PROLOGUE

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Le sang de ma douce coule le long de mes doigts. J'ai envie de le lécher mais je m'en empêche. Je demeure persuadé qu'elle se droguait en cachette, la sournoise. Le spectacle de son corps sans vie me fait bander. Elle n'a jamais été aussi excitante. Bientôt, j'oublierais son nom mais jamais, Ô grand jamais, je n'oublierais l'image qui se profile devant mes yeux attentifs. Son corps est dénudé, que dis-je ? Il est bien inutile de mâcher mes mots ! Elle est complètement nue, allongée sur le ventre, un bras sous sa merveilleuse tête. Ses yeux sont clos puisque je les ai fermés après lui avoir asséné le coup de grâce.

Je caresse ses cheveux bruns en chuchotant à son oreille : « tu n'aurais jamais dû m'aimer. ».

Elle ne me répond pas et j'apprécie ce silence apaisant. De son vivant, elle ne faisait que piailler à longueur de temps. Hormis son physique alléchant, elle n'avait aucun intérêt particulier. Il faut avouer que l'intellect n'est pas essentiel à mes yeux. Je suis le plus intelligent, je ne supporterais qu'on veuille me surpasser. Les femmes me dégoûtent et pourtant, j'aime les aimer jusqu'à ce qu'elles hurlent mon nom en gémissant. C'est à ce moment précis que je ressens une plénitude inexplicable.

Trois mots sont interdits et je ne m'en cache pas lorsque je rencontre une femme que je juge digne de mon intérêt. Les trois mots fatidiques, ceux qui scellent leur misérable destin : « Je t'aime ».

Je ris à gorge déployée. C'est typiquement féminin ! Putain, c'est dingue. On a beau leur interdire de nous aimer, elles transgressent forcément cet interdit.

- Fais de beaux rêves, Emily, dis-je à mon ancienne maitresse avant de la border délicatement.

J'embrasse son front, déjà glacial. Je souris contre sa peau puis j'enlève mes gants chirurgicaux. Une bonne chose de faite. Il ne serait pas malin de laisser la moindre trace. Je tiens à ma liberté. Je n'en ai pas fini. Ma croisade ne fait que commencer.

* * *

Je suis assis sur mon canapé, les jambes étendues sur la table basse de couleur blanche. Emily m'a épuisé. J'ai dû la baiser deux fois avant de laisser la lame que j'avais dans ma poche la marquer à tout jamais. Une fois dans la douche où j'ai jouis dans sa bouche, et la deuxième fois sur le plan de travail de sa cuisine. Elle était insatiable. Je regrette qu'elle soit tombée amoureuse de moi. Je hausse les épaules. Après tout, des jolies femmes non-farouches, il en existe des tas. Paris est réputé pour cela.

Je souris tandis que le journal télévisé commence. Le présentateur m'agace, je l'ai toujours trouvé hautain. Ne me demandez pas pourquoi, c'est inscrit sur son visage. J'attends patiemment, cependant. Mon heure de gloire arrive à grands pas.

« Terrible découverte cet après-midi dans le seizième arrondissement de Paris, une jeune femme de vingt-cinq ans a été retrouvée morte à son domicile. Elle aurait été poignardée à de multiples reprises... »

Je n'écoute pas la suite puisqu'il ne mentionne pas la qualité de mon travail. Bordel ! Je suis un putain d'artiste. Qu'est-ce qu'on en a à foutre qu'elle soit avocate ? Que son mari soit dévasté ?

Ma rage s'estompe légèrement lorsque je me rends compte du ridicule de la situation. Elle était mariée depuis deux ans à un juriste et me jurait cependant un amour éternel. L'humanité me surprendra toujours.

J'attrape la télécommande puis éteint cette satanée télévision. Je suis assez confiant pour penser que personne ne me soupçonnera. J'ai pris toutes les précautions nécessaires. Exit Emily, il est temps de partir à la chasse.

Je chausse mes pieds de mes converses noires puis enfile mon bomber de la même couleur. Après cela, je file dans la salle de bain pour observer mon reflet. Je suis ce qu'on peut qualifier de "beau spécimen". Je sais, ça a l'air prétentieux dit comme ça mais il faut arrêter la modestie. Je suis beau et je le sais. Mes cheveux noirs rasés sur les côtés et en désordre sur le dessus me donnent cet air rebelle qui enflamme ces demoiselles. Quant à mes yeux bleus, ils me sont très utiles pour que ces dames s'imaginent trouver en moi un semblant de paradis. Le reste n'est pas négligeable non plus. Mon mètre quatre-vingt et ma musculature laisse penser qu'il est sécurisant de se trouver dans mes bras. Quelle connerie ! La beauté est toxique, je l'ai appris dès mon plus jeune âge.

Assez parler de moi, j'attrape mes clés de bagnole et je claque la porte de mon appartement. Mon ami Alexandre m'a donné rendez-vous dans un bar. Je me réjouis à l'idée de me soûler en sa compagnie. J'ai besoin d'expulser toute cette tension. Puisque ce putain de présentateur télé m'a mis en rogne. Bien entendu, je prétexterais un malentendu au boulot devant Alex. Il gobera mon mensonge puisque je suis très doué pour tromper mon monde.

- Bonsoir Camille, ça fait un moment qu'on ne vous a pas vu dans le coin, me dit madame Adam, ma voisine.

Avant de me tourner vers elle, je prépare mon sourire le plus avenant possible. Je l'ai déjà dit, faire semblant, ça me connait.

- Bonsoir Coline. En effet, j'ai beaucoup de travail ces temps-ci, je mens afin qu'elle me fiche la paix.

- Le restaurant marche toujours aussi bien ?

Les bonnes femmes et leur curiosité mal placée...

- En effet, dis-je simplement.

- C'est une bonne nouvelle. Je ne vous retiens pas plus longtemps, passez une bonne soirée, me dit-elle en me souriant.

- Vous aussi, Coline.

Quelques minutes plus tard, je suis au volant de ma Peugeot. La circulation est plutôt fluide, ce qui est étonnant pour un vendredi soir. Ça se corse quand j'essaie de trouver une place pour me garer. Je tourne pendant une demi-heure avant d'en trouver une.

Je pénètre dans le bar après avoir marché quelques mètres. Je suis sportif alors ça ne me dérange pas plus que ça. J'aperçois Alexandre en grande conversation avec une belle blonde, juchée sur des talons vertigineux. Définitivement pas mon type. Je les aime douces et timides. Ainsi, elles sont sous mon emprise.

- Cam ! Te voilà, enfin, me dit mon ami en me faisant une accolade.

- Ouais, j'ai été très occupé aujourd'hui, dis-je en guise d'explication.

- Occupé à te taper un plan-cul, tel que je te connais, me dit-il en riant.

- On ne se refait pas.

La blonde bat des cils en me dévorant des yeux. C'est peine perdue. Les provocations n'ont aucun effet sur moi. Je lui plais, c'est clair. La façon qu'elle a de me foutre son décolleté sous les yeux est pathétique. Si seulement, elle savait.

Je suis un homme dangereux et incontrôlable.

Ne me dis jamais que tu m'aimes. (Réécriture en cours) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant