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Je suis d'humeur maussade durant le reste de la soirée. Ibrahim est de bonne humeur. Il sourit, prend ses neveux et nièces dans ses bras. Il me lance des regards de temps en temps j'essaye de faire semblant, de me comporter normalement mais au fond de moi je brûles. Ce manque de confiance persiste, en moi, en lui. Il y a des jours où je me regarde dans le miroir et je ne me trouve pas à la hauteur de cet homme. Depuis notre mariage, Ibrahim m'a montré une nouvelle facette de lui, il est très intéressant et instruit grâce à ces nombreux voyages. Il s'intéresse à tout et n'importe quoi. J'en apprends tous les jours avec lui, j'ai l'impression que mes capacités intellectuelles sont limitées face à lui. Je me sens bête et parfois inutile. Pas assez ambitieuse, comme toutes ces belles femmes qu'il doit voir tous les jours à son travail.

Sur le chemin du retour je suis silencieuse, je n'ose pas lui poser de questions sur ce que j'ai découvert plus tôt. J'ai peur de sa réponse, peur qu'il me dise qu'il voit toujours cette femme, qu'il ne m'aime plus et qu'il me quitte. Le doute me détruit et m'embrouille totalement l'esprit. Il m'empoisonne et prend possession de mon corps et de mes pensées. J'ai l'impression d'être malade, je me sens fatiguée et une terrible migraine s'empare de moi.

Heureusement, Ibrahim finit par s'arrêter. Nous quittons tous les deux la voiture. Je le sens d'humeur taquine mais je ne ressens pas l'envie d'être intime ce soir. Nous nous couchons dans le silence, je le sens déçu mais il ne dit rien. Je suis réveillée en pleine nuit par un cauchemar, je suis dans une ruelle sombre et seule. Je porte une longue robe blanche et mon voile n'est plus sur ma tête. Mes pieds sont nus et il fait froid et humide. Le sol est mouillé je cours et l'appel, Ibrahim ne répond pas. Puis je le vois au loin, je cours et tente de le prendre dans mes bras mais lorsque je le touche il disparait dans la brune. Mon réveil en sursaut provoque celui de mon mari.

« Qu'est-ce qu'il se passe Azhar ?

- Rien, j'ai froid.

- Vient dans mes bras. »

Je m'allonge tout contre lui et il m'accueil entre ses bras. Je ne me sens pas plus rassurée mais parviens tout de même à m'endormir.


[...]


Le lendemain, je rejoins Mélina dans notre lieu de rencontre habituel. Elle a parlé avec Rayan la conversation a été très houleuse mais il réfléchit à une possibilité de la laisser voire sa fille. Je sais que c'est un homme réfléchit. Son absence lui a fait beaucoup de mal, mais aujourd'hui ce qu'il veut c'est protéger sa fille.

« Je n'ai pas pu lui dire la vérité, me dit-elle. Je n'ai pas eu le courage. Azhar si tu avais vu ses yeux, la manière dont il me regardait. Il n'y avait que du mépris et de la haine, il me déteste.

- Il est en colère, laisse-lui du temps. L'important c'est qu'il ne t'ai pas refusé de la voir.

- Tu as raisons chaque chose en son temps. Mais cet homme...C'est mon premier amour et l'unique, je ne supporterai pas de vivre en sachant qu'il me déteste. Peut-être qu'un jour nous pourrons nous entendre, je ne me fait plus d'illusion sur une possible vie de couple.

- Tu ne sais pas ce que l'avenir te réserve. Garde la foi.

- Je parle beaucoup de moi je suis désolée. Toi comment vas-tu ?

- Bien merci, un peu fatiguée. »

Je n'ose pas parle de mes doutes et de mes problèmes. Peut-être que le faire avec Mélina pourrait me soulager. Je pourrais en discuter avec Youssra, mais même si elle apprécie Ibrahim elle a un avis catégorique sur son comportement et la dernière fois que je me suis confiée à elle, Mounir était informé. Sofia et Kaina sont les sœurs d'Ibrahim, jamais je ne leur raconterai nos problèmes. L'inconvénient c'est que mon cercle familial est aussi mon cercle amical, je n'ai personnes à qui parler hormis eux.

Azhar - La syrienne et le voyou. { CORRECTION  }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant