Saison 1 - Chapitre 01 - Joshua

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« — Bon, vous voulez que j'avoue, on ne va pas y passer la nuit. Enfin, je n'ai pas de raison de ralentir la Justice des hommes, puisqu'elle ne me concerne plus. Alors, voilà comment ça a commencé. Vous enregistrez, n'est-ce pas ? Je crois que je n'aurais pas le temps de répéter.

2054 – Los Angeles – 5 jours avant le patient 0

«— Joshua, ça fait trois fois ! Bouge ton cul ! tu vas encore te prendre une colle pour ton retard. hurla ma mère depuis la cuisine d'où montait une puissante odeur de café et de pancakes. Comme à l'habitude ça ne serait certainement pas pour moi parce que j'allais en effet être en retard en cours. Pourquoi, me direz-vous ? Et bien simplement parce que « s'ennuyer ferme » n'était pas une expression assez forte pour ce que je ressentais pendant les cours de 9e grade que me faisait supporter mes parents pour « m'intégrer ».

J'étais pour ma part déjà capable de décrire complètement une bonne partie des expressions standard de la physique quantique et de les appliquer dans des systèmes à 12 dimensions. J'avais passé, sans que mes parents ne le sachent, mes diplômes postgraduate Master of science en mathématique et en physique nucléaire depuis deux ans déjà et je venais de terminer, toujours par correspondance, les PhD correspondants.

Oui, j'avais quatorze ans.

Ne pensez pas que j'étais une sorte de petit binoclard avec des boutons plein le visage et d'une geekitude si prononcée que je n'étais pas capable de me faire le moindre ami. Bien au contraire, j'étais responsable et bien placé dans ma classe de Kung Fu que j'avais spécialement choisie la plus proche de l'Art de base et je ne faisais pas la bêtise de considérer cela comme un simple sport. J'avais aussi un nombre assez important d'amis, plus âgés, bien sûr, un peu partout dans le monde. En fait, la plupart n'avaient jamais vu mon visage, mais ils savaient que j'étais une sommité dans pas mal de domaines.

Venons-en au problème.

« — Je me fiche du collège, maman ! Tu le sais parfaitement. Je ne vois pas quelle raison absurde te fait m'y déposer chaque matin ! », dis-je en descendant les escaliers sans particulièrement me presser. Les colles débiles des professeurs de seconde zone que je dois supporter à longueur de journée m'indifférent totalement. C'est un moyen comme un autre de me trouver dans un endroit calme pour étudier ! »

Elle me regarda comme si je venais de lui balancer une gifle.

« — Quoi ? Tu n'as pas encore compris que ce type de chose ne me touche pas ? Pas plus que tes moments de théâtre pour me faire croire que tu es triste de mon état ? »

Si je dois décrire ma voix à ce moment-là, j'aurais dit calme, normale. C'était un peu la raison qui me faisait rencontrer un psychologue trois fois par mois. Je n'ai aucun sentiment. Dans le monde d'avant c'était une tare sociologique que je devais pouvoir dépasser avec un peu d'habitude et un peu de travail. Mais, très franchement, je m'en fichais pour le moment. Ça avait tendance à me poser quelques soucis, en réalité, car j'ai aussi la chance d'avoir une mémoire hors du commun.

Pour plus d'explication, je dois ces singularités à une chute qui avait gravement touché mon cerveau dans ma petite enfance. À cet âge précoce, soit on en meurt soit, même si c'est très rare, on y survit et le cerveau fait en sorte que le tout marche au mieux. Dans mon cas, l'expression « marcher au mieux » implique que certaines fonctions sociologiques avaient été amputées : pas de sentiments, pas d'humiliation, pas de remords, pas de tristesse, pas de dégoût. Oubliez le personnage des séries télévisées qui est aussi un meurtrier sans conscience. Je connaissais parfaitement les limites à ne pas dépasser si je voulais rester du bon côté de la barrière, et très franchement ce que je voulais c'était étudié, comprendre l'univers. C'était la seule chose qui m'exaltait.

Je suis ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant