dix ans mais bizarrement mon accent n'a jamais voulu disparaître.

- C'est une très bonne chose, l'accent anglais est tout à fait charmant ! Enchérit ma mère comme si je n'étais pas là.

- Maman ? Je peux te parler une minute ?

J'emploie un ton un peux trop sérieux mais je le réalise bien trop tard lorsque les deux regards me transperce immédiatement. Elle se lève en s'excusant et nous nous éloignons un peu.

- Il y a un soucis ma chérie ?

- Je peux savoir ce qu'il se passe ?

- De quoi est-ce-que tu parles ?

- Tu aurais pu me prévenir quand même, on ne le connaît pas et tu l'invites comme ça !

- Je ne l'invites pas, j'avais cette idée depuis un moment mais j'ai oublié de t'en parler je suis désolée. Écoute on va faire un essai et si ça ne se passe pas bien on lui demandera de partir, d'accord ?

Elle ne me laisse pas répondre et retourne dans le salon. Je soupire avant de lui emboîter le pas.

- Je vais aller vérifier qu'il ne manque rien et je te laisserai te poser. Hanna, ma chérie, je te laisse faire connaissance en attendant.

" Et tu le tutoie par-dessus le marché ?" Ai-je envie de lui hurler. Je lui lance un regard noir et je la regarde s'éloigner. Le petit cabanon est en fait un véritable appartement. Je n'ai jamais voulu m'y installer car la maison de ma mère est assez grande pour nous deux, mais j'aurais préféré qu'elle le loue à une gentille jeune femme ou à une connaissance, je me demande bien où elle a trouvé ce type mais j'ai tellement était prise au dépourvu que je n'ai pu poser la question. Je me dirige vers le frigo pour me servir à boire et James récupère sa bière sur la table en me regardant. J'ignore son regard et j'observe l'extérieur à travers la fenêtre.

- Alors, vous avez terminé vos études ?

Sa voix me surprend et je pivote le visage vers lui. Je sais qu'il ne m'a rien fait, mais sans savoir pourquoi je n'ai pas envie d'engager la conversation avec lui.

- Oui. Il reste seulement une semaine et j'attaque le boulot d'ici deux mois.

Je me surprend à lui en dire plus que prévu mais mon ton est loin d'être amical. Il hoche la tête avant de s'approcher et je le regarde d'un air surpris.

- Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas ou perturber vos habitudes, je vous promet que je me ferais discret.

- Ce n'est pas grave, mentis-je, j'aurais aimé être au courant c'est tout.

- Je m'en doute, mais je suis sur que votre mère fait de son mieux.

- Là vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas... Je pense que vous pouvez y aller, elle doit avoir finit.

Je quitte la pièce et je retourne dans ma chambre en le laissant dans le salon. Je ne sais pas pourquoi, mais avec lui dans les parages, je perds cette sensation d'intimité et de confiance si propre à ce foyer.

Stay with me ( français )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant