Prologue

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Dix ans auparavant

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Dix ans auparavant...

Quand j'étais petite, mon père m'emmenait souvent à l'animalerie, le dimanche, pendant que ma mère récupérait tranquillement de sa semaine de travail.

C'était notre rituel hebdomadaire, notre petit secret rien qu'à nous.

Personne ne savait qu'il venait me réveiller, tôt le matin, pour me porter à l'arrière de sa vieille Porsche toute rouillée, un pain au chocolat entre les mains. Il piochait un album au hasard dans la boîte à gants et nous chantions à tue-tête sur les routes de campagne, fenêtres grandes ouvertes, sans peur de déranger les quelques renards de passage.

Je me rappelle encore combien il était joyeux ce jour-là, ce dernier dimanche...

Je ne compris la raison de cet engouement soudain qu'une fois arrivée au magasin, à demi endormie dans mon siège auto. Du haut de mes six ans, la chaleur estivale me paraissait étouffante.

Et étouffante elle l'était, autant pour moi que pour les animaux. Ils étaient tous assommés, à l'exception des oiseaux, aussi vivaces qu'à l'accoutumée. C'est vers eux que se dirigea mon père, sans aucune hésitation, comme s'il avait prémédité tout ce qui allait suivre...

Il me prit dans ses bras et me montra deux tourtereaux, en murmurant pour ne pas les déranger. L'un avait sa tête posée sur l'épaule de l'autre, qui l'observait d'un œil amoureux.

Jamais je n'avais senti une telle intensité entre deux êtres.

— Ce sont des inséparables. Ils ne peuvent pas vivre dans la solitude. Si l'un meurt, l'autre le suivra. S'il perd une plume, l'autre perdra la sienne. C'est pour ça qu'il faut que tu prennes soin d'eux, Rubis. Tu comprends ?

Les sourcils froncés et les joues rosies par l'excitation, j'acquiesçais, consciente que la tâche ne serait pas aisée. Je pensais alors qu'il me les offrait en guise de cadeau d'anniversaire...

Mais pourquoi me les donner en avance ? Maman disait toujours que ça portait malheur ! Je n'étais pas superstitieuse, mais tout de même...

Je refusais déjà de croire au hasard.

En posant la question à mon père, je ne reçus qu'un sourire contrit en retour. Il existait des secrets qu'il ne lui était pas permis de me dévoiler.

Pas encore.

💎💎💎

À mon réveil, trois jours plus tard, la cage était vide.

Les oiseaux envolés, avec pour seul souvenir une plume retrouvée sur le sol de la cuisine. La nouvelle ne serait pas facile à annoncer à Papa, c'est certain.

Papa, Papa... encore fallait-il le trouver. Lui aussi s'était volatilisé, impossible de savoir où il était allé.

À cet instant, j'aurais tout donné pour qu'il me gronde ou qu'il me réconforte après une leçon de morale bien méritée.

Je n'ai pourtant jamais eu l'occasion de le lui dire, de lui avouer que c'était ma faute : j'avais oublié de fermer la porte de leur minuscule cage après leur avoir donné à manger.

J'aurais dû refuser son cadeau, écouter Maman pour une fois.

J'aurais dû vérifier à nouveau avant de m'étaler sur le canapé, toute guillerette à l'idée de regarder mon dessin animé préféré.

J'aurais dû prendre conscience de la détresse de mon père, quelques heures seulement avant qu'il ne s'évapore dans la nature en laissant deux oiseaux blessés dans son sillage.

Ma mère a bien essayé de sécher mes larmes, mais elle-même était trop accablée par le chagrin.

Mieux valait migrer ailleurs, attendre que l'oisillon fasse son nid. Enfermée dans son travail, sa tour d'ivoire à la clé perdue, elle a suivi l'unique chemin possible pour retrouver sa liberté : celui caché entre les ronces, les arbres aux branches d'épines et l'herbe à moitié desséchée.

Et moi, vilain petit canard abandonné par ses parents, je me noyais progressivement. Les flots d'injures, les tourbillons d'insultes formaient une mer d'angoisses autour de moi, rompant un peu plus à chaque tempête la digue forgée de mes propres larmes.

Ce n'était pas le sel marin qui attisait mes sanglots répétés, non : c'était ce feu intérieur qui me consumait chaque jour davantage, ces flammes grandissantes d'ignorance qui brûlaient mes ailes.

Rester dans le vague, sans jamais savoir si Papa va bien, si Papa va mal.

L'inconnu pour horizon, l'absence comme affection.

Quoi que je fasse, je suis seule face aux tourments. Le visage de fond est identique, mais des mots, des gestes s'y ajoutent comme autant d'intrusions dans mes souvenirs. Ce sont toujours les mêmes : des voleurs de sourires, des arracheurs de songes, des tueurs d'avenirs. Des gens qui me veulent du mal, mais qui ne peuvent s'empêcher de graviter autour de moi, gardant mon cœur comme cible de leurs machinations.

Je suis liée à eux, que je le veuille ou non.

L'aile battante et le cœur gros, il m'est impossible de décoller, de m'envoler vers ces étoiles qui me font tant rêver.

Et pourtant je continue d'y croire, comme s'il m'était encore permis d'espérer.

Alors, que vous inspire ce prologue ? Il vous a plu ? 🥰 Et le résumé et la couverture ?

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Alors, que vous inspire ce prologue ? Il vous a plu ? 🥰 Et le résumé et la couverture ?

D'après vous, qu'est-il arrivé au père de la petite Rubis ? 

Vous croyez que sa disparition a quelque chose à voir avec celle des oiseaux ? 

Vous pouvez retrouver la playlist d'ESMANTIUM sur mon compte Spotify, Tiphaine Bleuvenn (le lien est dans ma bio Wattpad) :

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Je vous laisse avec le teaser : 

Merci de donner sa chance à cette histoire. J'espère sincèrement qu'elle vous plaira. ❤️

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