• CHAPITRE UN •

En başından başla
                                    

— Ne parle pas d'eux ainsi !

— Au temps pour moi, fait-il en levant les mains.

— Imagine que je n'y arrive pas, je soupire.

— Et imagine que tu y arrives, me rétorque-t-il avec sérieux.

Sa réponse a le don de m'apaiser sur-le-champ. Evan n'est pas du style à aimer bavarder simplement pour entendre le son de sa propre voix. Il pèse chacun des mots qu'il emploie et c'est la raison pour laquelle je le sais sincère lorsqu'il dit croire en moi. J'observe mon ami et son mètre quatre-vingt-cinq de masculinité que les femmes s'arrachent. Le genre de châtain aux yeux ténébreux qui les fait fondre comme neige au soleil. Vétérinaire de profession, il est un cliché de perfection à lui seul et aucune n'y résiste longuement. C'est d'ailleurs avec un plaisir non feint qu'il enchaîne les conquêtes au gré de ses envies et cela me fait sourire. J'aurais pu en prendre ombrage si seulement j'avais le temps et l'énergie nécessaire à fournir dans une véritable relation de mon côté. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé à quelques reprises, mais le constat est implacable : le ballet est toute ma vie. Il a été mon premier amour et il sera sans doute le dernier.

— Est-ce que tu m'écoutes au moins ?

— Hum, je réponds distraitement.

— À quoi bon tenter de te remonter le moral si tu n'y prêtes pas la moindre attention ?

— Je suis désolée. J'ai l'impression que mon esprit va dans tous les sens ce matin.

— Uniquement ce matin ? me taquine-t-il.

— Et si j'échouais ?

— C'est impossible !

— Et si j'essuyais tout de même un revers ? je persiste.

Il me sourit et j'ai le sentiment que mon insistance l'amuse un peu.

— Ce ne sera pas le cas et dans le pire scénario tu sais que d'autres écoles existent, n'est-ce pas ? Pour rappel, tu es actuellement dans l'une de celles classées parmi les meilleures de l'état. Tu devrais arrêter de te faire du mauvais sang.

— C'est facile à dire !

— Peut-être, mais tu as jeté les dés, advienne que pourra maintenant. Tu devras attendre le vingt-trois pour être fixée. D'ici là, je maintiens que c'est inutile que tu te mettes dans un tel état.

Je soupire, car même si ce n'est pas simple, je sais qu'il a parfaitement raison.

— Avec tout ce que tu as vomi, tu devrais plutôt venir manger quelque chose, conclut-il avant de s'éclipser.

Si je considère que je suis l'une des personnes les plus chanceuses de cette planète, c'est en grande partie grâce à lui. Lorsque j'ai fait le choix de cumuler deux emplois, j'avais conscience du fait que ce serait difficile, voire impossible, de louer un studio pour pouvoir m'y rendre à n'importe quelle heure. Avec le nombre de trajets que je fais déjà par jour, me servir de celui que l'école met à disposition des élèves n'était pas pratique du tout. Evan a résolu ce problème d'un coup de baguette magique quelques semaines après mon arrivée en prenant la décision de réaménager l'une des pièces de l'appartement afin que je puisse m'adonner à mon art à loisir. Il ne fait aucune remarque sur les allées et venues de mon professeur particulier et ne me demande jamais rien en retour. La reconnaissance que j'éprouve à son égard pour tout ce qu'il a fait et qu'il fait encore est indicible. Bien que je mette toutes les chances de mon côté en m'entraînant à corps perdu et en épargnant le moindre centime, je ne peux nier que sa contribution dans la réalisation de mon rêve est colossale. Aleksei, mon professeur, joue lui aussi un rôle important. Il est incroyablement conciliant sur les heures de nos sessions et s'adapte toujours en fonction de mes plannings tant que je continue de m'entraîner avec la même ferveur que celle des premiers jours.

BALLERINAHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin