Wonderwall |10

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C H A P I T R E
-X-

"Où dois-je te déposer ?"

La questionà laquelle même-moi ne peux pas répondre.
Antoine m'observe de son siège, au volant de sa Mercedes.

Malgré son intense regard, je reste silencieuse, observant la vie de la vitre du siège passager.

"Regarde-moi" ordonne-il gentiment mais je n'ose pas me retourner pour l'affronter, je n'ai tout simplement plus le courage.

Deux doigts viennent sous mon menton et pivotent ma tête de telle sorte que maintenant, je n'ai plus aucun choix que de contester Antoine dans son jeu de perception.

Et c'est là, en ce même instant, que je brise ma promesse, celle que j'ai faite encore ce matin, j'ai trahi ma propre personne en lui divulguant l'adresse de la famille White. 

Il est tard, presque vingt heures trente. J'ai passé toute la journée dehors, accompagnée d'un étranger me faisant office d'ami 'loyal',  que va dire madame White ? Et Lucas, son fils, me chassera-t-il en me voyant débarquer de nouveau chez lui ? Lui, qui voulait tant se débarrasser de ma présence, sera bien déçu.

"Nous sommes arrivés" Sa voix est si douce et il semble tellement ignorant concernant ma vraie situation.

Ils le sont tous après tout.

Il sort de sa voiture et ouvre ma portière. Fidèle à son charme, cet homme endosse son costume de gentleman une dernière fois dans la soirée et ne cesse de m'impressionner, son élégance fait hommage à ses bonnes manières.

Il m'escorte jusqu'à la porte d'entrée, grande et en bois foncé. Il se dresse face à moi, bien trop près, plus qu'il n'en faut mais je ne m'y oppose pas pour autant.

"Je me demande..."

Il semble nerveux et hésite même à terminer le bout de ses pensées alors,  j'interviens " oui?"

"Accepterais-tu de me donner ton numéro de téléphone ?"

Il me tend son téléphone, un iPhone 10 (ou bien se sont-ils arrêtés au 7 jusque là ? Qui tient vraiment le compte ?!), noir mat et moderne.

Que pourrait-il arriver de pire ?

"Bien sûr" dis-je en prenant son mobile de ses mains nerveuses.

"Merci" il expire un souffle de soulagement, comme s'il s'attendait déjà à un rejet.

Je sauvegarde mon numéro dans sa liste de contact et le lui rends en souriant, il fait de même et nous restons ainsi pendant un bon moment, pas de paroles, elles ne sont pas nécessaires, c'est comme si chacun de nous, essayait de lire quelque chose dans les yeux de l'autre.

Quelque chose d'inavouée. Quelque chose d'insensée. 

C'est au beau milieu de notre partie de fixation intense que la porte se retrouve grande ouverte et à son palier se trouve une femme inquiète et soulagée par ma vue, elle soupire et s'exprime sans prendre en compte la présence de mon nouvel ami :

"Emily" la voix de madame White se brise en un ton de soulagement "où étais-tu passée jeune fille ?"

Elle ne crie pas, elle ne semble même pas en colère, loin de là, elle me parait...satisfaite ?

"Je pense que c'est de ma faute madame, je l'ai retardée avec toutes mes histoires " intervient Antoine, le chevalier poli descendu du haut de son cheval blanc...ou bien serait-il noir ?

WONDERWALL ✔Where stories live. Discover now