Un stage haute tension

Chapitre 19 - Charlie

Le   moment est tellement solennel que j'en suis pétrifiée, raide comme un bout de bois mort.

Je sens bien que Camille n'en mène pas large non plus. On tremble tous les deux comme des feuilles. Nos corps sont tellement bien connectés que quelle que soit l'émotion que l'un de nous deux ressent, l'autre se calque dessus aussitôt pour la vivre de la même manière. Truc de ouf.

C'est tellement flippant que ça ruine tout. C'est trop fort, trop intense, trop violent, trop tout !

Mais je sais pas quoi faire pour faire redescendre la pression. J'ai l'impression que toute ma vie se joue en ce moment alors que si j'analyse objectivement la situation, je suis juste en train de me faire galocher près des chiottes d'un bar par un mec qui m'a déjà sautée. Rien de bien folichon en somme. Ça devrait passer comme une lettre à la poste. Sauf que là non ... Bordel de merde, mais pourquoi c'est aussi space ?? Pourquoi j'arrive pas à me laisser aller ? Il va croire que je veux pas de lui alors que j'en crève littéralement d'envie !

Je suis en train de tout foirer, je le sens.

Mais putain, lui aussi pourquoi il me force pas la main, MERDE ! Pourquoi il pousse pas mes lèvres avec sa langue ? Pourquoi il se comporte pas en connard de macho possessif et autoritaire ? Pourquoi il me respecte autant, là tout de suite maintenant ? C'est pas ce que je veux, il faut plus qu'il attende, je suis en train de me dégonfler comme un ballon, c'est la cata ...

Intervention divine ardemment souhaitée ici-bas, please !!! TOUT DE SUITE !!!
...

Ca fait chier putain, vraiment chier !

C'est pas comme ça que ça devrait se passer !!

...

Je le sens qui se détache un peu de moi. NOOOOOOON ! Ses mains ont quitté mes joues, et la pression de sa bouche sur la mienne n'existe presque plus, j'ai juste envie de pleurer et de me foutre des baffes ...

Charlie fait quelque chose merde, sors toi les doigts, ou tu vas le perdre pour de bon cette fois !!!

...

Une voix d'outre tombe vient jusqu'à moi

- Je suis désolé Charlie, j'aurais pas du, mais je croyais que c'est ce que tu voulais aussi ...

...

Et là enfin, j'ai un flash quand j'entends Rouge Rouge entamer "Décide-toi"

Focalisée sur ma panique, je n'ai pas réalisé que j'avais les meilleures amies du monde et de l'univers tout entier !

Elles savaient que j'allais tout faire merder, je peux pas m'en empêcher, c'est un vrai don chez moi. C'est pas comme si on avait pas parlé de mes blocages pendant des milliers d'heures, totalement sobres ou raides mortes. J'hallucine comme elles me connaissent presque mieux que moi ! Elles ont compris que Camille c'était puissance 1000 par rapport à tout ce que j'avais pu ressentir jusque-là, et que forcement ma connerie serait puissance 1000 aussi. Mathématique.

Alors elles ont fait le seul truc qui pouvait me décoincer. Elles m'ont envoyé un message clair et limpide : oublie tout, pense à rien et laisse toi aller ! Maintenant !

Je sais pas comment elles s'y sont prises, je sais pas qui va prendre cher ce soir ou payer en nature le DJ, mais elles ont réussi à lui faire passer MA playlist fétiche.

Portishead, Massive Attack, Morcheeba, Martina Topley Bird et maintenant Rouge Rouge, ils sont tous là, à me hurler d'une même voix "Run Charlie Run !"

Putain, qu'est-ce que je les aime mes cops, quand même, bordel, qu'est ce que je ferais sans elles ???

Il est là mon déclic, enfin !

Camille me regarde bizarrement. Il a senti que j'avais changé d'état d'esprit et je vois dans ses yeux le désir revenir et exploser d'un coup, comme un feu d'artifice. Pas besoin de mots ou de gestes supplémentaires pour lui faire comprendre quoi que ce soit, notre connexion s'en est déjà chargée. Finalement elle a du bon quand elle veut !

Sa bouche reprend sa place sur la mienne, là où elle devrait à mon sens passer le plus clair de son temps, et je laisse sa langue entrer pour chercher la mienne. Quand les deux se trouvent, elles se reconnaissent illico. Comme si elles étaient faites du même bois. Elles se titillent, se tortillent et s'entortillent, se poussent et se repoussent, s'attirent et s'aspirent, se mêlent et s'entremêlent, vont et viennent à leur rythme, tantôt lascif et tantôt fougueux, tantôt bestial et tantôt amoureux. Nos langues baisent carrément entre elles, et nous montrent qu'elles n'ont pas besoin de nous pour s'aimer. Elles se sont trouvées, le plus simplement du monde.

Mon dieu que c'est bon ! Et qu'est ce que ça m'avait manqué !

Et dire que si j'avais pas merdouillé dans cet escalier de malheur, j'aurais pu vivre ça depuis 15 jours ! Ou pas, c'est peut être justement cette attente qui rend ça si bon ? Ça veut dire dans ce cas qu'après ce soir ce sera moins bien alors ? Ou qu'il faudra encore se repousser pour pouvoir se retrouver ? Et si en fait c'était juste un ...

- Charlie putain, mets ton cerveau en veille deux minutes, c'est pas possible ! Tu me rends fou à cogiter comme ça ! T'es pas bien avec moi ?

Et merde, va falloir que j'ai une discussion avec cette connexion, elle me trahit un peu trop et un peu trop souvent ! Connasse !

- CHARLIE !

Oh bordel, qu'est-ce c'est sexe quand il élève la voix comme ça, je vais carrément devoir essorer ma culotte si ça continue.

Ah bah non en fait, pas besoin, je viens de recevoir son faire-part de décès. "Mort par noyade". Marche funèbre, 3 coups de fusil tirés, toussa toussa ... Paix à son âme... Je t'aimais ma culotte, tu me manqueras ...

J'ai pas le temps de m'apesantir plus longuement sur le tragique destin de ce petit morceau de tissu car je sens mes boutons de robe se défaire les uns après les autres. Lentement. Mais sûrement. 1...2...3...4...5...6...7...8...9

Ma robe est complètement ouverte maintenant, laissant le champ libre à ses mains qui viennent se poser sur mes hanches. Ma peau explose littéralement en des milliards de cratères partout où ses doigts glissent. Je ne suis plus qu'un pop-corn géant. Sa bouche n'a toujours pas quitté la mienne alors qu'il entame l'exploration de ma peau avec ses mains. Mes seins tendus à l'extrême jaillissent subitement de leur balconnet sur un geste habile et assuré de Camille et deux pouces viennent jouer avec mes tétons. Je me découvre une zone érogène incroyablement réceptive, poussant le plaisir à la limite de la douleur. Une zone que j'avais toujours un peu laissé pour compte jusque-là, généralement plus centrée sur le plaisir venant de la zone boisée et humide en contrebas.

J'en peux plus. Un orgasme de nichons est en train de me submerger pour la premiere fois de ma vie

- Camille... je ... je ... je vais ....

- je sais Charlie, t'es au bord ... Merde t'es tellement réceptive...

- T'arrête pas surtout !

- Je vais te faire jouir Charlie, je te le promets, mais avant, faut qu'on crève un abcès

Ses mains lâchent mes tétons mais restent posées sur les lobes, maintenant mon presqu'orgasme à la surface. Je me sens défaillir

- Hein ? Quel abcès ?

Il me regarde avec un drôle d'air, je sens que je vais pas aimer la suite du tout.

- Ton mec Charlie...