(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

CHAPITRE 5: Une Charmante Famille. (Partie 1)

Une heure plus tard, je me trouvais dans ma nouvelle chambre. Je ne pus retenir une grimace lorsque ce dernier mot claqua dans ma tête. Car pour moi, la taille démesurée de la pièce, l'élégant lit à baldaquin qui trônait au milieu, ainsi que la moquette crémeuse ne me correspondaient pas.

Mal à l'aise, je me mis à arpenter la chambre de long en large, savourant néanmoins la délicate odeur de propre présente dans l'air. Finalement, je finis par m'installer à la coiffeuse flambant neuve, laissant échapper un grognement de fatigue. Je me mordis la lèvre en croisant mon regard dans le reflet du grand miroir au cadre doré.

Mes yeux étaient bien cernés, mes cheveux gras et hirsutes encadraient un visage émacié. Mais mon apparence physique était bien le dernier de mes soucis, car j'essayais surtout de mettre de l'ordre dans mes pensées, constituées d'un méli-mélo de visages et de sons. C'est alors qu'une image me revînt en tête avec précision. Le coup de feu et Jake tombant au sol, baignant dans une mare de sang...

Je serrai les poings. J'étais presque sûre de n'avoir jamais ressenti une telle douleur émotionnelle, même la Cueillette de Kat me paraissait moins injuste en comparaison. Pourquoi l'avait-on tué ? Avait-il réellement participé à un incendie criminel ? Beaucoup de personnes avaient été tuées au cours de cette révolte. D'autres, grièvement blessées. Des enfants, des innocents. J'imaginais très mal Jake faire cela. Le roi avait brièvement évoqué une forme de soulèvement contre l'ordre établi, de manière volontairement évasive qui ne faisait maintenant que me perdre davantage.

Et moi dans tout cela ? J'avais compris que j'avais été arrêtée pour avoir été retrouvée inconsciente pas assez loin de la Maison de Justice incendiée, après avoir été ballotée dans tous les sens par la foule en panique.

Je fus tirée de mes questions sans réponses par un coup frappé à la porte. Trop fatiguée pour me lever, je m'exclamai sur un ton laissant transparaître mon agacement :

— Entrez !

La porte s'ouvrit sur une jeune femme de petite taille. La vingtaine environ, elle portait un uniforme de domestique. Je supposai à son air timide et presque craintif qu'il s'agissait d'une Inapte, ou alors d'une Apte loin de faire partie des privilégiés. Mais je penchais plus pour la première option...

— Bonjour mademoiselle, dit-elle doucement. Je m'appelle Anna. On m'a désignée comme votre nouvelle femme de chambre.

Ma... femme de chambre ? Avais-je bien entendu ?

Anna entra et referma la porte derrière elle. Puis, elle s'approcha de moi avec un sourire forcé que j'échouai à lui rendre.

— Il faudrait peut-être vous nettoyer, suggéra-t-elle gentiment. Je suis convaincue que vous vous sentirez bien mieux après un bon bain chaud.

Comme je la toisais en silence, Anna soupira et me tendit une main. Je me levai comme un automate, et me dirigeai vers la salle de bains. Après tout, elle n'était là que pour faire son travail, pas pour s'en prendre à moi. Du moins, je l'espérais.

Anna se chargea de me laver les cheveux tandis que je contemplais la pièce, amorphe, recroquevillée sur moi-même. Rien à voir avec Kalénine, où nous devions nous partager une eau tiède et un morceau de savon gluant. Je suppose que mon cerveau n'arrivait pas à assimiler les évènements de la journée, car j'avais toujours l'impression que je n'allais pas tarder à me réveiller, à serrer le corps crispé d'Amy dans mes bras, ou à retrouver Dylan et son sourire réconfortant.

Ensuite, Anna s'affaira sans trainer autour de mes cheveux bruns, qu'elle s'appliqua à brosser et à faire briller. Puis elle ouvrit l'énorme penderie au fond de la pièce. Je n'en avais toujours pas inspecté le contenu. Anna en sortit une magnifique robe bleue.