♀ CHAPITRE 5 ♀

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Je couchai la petite, et m'affairai à la tâche. Je descendis prendre une des blouses du sous-sol. Puis, en m'assurant que ni Élisa ni Kira me suivait, je sortis dehors.

Le corps de Nathalia était là où je l'avais laissé, accompagné des tissus imbibés de sang. Je devais faire quelque chose, j'allais l'enterrer. Je fonçai vers le petit cabanon au bout du jardin, et entrai. J'y dénichai une bêche, parfaite pour creuser. Je devais trouver un endroit où la chienne ne risquait pas de venir fouiller.

Je décidai d'enterrer la mère d'Élisa derrière le cabanon, au milieu de mauvaises herbes. Apparemment, les deux n'étaient pas sorties depuis un moment, le jardin était dans un état déplorable.

Je retirai ma veste et commençais à creuser. Le sol était extrêmement dur à cause du froid. J'eus du mal à faire un trou profond, et cela m'avait pris pas mal de temps. Je redoutais chaque seconde que la petite sorte, et voit sa mère sur la pallier de la porte.

Je me hâtai et commençai à tirer le corps. Nathalia laissait une traînée de sang derrière elle. Ça n'allait pas, il fallait que je m'y prenne autrement. Je retournai dans le cabanon pour y prendre une bâche bleue, salie et froissée. Elle serait assez grande pour y contenir un corps de femme de taille moyenne. 

Pourquoi est-ce que je pensais comme ça...

Il ne faut pas croire que je faisais ça naturellement. Chaque seconde, je repoussais mon irrésistible envie de vomir, de pleurer, de m'effondrer. Qu'avait-on fait pour mériter un tel sort ? Certains disent que c'est mère nature qui nous a punies pour ce qu'on lui a fait subir. Personnellement, je penche pour un produit chimique qui s'est échappé d'une de ces centrales nucléaires.

Au bout d'une bonne heure d'effort, j'avais enterré le corps et nettoyé le porche. Lorsque je m'apprêtai à ranger une mèche de mes cheveux, je me rendis compte que mes mains étaient maculées de sang séché. Je fus prise de panique d'un coup, comme si ce sang m'appartenait. Je réalisai à présent que j'avais assisté à un meurtre, et que j'avais enterré le corps de la victime. Je ne pue pas me contenir plus longtemps, et je régurgitai le repas que j'avais eût plus tôt.

Je fonçai à la salle de bains, me nettoyer les mains. Je haletais et n'arrivais pas à me calmer. Je frottai frénétiquement mes mains, et me rinçai la bouche. Puis, j'humidifiai mon visage avant de tomber assise au sol, dos à la baignoire.

Kira, sûrement alertée par le bruit me rejoignit. Elle s'assit près de moi, et posa sa tête sur mon genou gauche. Kira était un husky, ses yeux bleu lagon me dévisageaient. Elle était presque toute blanche, seules ses pattes et un cercle autour de son œil gauche était noir. Si on ne si connaissait pas, on aurait pu la prendre pour un loup. L'avoir près de moi avait quelque chose de rassurant.

Je me détendis, si bien que je m'assoupit.

C'est Élisa qui vint me réveiller. Elle avait allumé la lumière, et pour cause, il faisait nuit. Elle me regardait, une tétine dans la bouche, son lapin dans les bras.

— Noa ! Et mon entraînement d'échpionne ! Dit-elle avec sa sucette.

Je me relevai, avec un terrible mal de dos. Je lui fis signe de me suivre au salon. Nous descendîmes les escaliers, et je dus l'attendre parce qu'elle descendait sur les fesses. Puis une fois au salon, je l'assis sur le canapé, et m'installai sur la table basse en face d'elle.

— Tout d'abord, lui dis-je. Les espionnes n'ont pas de tétine.

Elle hésita un instant, baissant la tête honteuse. Puis se résigna finalement à me tendre l'objet. Je le posai près de moi.

— Je peut garder Lapinou ?

— Bon, d'accord pour Lapinou, lui répondis-je. Ensuite, je vais t'enseigner les techniques spéciales et tops secrètes que je connais.

Ses yeux s'illuminèrent. Et elle hocha la tête.

— Premièrement, les espions sont silencieux. Ensuite, ils savent se cacher, et ils sont rapides. On va devoir porter une tenue spéciale.

Je lui montrai ma veste et jetai la capuche sur ma crinière blonde.

— Comme ça, tu vois ? Si tu mets ta capuche et que tu ne parles pas, les garçons ne pourront pas nous trouver. Ensuite, les espions vivent la nuit, et ils dorment le jour.

— Comme les hiboux ! Ricana-t-elle.

— Oui, voilà. Tu ne devras jamais t'éloigner de moi d'accord ? Tu ne dois faire confiance à personne, tu ne dois parler qu'a moi.

— D'accord.

— Donc, si quelqu'un de demande de le suivre, tu fais quoi ?

Elle hésita, réfléchit.

— Je ne dois pas le suivre.

— C'est bien. Et si quelqu'un te demande de lui parler ?

Avec sa main, elle fit le signe de motus et bouche cousue. Je devais maintenant trouver un gadget, et lui faire croire que c'était un truc d'espion. Je réfléchissais. C'est alors que je vis un téléphone portable sur une étagère, à côté duquel je vis une montre connectée. Une idée me traversa l'esprit. Je me lèvais et allait chercher les objets.

Je tendis la montre à Élisa et lui attachait au poignet, puis je regardais le téléphone. Pas de chance, il avait un code. Je me souvenais avoir lu la date de naissance d'Élisa sur un dossier, j'aurais pu deviner son âge sans lui demander au final. J'essaiyais d'entrer la date de naissance d'Élisa. À mon soulagement, cela fonctionnait. Décidément, Nathalia était tellement prévisible.

Élisa me regarda et attendit des explications.

— Ce sont des gadgets d'espions. Tu as une montre top secrète. Regarde, si tu appuies ici, tu peux m'appeler. Et là quand je t'appelle, tu appuies sur le bouton vert d'accord ?

Il a fallu plusieurs essais avant qu'elle ne comprenne, j'avais renommé le contact en mon nom. Élisa n'avait pas trop de mal à reconnaître mon prénom, il n'y avait que trois lettres. Et pour qu'elle m'appelle, j'avais mis mon numéro en numéro rapide. Tout semblait bon pour le moment. C'est alors qu'une idée me vint.

— Comment s'appelle ton tonton ?

Elle parut chercher au fond de sa mémoire.

— Franck.

Je cherchais dans les contacts ce fameux Franck. Je le trouvais. Devais-je l'appeler maintenant ? Pas devant la petite, elle ne devait pas entendre notre conversation. Je décidais de faire ça plus tard.

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant