Kaleena

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Aussi passionnant que le thème de son article sur les sorties musicales du mois de janvier pouvait être, Kaleena n'arrivait pas à se concentrer sur son écran d'ordinateur, ni sur la dizaine de livres ouverts sur la table de la salle à manger. Seul, le film passant à la télévision empêchait un silence complet dans l'appartement. Sur la table basse, le gratin qu'elle avait préparé était toujours intacte et les couverts étaient toujours propres. Alors que son appel à Kévin alla directement sur la messagerie, la sonnerie d'un appel vidéo Skype la fit sursauter.

- Hello, la salua Diane avec un petit signe de la main. Oulà, t'as ta tête des mauvais jours.

- Kévin n'est pas rentré et il ne répond pas quand je l'appelle.

- Ça va. Il est à peine 21 heures. 30

- Je connais son emploi du temps. Le jeudi soir, il finit à 17 heures et il aurait dû être là au plus tard à 18 heures.

- Il est peut-être allé boire un verre avec des amis, histoire de se détendre.

- Tu crois que t'as le temps quand t'es en prépa ?

- À t'écouter, on dirait que c'est pire que le bagne.

- Si tu veux réussir, oui.

- Laisse-le souffler un peu.

- Tu ne comprends pas. Je... Attends, je crois qu'il rentre. À plus.

Elle baissa le capot de son ordinateur et se mit debout. Quelques secondes plus tard, Kévin fit son entrée dans l'appartement en dansant. Malgré sa doudoune, son bas de jogging, son sac en bandoulière et surtout son sourire radieux qui disparut en la voyant laissaient peu de doute sur l'endroit dont il venait.

- T'es déjà rentré, s'étonna-t-il en faisant glisser son casque de ses oreilles à son cou alors qu'il éteignait son iphone.

- Après ma conférence de cette après-midi, j'ai préféré rentrer plus tôt au lieu d'aller au resto avec mes collègues et tu sais pourquoi ?

- Parce que tu n'en avais pas envie ?

- Parce que j'avais envie de rentrer faire un bon petit plat pour mon petit-frère et passer une soirée tranquille avec lui parce que j'en ai marre qu'on se clashe tout le temps.

- La faute à qui si on se clashe, dit-il à voix basse.

- Répète un peu pour voir !

- Laisse tomber, dit-il sur un ton conciliant. Préviens-moi la prochaine fois.

- Je t'ai laissé au moins 4 messages !

- Ah... J'étais sûr de l'avoir rallumé pourtant. Enfin, je veux dire, que j'ai eu un problème de batterie. Il a dû s'éteindre tout seul.

- Je ne sais pas si le fait que tu mentes aussi mal est une insulte à mon intelligence ou si c'est la preuve que tu n'es pas un cas irrécupérable.

- Et c'est reparti, grommela-t-il en levant les yeux au ciel.

- Excuse-moi de m'inquiéter.

- Mais pourquoi tu dramatises tout ? Je vais bien.

- Et t'étais où ?

- Je te le dirais bien, mais je sais déjà que tu vas te mettre en colère.

- Explique-moi la logique de faire ce que tu sais déjà ne va pas me plaire.

- Parce que c'est impossible de te parler. Maman au moins, elle me comprend.

- Quoi, maman ? Pourquoi tu parles de maman ?

Facteur XYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant