Malédiction et psalmodie

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        Aïkida frappa contre le panneau de bois. Pas de réponse. Elle attendit alors quelques secondes avant de recommencer plus fortement. Du bruit se fit entendre de l'autre côté alors qu'on grommelait :

— J'arrive, deux minutes.

L'estomac de la jeune fille se serra en entendant sa voix. Elle revoyait la scène du champ de bataille, où Leeroy, impassible, lançait le compte à rebours. Celui avant la mort de son père.

        La porte de bois s'ouvrit sur le jeune homme, et ce dernier afficha un sourire triste quand il aperçut Aïkida sur le seuil. Ses cheveux de blés en bataille semblaient indiquer une certaine fatigue alors que ses yeux bleus fatigués fixaient son amie avec mélancolie. Son regard cerné montrait que lui non plus, n'avait pas vécu des jours faciles, et que la perte de camarades le touchait profondément. Sa bouche se relevait légèrement en un petit sourire gêné tandis qu'une très fine barbe recouvrait sa mâchoire, témoignant des quelques jours où il n'avait pas pu se raser.

        Leeroy passa une main dans ses cheveux, signe de malaise, alors que la jeune fille se rendait compte qu'il était torse nu. Hormis sa musculature appréciable, elle remarqua les nombreuses plaies et marques de coups qui tâchaient son corps de violence. Sa main droite portait encore les lourdes cicatrices de son voyage chez les Elfes alors que ses poignets témoignaient de sa souffrance lorsqu'il avait été attaché. La Fille Gelée se rendit alors compte qu'il possédait une puissante magie, car malgré ses blessures graves, il avait fièrement combattu les soldats noirs, sans jamais laisser transparaître sa douleur.

        Face au dragonnier, la jeune fille ne pouvait pas se mentir. Il restait bel homme. Mais dans cet accoutrement, ajouté aux cheveux décoiffés et à la marque des draps sur sa peau, la Fille Gelée ne mit pas longtemps à comprendre qu'il sortait du lit. Quelle heure est-il ?

        Leeroy fixait son amie de ses yeux bleus. Des yeux emplis de tristesse, de culpabilité et de malaise. Néanmoins, il s'était rendu compte que, le fait d'avoir enfin exposé la vérité au grand jour, le soulageait d'un énorme poids.

— Tu m'as dit que je pouvais venir te voir n'importe quand si j'avais des questions, déclara Aïkida. Me voilà.

Mais le jeune blond fronça les sourcils et souleva délicatement le menton de son amie :

— Qu'est-ce que tu as à la mâchoire ?

— C'est rien, je me suis juste expliquée avec Tarek. Ou plutôt, c'est lui m'a expliqué.

Leeroy arqua un sourcil mais ne demanda pas plus de précisions.

— Attends-moi là, j'en ai pour une minute.

Et le dragonnier disparut derrière le panneau de bois pour réapparaître quelques secondes plus tard en train d'enfiler sa tunique, recouvrant sa peau bronzée et balafrée.

— Je pense qu'il vaudrait mieux que Nàmo soit présent, allons le voir.

La jeune fille hocha la tête et suivit le jeune blond, tout en faisant attention à ne pas être vue.

        Quelques minutes plus tard, Nàmo, Leeroy et Aïkida se trouvaient assis autour d'une petite table en bois dans les appartements privés du Haut-Dragonnier. Ce dernier avait tout d'abord râler que quelqu'un puisse le réveiller en pleine nuit sans urgence, mais s'était calmé en apprenant l'objet de leur visite.

        Ce fut Nàmo qui rompit le silence en demandant tout d'abord à la jeune fille :

— Tu n'avais pas cette marque à la mâchoire la dernière fois, que t'est-il arrivé ?

La Fille Gelée et la Face CachéeWo Geschichten leben. Entdecke jetzt