Isabelle & Lucas

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Isabelle.

            Je suis du genre à suivre scrupuleusement les règles. Je ne fais pas de vagues. Je ne cherche pas à me faire remarquer plus que nécessaire. Je n'ai qu'une seule amie à qui je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Et mon espace familiale est une bulle de solitude. Mais ça me va, je le vis bien, je n'ai jamais cherché à changer quoi que ce soit.

En soi je suis l'adolescente la plus banale et barbante qui puisse exister.

Alors quand je me réveille en sursaut ce matin, aucun manque ne me perturbe, aucun mal-être ou autre. Le seul désagrément que j'ai c'est cette horrible douleur au dos. Voilà ce qu'on récolte en s'endormant ailleurs quand dans son lit.

Je pousse un grognement tout en passant une main sur mon visage alors que j'émerge difficilement. Au passage la feuille de mon devoir, sur lequel je me suis endormie au milieu de la nuit, se décolle pour retomber sur mon bureau où un foutoir réside depuis que celui-ci a été installé. L'ordre n'est pas mon mot de prédilection.

Je m'étire en soupirant, mon dos craquant. Je prends une minute pour bien me réveiller avant de m'agiter enfin. Dans des gestes rapides je range mon devoir dans une pochette que je jette ensuite dans mon sac de cours. Je reprends mon habitude matinale au pas de courses vu l'heure déjà bien trop avancé. Je choisie mes vêtements d'un regard distrait, traverse la chambre avec autant d'énergie qu'il m'est possible de fournir pour m'enfoncer dans la douche. J'espère voir ma bonne humeur apparaitre mais si près de mon réveille j'en doute fortement, je ne suis pas du matin, je ne l'ai jamais été.

Une demi-heure après je ressors de là dans un nuage de vapeur, j'ai la mauvaise habitude de mettre l'eau un peu trop chaude.

En allant récupérer mon sac je coiffe mes cheveux dans un chignon désordonné. Prendre soin de ma tignasse blonde n'a jamais fait partie de mes priorités, j'ai toujours l'impression que le temps que je pourrais investir à me faire un brushing serait des minutes perdues pour pouvoir continuer à dormir un peu plus. Cette problématique s'impose aussi sur la question du maquillage. C'est bien pour ça que je termine en général avec un simple coup de mascara, histoire de cacher juste un peu mon visage exténué, même si j'ai bien conscience que ce n'est certainement pas suffisant.

- Isabelle ! Résonne alors une voix de crécelle dans le couloir.

C'est la deuxième fois qu'elle m'appelle, la première fois m'ayant réveillé.

Je souris en ressortant de ma chambre.

- J'arrive, Berta ! je crie en retour.

Je descends les escaliers en courant, manquant de tomber. Impossible d'être en retard en cours avec Berta qui veille aux grains tous les matins. Elle a l'habitude de ma capacité à rester au lit plus que nécessaire. C'est ça de passer la moitié de mes soirées à bosser sur mes cours, je manque cruellement de sommeil.

Je rentre en trombe dans la cuisine, j'embrasse Berta sur la joue quand je passe près d'elle tout en tendant la main en prenant la tasse de café qu'elle m'a préparé. Je m'assoie sur le plan de travail près de la porte en prenant le temps de l'observer. Petite et ronde, elle m'a toujours fait penser à un lutin. Aujourd'hui ses longs cheveux roux sont rassemblés en une tresse, qu'elle a faite en vitesse comme elle en a l'habitude. Elle se dandine au rythme de la musique faisant voleter sa robe verte assortie à ces yeux. Cette femme est mon rayon de soleil à domicile.

- Bonjour, ma Chérie, me dit-elle en me regardant.

- Bonjour, je souffle bruyamment et rajoute, je suis crevée !

- Il ne fallait pas te coucher aussi tard, elle marmonne distraitement.

Je lève les yeux au ciel en réponse. Je n'ai pas vraiment le choix, si mes parents apprennent que j'ai de mauvais résultats je vais en entendre parler longtemps et les restrictions vont pleuvoir à la pelle. Si je veux continuer à faire ma petite vie sans que personne n'intervienne je dois continuer à donner à mes parents ce qu'ils veulent, dont un bulletin irréprochable. Tant que l'école ou la police ne les appellent pas je continuerais à avoir total liberté. Et Berta le sait donc je m'abstiens de lui répondre en haussant les épaules.

Un coup de foudre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant