Oublie-moi [Camren]

Chapitre 18

Point de vue Lauren

Je ne vais pas en cours depuis quelques jours, c'est pas spécialement pour éviter Camila même si il est vrai que je vais devoir m'occuper de ce problème. La raison pour laquelle je ne vais pas au lycée ces derniers temps est tout simplement que je ne pouvais à peine bouger à cause de mon très cher géniteur qui comme d'habitude est en train de s'excuser au près de ma mère en lui promettant de ne pas recommencer. Il recommence toujours pourtant. Il a commencé il y a quatre ans, je n'aurais jamais dû faire ça...

Mon téléphone sonne, je l'attrape difficilement et décroche en voyant le numéro de Dinah s'afficher :

« Comment tu vas ma belle ?

-J'ai vécu pire, je reviens demain.

-Il t'a encore frappée.

-Comme d'habitude, mais t'inquiète pas trop pour moi, je suis solide.

-D'accord. Et j'aurais besoin de te parler.

-à quel propos ?

-Camila. »

Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit avant qu'elle raccroche. Merde.

Je tente de m'endormir, après tout chaque mouvement ressemble à une torture pour moi donc autant ne pas essayer de faire quoi que ce soit. C'est avec cet état d'esprit que ce derniers jours je n'ai quasiment pas mangé mais ça aussi j'ai l'habitude.

***

Je me réveille douloureusement et me lève, je vais dans la salle de bain, histoire de voir dans quel état je suis. Un coquard, les joues creuses, le teint ternes, les cheveux en bordel. Je me maquille en espérant que ça ne se remarquera pas et vais me changer. Je porte des vêtements assez courts et près du corps, au moins on regardera moins mon visage, je mets quand même des bas pour cacher les hématomes que j'ai sur les jambes. Je commence à avoir l'habitude, personne n'a jamais rien remarqué sauf Dinah qui sait tout. C'est ma meilleure amie et je lui fais confiance, je lui dis tout. Tout les autres sont des pions, mes autres « amis » traînent avec moi pour la popularité et moi je traîne avec eux pour la même raison.

Je vais au lycée, comme d'habitude je salue des personnes que parfois je ne connaît même pas. Peu importe si je les connais ou pas, l'important c'est que eux me connaissent. J'arrive à mon cours, en retard évidemment. Pourquoi changer les bonnes habitudes après tout. Arrivée dans le cours, le prof me demande d'aller m'asseoir, je me dirige donc vers la place à côté de Dinah mais le prof m'arrête :

« Vous allez vous asseoir à côté de Mlle Cabello, peut-être qu'elle aura une bonne influence sur vous. »

Putain, il ne manquait plus que ça, être à côté d'Elle. Elle a l'air dans un piteux état, les joues creuses, des cernes de dix kilomètre, une expression vide d'émotion. Ses grands yeux chocolats ont perdu leur éclat...j'ai envie de la serrer dans mes bras, de lui dire que tout va bien, de l'embrasser. À quoi je pense moi ?! Non, pas de pitié, elle me fait ressentir des choses dégueulasses, je dois lui faire payer et c'est le bon moment.

« Cabello, tu parles de ce qu'il s'est passé l'autre soir et je te défonce. J'étais bourrée mais je suis pas lesbiche moi. Je sais que tu l'es toi. Toi et les autres de ton espèce, vous me dégoûtez vraiment, c'est pas humains. Vous êtes malades. »

Je continue mon discours homophobe pendant un moment avant de voir qu'elle pleure, son visage est toujours impassible mais des larmes roulent le longs de ses joues. Je ne devrais pas me sentir aussi mal mais j'ai l'impression qu'un couteau transperce ma poitrine. Elle est la seule à me faire culpabiliser comme ça, c'est la seule que j'ai envie de tenir contre moi pour la rassurer, de lui dire que je ne pense rien de ce que je viens de dire, d'essuyer moi-même ses larmes. Je suis une personne abominable mais c'est nécessaire.

15/07/2016

-C