Chapitre 07 - Jour du jugement

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Comme prévu, je gardais la porte dès l'aube. 

Alors que je m'étais installé sur un rebord de fenêtre qui me donnait une vue imprenable sur les ouvertures respectives de l'ascenseur, de l'escalier et de notre dortoir, je me permis d'observer le manège des créatures mortes en bas, dans les rues. Ils avaient repris leurs pérégrinations sans objectif, vaguement plus agités qu'ils ne l'étaient au soir.

Je les vis même chasser un animal domestique, assez gros, mais que je ne pus identifier, avec une telle vigueur que je ne me posais plus la question de savoir si elles étaient dangereuses. Étrangement, elles ne poussaient pas les portes, ne montaient pas aux escaliers, mais elles semblaient capables de coordonner une attaque.

À cet instant, alors que le ciel bleu laissait taper un soleil de plomb sur la ville, j'eus soudainement deux certitudes : même si j'avais maintenant la responsabilité du groupe d'humains, je ne devais en aucun cas laisser tomber la recherche de la vérité sur cette histoire de virus ; j'avais aussi besoin de savoir rapidement ce que j'étais réellement devenu. Pas d'y mettre un nom, mais de savoir ce que mon corps considérait comme normal.

En m'y penchant un peu plus, je remarquais que mon esprit était moins clair qu'à l'habitude, comme si je n'étais pas seul dans ma tête.

« Je ne pensai pas que tu me remarquerais si rapidement, dit une voix dans mon crâne, tu n'es pourtant encore qu'une larve, mais tu es déjà si capable. C'est impressionnant.

- À qui ai-je l'honneur ?

– Allons, cherche un peu, tu es cent fois plus intelligent que ça !

– Agent Gerault ?

- Tu vois !

- vous avez orchestré cette manipulation ? Le terroriste, c'était vous ?

- Tu vas un peu vite aux conclusions ! Je n'ai rien fait de ce genre. J'ai juste profité de ma position et des informations que j'avais pour faire de toi ce que tu es. Je t'ai menti à l'école : je sais parfaitement ce que fait le sérum. Comme nos esprits se touchent maintenant, je sais qu'il a fait mieux que sur un humain normal. Tu es une larve, un nécrophage, pour l'instant, mais vu tes progrès, je parierai que ce n'est que très temporaire.

– Pourriez-vous vous expliquer clairement ?

- Je n'en ferais rien, ça gâcherait l'expérience !

- Vous avez une idée de ce que nous sommes en train de vivre ?

- Très heureusement pour moi, j'avais un refuge alors même que nous parlions dans ma classe il y a quatre jours maintenant. Je me serais fait un plaisir de vous y inviter, mais vous ne pouvez pas m'y rejoindre en raison de la distance. Je suis à plus de 3000 kilomètres de vous maintenant. Il va donc falloir que vous trouviez des solutions.

- Je vous saurais gré de quitter ma tête, j'ai besoin de toutes mes facultés.

- Je vais le faire, mais juste avant, je te conseille de goûter à la chair des morts. Tu verras, c'est intéressant, choisi bien le spécimen, c'est important. »

Le court de mes pensées redevint normal. Il était parti. Nécrophage, ce terme était utilisé pour les créatures qui mangeaient les morts. Un synonyme de charognards. Il me suggérait de goutter de la chair putride...

Térence passa la porte de notre dortoir improvisé.

« Salut J. J'ai quelques difficultés à dormir depuis...

-... La mort de tes parents ?

- Oui, ils me manquent terriblement.

Il fondit en larmes. Il allait falloir que je compte avec ce traumatisme. Après quelques minutes, je repris la parole.

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