Partie 1 (1)

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« If I die young, bury me in satin
Lay me down on a bed of roses
Sink me in a river at dawn
Send me away with the words of a love song... »

If I die young – The band perry


Paris, Mon Appartement.

Je serre Alex contre moi pour noyer mon chagrin. Ses caresses m'empêchent de pleurer, son odeur me rassure, et ses baisers me disent qu'envers et contre tout il m'aime. Il a sa façon bien particulière de me toucher, de me stimuler jusqu'à ce que je n'en puisse plus. Il me demande alors si je le veux et, fidèle à mes habitudes, je rougis en lui répondant que oui. Il exauce mon souhait et me prend avec douceur. Je l'enlace de toutes mes forces et me cale sur son rythme jusqu'à accéder au plaisir. Je suis essoufflée lorsque je renonce enfin à sa chaleur pour reprendre peu à peu une respiration normale.

Je me tourne vers le réveil, il est sept heures et demie.

— Il est tard, chéri. On va encore être en retard.

— Hum, OK, poupée. J'y vais en premier ?

— Oui, vas-y.

Alex se lève et se rend dans la salle de bains sans un coup d'œil dans ma direction. Il ne me regarde plus aussi souvent qu'avant, presque comme si le faire était devenu douloureux. Rien de plus normal quand on sait que je suis celle qui l'empêche d'avoir une famille. Y penser me donne d'ailleurs envie de rendre mon dîner de la veille. Je cours aux toilettes pour me soulager. Le bruit de la chasse d'eau alarme Alex, qui hurle tout en se brossant les dents :

— Ça va ? Tu vomis souvent ces temps-ci, tu ne penses pas que...

— Non. J'ai déjà vérifié.

— Ah... tu devrais consulter quand même, tu couves peut-être quelque chose.

— J'avais prévu d'y aller aujourd'hui.

Je m'essuie et jette un coup d'œil à mon reflet. Même si je reste grande et de corpulence moyenne, mon visage s'est un peu arrondi ces deux dernières années, mes joues ressortent davantage, et mes cheveux roux-orangé ont tellement poussé qu'ils me tombent dans le dos. Je les attache en queue-de-cheval et vais machinalement préparer le petit-déjeuner.

Je voudrais crier, mais je ne le fais pas. Alex a raison de se poser des questions, j'ai tous les symptômes. Seulement, depuis qu'on m'a annoncé quatre années plus tôt que j'étais stérile, les fausses alertes n'ont réussi qu'à nous détruire à petit feu. J'ai tout de même voulu vérifier dans un énième regain d'espoir, mais le résultat a encore été négatif. J'ai pleuré seule et n'en ai parlé à personne... jusqu'à ce matin.

Le plateau-repas servi, Alex descend, et je prends mon tour de douche. En une demi-heure, nous sommes prêts et quittons la maison, sans oublier de nous lancer le fatidique « Bonne journée », qui ne trahit que de la politesse. Pas de baiser, pas de mots d'amour, rien de tout ça. Notre couple tient encore, mais la routine et le vide créés par l'absence d'enfants ont pris le dessus. Parfois, je me dis que, sans le sexe, nous ne serions plus que l'ombre de nous-mêmes.

J'efface une larme lorsque j'arrive devant la clinique Sainte-Thérèse du dix-septième arrondissement à bord de ma petite Clio rouge. Je grogne pendant un bon quart d'heure, le temps de trouver une place pour me garer, puis j'enfile mes gants et me présente à l'accueil.

— J'aimerais parler au Docteur Linka, s'il vous plaît.

— Vous avez rendez-vous ?

— Non, mais j'ai appelé sa secrétaire hier soir, et elle m'a dit que je pourrais la voir entre deux consultations.

L'Antichambre des SouvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant