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Assis à une table au hasard dans la cafétéria du centre, je contemplais ce que j'avais dans mon plateau, stupéfait. De la cervelle... Ils nous servent de la cervelle pour dîner! Ils nous prennent pour des animaux bordel? Jamais au grand jamais je vais m'adonner à une telle pratique, c'est dégoutant. Je regarde aux alentours et je constate avec horreur que tout les autres mangent la cervelle sans aucun problème.

Tu n'y peux rien, ils sont fous.

Trois étrangers viennent se poster devant ma table. Des hommes costauds, qui n'ont pas l'air très très heureux à première vue.

- Notre table. Me lance l'un d'entre eux.

J'ai promené légèrement mon regard entre les trois mecs. Ce qu'il me disait était simple: "Dégage ou je te tabasse". Pas exactement dans ses mots-là, mais j'étais assez intelligent pour comprendre le double sens.

J'ai poussé délicatement mon plateau, avec la cervelle encore intact, au milieu de la table et je me suis levé sans rien dire pour partir, quand si soudainement, un des hommes s'est empressé de me prendre le dernière de la tête. Je sentais que sa main recouvrait facilement toute la surface de mon crâne. Avec une force surprenante, il me cogna la tête contre la table à mainte reprise. Mon nez s'est mis à saigner à cause de l'impact féroce qu'il avait avec la table. De plus, mes blessures de la veille ne faisaient qu'empirer la souffrance que je subissais.

Après je ne sais combien de coup contre le métal, l'homme s'est dit qu'il serait important pour moi de manger un peu. Il a rapproché mon plateau de nous. J'étais horrifié, les yeux plus grands que des balles de golf, je me suis mis à me débattre du mieux que je pouvais afin d'éviter ce châtiment, mais il me tenait fermement par les cheveux, alors qu'un autre homme me tenait les deux mains derrières le dos.

- S'il... s'il vous plait, pas... pas ça! L'implorai-je.

Il ne m'écoutait évidemment pas. Il a foutu sa main libre dans le plat de cervelle et en prit une poignée énorme. J'étais subjugué, je ne pouvais rien faire à part remarquer que sa main était crasse. Il m'a enfoncé la cervelle de force dans ma gueule et répétait sans cesse les mêmes actions sans me laisser le temps d'avaler. S'il continuait, j'allais mourir étouffé. Contre mon gré, j'ai été obligé de tout avaler et c'est seulement une fois l'assiette terminé qu'il me relâcha enfin.

Sans que j'y pense, mon poing est allé rencontrer son visage à une vitesse fulgurante. Un seul coup, un seul impact, un seul contact et j'ai compris que j'étais mort si je m'enfuyais pas dans les secondes qui suivaient. J'ai pris mes jambes à mon cou et j'ai levé le camp. Moi qui croyait m'en sortir sans égratignure de cette altercation, je rêvais un peu trop.

Je suis sorti de la cafétéria et pris un couloir au hasard. Quand j'ai passé devant une salle de bain je n'ai pas pu m'empêcher d'y entrer. Le goût de la cervelle était encore trop présent dans ma gueule et c'était ignoble. J'étais en train de me faire vomir dans une des cabines de la salle de bain quand je les ai entendu arriver. En vitesse, j'ai grimpé sur le cuvette et j'ai retenu ma respiration.

- Ce morveux... Faut le retrouver.

Ils en avaient définitivement après moi. J'aurais du me retenir. À cause de mes pulsions me voilà dans un sacré merdier.

- Hey pas de regroupement dans les salles de bain, c'est l'une des règles. Allez sortez.

Un garde? J'allais peut-être m'en tirer sain et sauf s'il arrive à les faire déguerpir pour que je puisse me sauver.

- Eh! Qu'est-ce que vous faites? Ne me toucher pas!

Mon cœur fit un tour, il n'allait tout de même pas s'en prendre aux gardes. Ce que j'entendit me fit frémir. Des craquements d'os rien de moins. Des cris et encore des cris. Bon dieu! Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien être en train de lui infliger? J'avais intérêt à ne pas bouger ne serais-ce qu'un tout petit peu. Il ne fallait absolument pas qu'ils me voient si je ne voulais pas subir le même sort. Les cris continuaient encore et encore. Ça ne voulait pas s'arrêter, j'avais peur comme jamais j'avais eu peur auparavant.

Les cris se stoppèrent d'un coup sec. Était-il mort?

- C'est bon. Ça en est fini pour lui.

Et ils partirent. Après cinq longues minutes, j'étais toujours accroupis sur mon bol de toilette. Mes jambes tremblaient. Après avoir pris mon courage à deux mains et je suis sortie de ma cabine. Il y avait des flaques de sang un peu partout, mais surtout vis-à-vis la cabine du milieu.

J'ai poussé la porte et je me suis rapidement foutu une main sur la bouche pour ne pas crier. La quantité de sang qu'il y avait... c'était horrifique. Le garde avait le derrière enfoncé dans le bol de toilette, ses jambes étaient à la verticale et bien droites. Sa tête, elle, était ramené jusqu'à son entre-jambe. Bref, il était dans une position que seul les contorsionnistes avaient le secret.

Ce qui me choqua le plus est ce que j'ai lu par la suite. Sur le mur, une inscription écrite avec le sang de la victime: "Tu es le prochain".

Bienvenue à l'asile MorthillOù les histoires vivent. Découvrez maintenant