Chapitre 0

22 1 0
                                    

  Il est dit que les gens rêvent. Qu'ils rêvent de mondes meilleurs, de mondes différents ou relativement semblables aux leurs tandis qu'ils sont simplement plongés dans un des tourbillons, un des tumultes créés par une matière grise un tant soit peu agitée et joueuse, s'amusant à ériger des mondes autant étriqués et fous qu'utopiques pendant que nos yeux clos, une fois ouverts, ne peuvent se reformer ces images instaurées par un cerveau trop ludique et notre mémoire se souvenir de ces moments qui semblaient avoir été vécus, de ces lieux où l'on aurai cru avoir vécu.

Certains rêvent de mondes où les inégalités se seraient évaporées, d'autres où il n'y aurait pas de morts, et certains même où ils n'existeraient pas eux-mêmes. Mais rêver ne constitue rien en soit, et si lors de ces quelques heures notre esprit peut se retrouver à des années lumière de la réalité, ne contrôlant rien dans ce lieu imaginaire, une fois éveillé, tout est oublié et chacun retourne à la réalité, qu'elle soit dure ou belle. Effectivement, rêver n'amènera jamais à rien. Souhaiter si.

Il fut un temps où la présence d'enfants s'expliquait par l'existence d'un oiseau blanc venant déposer ces derniers tout frais tout propre au seuil de la demeure d'un quelconque couple souhaitant s'unir d'une manière différente que tous ces mariages, que toutes ces promesses non tenues. Mais ce genre de fantaisies n'existe pas, et si l'existence d'une descendance est parfaitement justifiée de manière scientifique, il demeure quelque chose lors de la naissance d'un énième être humain dont personne ne sut et ne saura expliquer la raison.

 Ce fut tout d'abord une légende, une rumeur se baladant sur toutes les lèvres que personne ne crut, mais l'évidence ne put se cacher aux yeux de tous, et ce ne fut plus un murmure incertain mais une fatalité. Ne cherchez point une quelconque réponse scientifique ou religieuse à ce fait, faites-y vous juste, prononcerait sûrement un Homme de ce monde à quelqu'un d'un autre -en supposant qu'il en existe des infinités. Suite à des règles et conditions autant inconnues qu'instables, lorsqu'un nouveau né vient au monde, ses deux parents ont la liberté de prononcer un commun vœu pour leur progéniture, tout comme l'aurait fait une quelconque fée dans un prosaïque conte pour enfant. Issu d'une simple phrase pouvant être interprétée comme celui permettant à ces vœux d'être réalisés le souhaitait, ils devenaient en contrepartie une malédiction si ces derniers se trouvaient être légèrement trop détaillés. A la fois un piège et une bénédiction pour un être venant d'ouvrir ses yeux sur un monde nouveau, avec la certitude que, qu'il lui apporte le malheur ou la joie, ce vœu se trouverai exaucé à un moment de sa vie, même si celui-ci se trouverait être durant ses dernières secondes à vivre.

C'est au sein d'un monde possédant une telle absurdité que subsistait le royaume d'Asrem, cité prisonnière entre fleuves, montagnes et mer, dont la guerre entre ces deux puissances partageant ses frontières meurtrissait peu à peu un peuple dès lors près à rendre son dernier soupir.

Dernier soupir qu'il aurait certifié avoir soufflé lorsqu'il vit enfin ce titanesque frontispice dans lequel étaient encrées deux portes d'un bois massif, frontière entre un pays dont les habitants hurlaient en silence tandis que les combats dans lesquels leur royaume n'était en aucun cas envenimé les rongeait peu à peu, et le cœur de ce dernier, perdu dans des montagnes, entre forêt et cascades l'abritant des conséquences d'une bataille infinie.

C'est dans le but de rejoindre ce lieu où demeurait le maître d'un pays trop mutilé que le jeune avait quitté ce foyer devenu enfer, ignorant amèrement les cris et supplices pour se rendre dans cette close contrée où l'on ne se hâtait pas plus de sa venue qu'il ne la désirait. Car jamais il ne se serait détaché de cette bourgade où il campait, de ce peuple faisant sa famille, si jamais un des chiens du roi n'était pas venu l'arracher à ces hommes d'ores et déjà engouffrés dans ce précipice nommé survie, pour se rendre dans le foyer d'êtres n'approuvant aucunement son existence. C'est ainsi que, ses poumons broyés par le froid, ses pieds harassés par son excursion et ses joues fouettées par le vent glacial, le garçon aux cheveux châtains laissa ses galoches traîner sur le pont lisse, suivant ce garde droit sur sa bête de selle qui stoppa sa lente marche -bien que trop rapide pour un simple bipède- devant ces deux planches de bois gravées de symboles inconnus.

The one who had no wishesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant